Paris, veille de Noël. Léo Zimmerman est un homme d’affaires qui ne jure que par le sourire de sa fille. En apparence, sa vie est exemplaire. Pourtant, lorsque Dimitri Kopas débarque dans son bureau en se faisant passer pour un client ordinaire, Léo comprend qu’un contrat a été passé sur sa tête et que le jeune homme est là pour l’exécuter. Dévoré par l’angoisse et la paranoïa, ne dormant plus, Léo décide de venir à la rencontre du tueur.
Pour son passage à la réalisation de long métrage, le scénariste du « Petit Lieutenant », Cédric Anger nous livre une œuvre à l’image de ses inspirations. Très sobre dans la structure, très épurée dans la nature des personnages et surtout jamais totalement là où on l’attend. « Le tueur » n’est pas un simple thriller où la victime tente de retarder l’heure de son exécution, non il va chercher au plus profond des personnages des douleurs cachées, des fausses pistes qui n’aideront certainement pas le spectateur à arriver à une fin, certes annoncée, mais royalement détournée.
Si le scénario laisse, volontairement ou pas, de grandes approximations, il n’en demeure pourtant pas moins efficace. On se laisse hypnotiser par cette relation étrange qu semble se nouer entre le bourreau et sa victime. Tranchants, percutants, les dialogues font mouches à chaque instant. Jamais autorisé au superflu, il plonge réellement les personnages dans une histoire aussi âpre et sombre que les polars des années 70. Pourtant, le réalisateur ne s’autorise aucune violence gratuite, il n’accepte aucun voyeurisme, chaque scène est parfaitement dosée et le puzzle prend forme en douceur et avec une efficacité mordante.
Le jeu des comédiens est d’une efficacité incroyable, en particulier Gilbert Melki (La vérité si je mens) qui se laisse posséder par son personnage et lui donne une dimension insoupçonnée jusqu’ici. Ses regards, ses gestes laissent transparaître Léo Zimmermann et l’incarne efficacement à l’écran. Le même compliment serait à faire à Grégoire Colin (Voleurs de chevaux) qui confirme si besoin en était toute l’étendue de son talent, particulièrement lorsqu’il s’aventure en toute douceur sur le chemin des sentiments enfouis et des blessures cachées.
La mise en scène singulièrement sobre agrémentée de décors volontairement réalistes n’est pas sans rappeler les œuvres des frères Dardenne ( Rosetta, Le silence de Lorna) ou encore celle plus rédhibitoire de Bruno Dumont (La vie de Jésus, l’Humanité). Elle n’en demeure pas moins totalement efficace et particulièrement proche de son sujet. Jamais hors sujet, le réalisateur sait parfaitement utiliser les silences et les espaces pour nous entraîner dans les sombres méandres de cette histoire tragique.
En conclusion, « Le tueur » est un film certes un peur austère, mais totalement en adéquation avec son sujet. La composition des comédiens est époustouflante et l’on s’émeut très vite de l’ensemble.