L’incroyable destinée de Gengis Khan. De son vrai nom Temudgin, ce légendaire chef des forces armées mongoles fut l’un des plus grands conquérants de l’histoire de l’humanité. Entre la fin du XIIème et le début du XIIIème, il réussit à unir les tribus mongoles et créa un empire colossal comparable en taille à celui d’Alexandre le Grand.
Sergeï Bodrov semble bien parti pour être le réalisateur le plus doué de sa génération et peut-être le plus célèbre aussi. Fort d’une carrière incroyable, jalonnée de succès autant critiques que publics tels que « Le prisonnier du Caucase » ou encore « Nomad », le réalisateur revient avec une nouvelle fresque épique : « Mongol ». Celle-ci revient sur les débuts du conquérant le plus célèbre d’Orient : Gengis Khan. Sur les débuts, car contrairement à ce que laisse entendre le résumé, le film s’arrête au moment où Temudgin prend le nom de Gengis Khan (le grand chef). Et c’est d’ailleurs certainement là que réside toute l’intelligence de Sergeï Bodrov, qui préfère nous raconter la naissance du chef, l’initiation terrible que la vie lui infligea, pour mieux en ressortir l’essence même de ce personnage mal connu dans nos frontières occidentales.
Le réalisateur, aidé de Arif Aliyev, a conçu un scénario qui prend en compte la légende et la réalité de l’époque. Le jeune Temudgin est promu au rôle de Khan, mais les trahisons des uns et des autres vont en décider autrement. Commence alors une lente et informelle initiation qui va rapprocher Temudgin du rôle suprême certes, mais aussi de l’exceptionnel destin qui fera de lui l’égal du grand Alexandre Le Grand. Le scénario ne joue jamais la surenchère et même si parfois, l’on peut sentir poindre quelques similitude avec le personnage de Siddhârta, futur Bouddha, il n’en demeure pas moins que les auteurs font mouche à chaque fois et donnent une image incroyablement mystique à celui que l’on surnommait par chez nous, plutôt avec facilité le barbare de Mongolie. Dépoussiérant l’icône, Sergeï Bodrov, en ne plongeant pas dans les actes conquérants du personnage, mais plutôt dans son avènement, a réussi à faire de Gengis Khan, une nouvelle légende passionnante par delà nos frontières.
La réalisation est en cela efficace, qu’elle n’est pas si éloignée des plus grandes superproductions américaines. Et de la même manière qu’il l’avait fait dans « Nomad », le réalisateur offre des scènes de combats incroyables au réalisme saisissant et à la violence parfaitement maîtrisée. Le réalisateur n’hésite pas les clichés pour mieux nous plonger dans les steppes de cette Mongolie qu’il aime tant et qu’il parvient à chaque fois à magnifier. Les paysages donnent corps au dépaysement et Sergeï Bodrov n’hésite à les faire parler pour servir son sujet.
Aidé en cela par une distribution impeccable à commencer par Tadanobu Asano (La Forêt Oublié, Zatoichi) qui campe un Gengis Khan incroyablement inspiré avec tout ce que cela comporte de retenu et de force. L’opposition qu’il forme avec Honglei Sun (Seven Swords, Triangle) est une véritable réussite, et les deux acteurs semblent habités par d’illustres ancêtres soucieux que l’on respecte leur histoire. Impeccable de simplicité et de complexité tout au long de l’histoire, les deux acteurs portent avec grandeur ce film sur leurs épaules.
En conclusion, « Mongol » de Sergueï Bodrov est une véritable réussite scénaristique autant que artistique. Le réalisateur russe nous entraîne dans ces steppes de Mongolie pour découvrir la naissance d’un mythe. Aidé en cela par une distribution impeccable, « Mongol » est un film à découvrir de toute urgence, si cela n’a pas déjà été fait.