Devenue mère, une femme délaissée par ses parents étant jeune, en arrive à trop couver son fils de sept ans. Sa rencontre avec un homme va changer la vie du jeune garçon, qui voit en cet étranger une figure paternelle.
Kevin Bacon (Footloose, The Hollow Man) passe à la réalisation grand format, après s’être essayé dans plusieurs épisodes de la série « The Closer : L.A. enquêtes prioritaires ». Et cette fois çi, pour nous plonger dans une histoire où l’amour se veut aussi destructeur que grandiose. Une intrigue où chaque personnage évolue sur la tranche la plus aiguisée du rasoir. Le réalisateur superpose le passé et le présent, pour rester fidèle au livre, mais aussi pour mieux permettre au spectateur de comprendre la détresse causé par l’amour des uns et des autres. L’horreur qui peut soudainement surgir d’un manque intense d’amour. Emily a tellement souffert du manque d’amour de ses parents qu’elle s’enferme dans une folie exclusive avec son fils. L’amour fusionnel qui unissait ses parents à ses dépends, la rend naufragée de la vie. En cela, Kevin Bacon parvient à merveille à donner corps à cette détresse ignorée de son personnage.
Porté par un scénario incroyablement pudique signé Hannah Shakespeare, le film donne une véritable vision, parfois violente, de ce personnage prisonnier de sa geôle sentimentale. Le scénario tire vers l’essentiel et donne un véritable relief onirique aux personnages, y compris concernant l’enfant, décidemment victime innocente et permanente de cette dérive amoureuse. La scénariste explore chaque recoins des blessures des uns et des autres ainsi que leurs dérives, ne gardant que l’essentiel pour ne pas alourdir le propos. Ainsi on ne connaitra pas les détails de la mort des parents, ni de la fortune qui permit à leur enfant de ne pas se préoccuper du monde qui l’entourait. Mais qu’importe, le scénario nous offre un des ces rares personnages qui, intrigue autant qu’il terrifie.
Et l’interprétation de Kyra Sidgwick (Né un 4 Juillet, Phénomène), qui n’est autre que Mme Bacon à la ville, donne une véritable présence au personnage d’Emily. Une force que l’incroyable inventivité de son personnage envers son fils en fait une source d’inspiration incroyable, et l’actrice est particulièrement convaincante. Elle s’est sentie portée par l’exclusivité de cette femme perdue par l’amour, et donne une composition impeccable de justesse et de nuance. Oscillant constamment entre égoïsme et rejet totale d’êtres extérieures à la prison dans laquelle elle s’enferme avec son fils, l’actrice maitrise parfaitement son sujet et cela se voit à l’écran. Et le duo qu’elle forme avec le petit Dominic Scott Kay (Pirates des Caraïbes) que l’on n’a pas finit de revoir sur les écrans tant le petit bonhomme fait preuve d’un incroyable talent pour son jeune âge, est un véritable saphir d’émotion brut.
En conclusion, « Lover Boy » est un film simple et complexe à la fois, dans lequel Kevin Bacon fait preuve d’un véritable sens de la narration et où l’actrice Kyra Sedgwick donne toute la mesure de son talent.