Après plusieurs années dans l’armée, Samir Horn intègre une cellule terroriste, qui envisage de faire exploser des bombes en France, en Angleterre et aux Etats-Unis. L’agent Roy Clayton qui enquête sur cette cellule et sur Samir en l’occurrence, commence à s’interroger sur les réelles motivations de sa proie.
Autant le dire dès le départ, « Trahison » est un film qui laisse circonspect. Principalement parce qu’il y a du bon (parfois même du très bon), mais aussi du mauvais.
Du bon, tout d’abord, car l’histoire sans être particulièrement originale, a le mérite de plonger le spectateur des deux côtés de la barrière, en lui faisant partager les doutes et l’aspect parfois contemplatif du héros. Certaines répliques font se poser quelques questions, particulièrement sur les raisons qui poussent des hommes à sombrer dans le terrorisme, ou encore sur la capacité de certain de garder une âme, lorsque l’on donne la mort. En cela les scénaristes arrivent à donner une consistance à leur histoire et une originalité, que bon nombre n’ont pas su insuffler à ce type de programme.
Le jeu des acteurs s’en ressent d’ailleurs et Don Cheaddle (Ocean’s Eleven) et Said Taghmaoui (Marrakech express) forment un duo, certes explosif, mais particulièrement juste et bien inspiré. S’opposant tout en s’attirant, ils créent une amitié visible, tout en gardant une distance liée à la méfiance. Leurs personnages sont aux frontières du paradoxe et il fallait un jeu particulièrement fin pour garder ce paradoxe intact.
Mais malheureusement, les bonnes nouvelles s’arrêtent là, car l’histoire, si elle tentait à donner une intrigue un peu soutenue, la mise en scène et le résumé font s’effondrer le peu d’espoirs que l’on gardait d’une finesse éventuelle dans le traitement d’un tel sujet. Car dès les premières minutes du film, on comprend très vite les intentions des uns et des autres. Avec en plus, un bonus sur les a aprioris terrifiants des scénaristes et du réalisateur.
Car encore une fois, la CIA mène la danse, les flics français, espagnols ou encore anglais ne parvenant, bien évidemment, pas à mener leur enquête correctement. Les Musulmans forcément méchants, avides de sang et de vengeance pour une guerre sainte qu’ils sont les seuls à comprendre, et surtout, leur naïveté se rapproche très fortement de la stupidité. Des lieux communs dans ce type de film, qui en font sa principale faiblesse, puisqu’ils ne font que plonger le spectateur dans une énième histoire d’espionnage, où les méchants se ressemblent tous et où les américains sont forcément gentils. Et le jeu de Guy Pearce (L.A. Confidential) ne vient pas relever le niveau. L’acteur se la joue cow-boy à fond, sans jamais donner une once de nuance dans son jeu.
Pour finir, le film souffre de plusieurs longueurs qui alourdissent le propos et ne tardent pas à réveiller le poigné gauche et son tic-tac maléfique, qui fait se demander combien de temps le film doit encore durer. Une catastrophe pour un thriller d’espionnage.
En conclusion, « Trahison » est un film d’espionnage qui rate son virage hypnotisant, par une intrigue beaucoup trop convenue et un résumé qui donne d’ores et déjà toutes les ficelles du film. Dommage !