Une mine qui explose en plein désert marocain, et des années plus tard une balle qui vient se loger dans son cerveau. Bazil n’a pas beaucoup de chance avec les armes. La première, la rendu orphelin, la deuxième peut le faire mourir à n’importe quel moment. A sa sortie d’hôpital ce doux rêveur, se retrouve à la rue. Par chance, il est recueilli par une bande de ferrailleurs, qui vont lui permettre de mettre son projet personnel à exécution : Empêcher les marchands d’armes de nuire. En compagnie de Remington, Calculette, Tambouille, Fracasse, la môme caoutchouc, Placard et Petit Pierre, Bazil va donner une leçon a ces industriels sans scrupules.
Comme à chaque fois chez Jean-Pierre Jeunet, l’univers est anachronique, burlesque et se veut un portrait de personnages simples et attachants. De la même manière que pour « Amélie Poulain », Bazil et sa bande d’amis sont de gentils illuminés, à la naïveté subtile, qui n’ont de cesse que de donner vie à leurs espoirs. Toujours à la pointe de l’utopie, les personnages de Jean-Pierre Jeunet, n’en sont pas moins un reflet de notre société, qui n’a de cesse de se chercher des raisons d’exister. Bazil, sait qu’il peut mourir d’un instant à l’autre et pour que sa vie ait un sens, il décide de mettre fin au marché des armes, avec les moyens du bord, certes, mais avec une véritable humanité.
Et la structure du scénario de « Micmac à Tire-Larigot » répond à un cahier des charges maintenant bien rôdé. C’est peut-être d’ailleurs là que se trouve la déception de ce film, « Micmac… » se trouve finalement être une synthèse entre « Delicatessen » et « Le fabuleux destin d’Amélie Poulain ». Les personnages sont aussi pittoresques les uns que les autres, ils forment une douce alchimie en unissant leurs défauts autant que leurs qualités, la couleur dominante est jaune pour mieux donner à l’ensemble une tessiture particulière et reconnaissable au film. Mais la nouvelle création de Jean-Pierre Jeunet est surtout, comme toujours, un petit bijou de poésie et de douceur. Bazil véhicule un discours faussement naïf sur la guerre, les armes et ses ravages. Il donne surtout une bien belle leçon d’humanité et rappelle le bonheur de la solidarité dans la simplicité.
La distribution est d’ailleurs remarquable, à commencer par Dany Boon (Bienvenue chez les Ch’tis) qui perfectionne un peu sa composition de doux rêveur. Le comédien donne une vision parfaitement juste et remarquable de son rôle. Toujours prompt à offrir au public un véritable personnage faussement commun. Même chose pour les autres membres de la bande : Jean Pierre Marielle (Pièce Montée), Yolande Moreau (Séraphine), Omar Sy (Lascars), Julie Ferrier (L'arnacoeur) et Dominique Pinon (la cité des enfants perdus) qui forment une galerie de portraits hautement colorée et attachante. Enfin il serait honteux de ne pas souligner les impeccables interprétations d’André Dussolier (Mon p'tit doigt m'a dit) et de Nicolas Marié (le vilain) en trafiquants d’armes luttant pour le pouvoir.
En conclusion, mis à part sa ressemblance entre « Delicatessen » pour la couleur et « Amélie Poulain » pour les personnages, « Micmacs à Tire-Larigot » est un véritable bijou de poésie et d’humanisme, porté par une distribution impeccable à tous les niveaux.