Sans queue ni tête

Alice, prostituée iundépendante, ne supporte plus ses clients. Xavier, psychanalyste, est las d’écouter les soliloques du divan. Alice veut entreprendre une analyse pour trouver la force de changer. Xavier, que sa femme vient de quitter, fait appel à une professionnelle pour tromper sa solitude. Alice et Xavier se rencontrent. Ce qui pourrait être le début d’une romance devient l’heure de vérité et peut-être la première étape vers un nouveau départ.

Jeanne Labrune (Cause toujours !) est une réalisatrice dont l’œuvre prouve un certain goût pour la peinture de personnages singuliers dans des situations communes. Son exploration, d’habitude légère, de l’être humain dans tout ce qu’il a de plus singulier, donne souvent une idée assez juste, du regard si particulier qu’elle possède sur les choses qui nous entourent. Alors que Jeanne Labrune se remettait de l’abandon d’un projet qui lui tenait à cœur, la réalisatrice découvrit un livre de Jacques Lacan qui faisait une sorte de parallèle entre les confessions intimes d’un cabinet de psychanlayse et celui plus discret encore d’une « Passe ». Ce mot résonna dans son esprit comme le point commun entre ces deux mondes que tout oppose et que tout unis finalement.

La distribution fut, d’ailleurs capitale dans le ton que la réalisatrice donna à son film ! Isabelle Huppert (L’ivresse du pouvoir) ammena une sonorité radicalement différente, où les objets prennent une place prépondérante dans la narration et où les mises en scènes volages des clients de l’héroïne ouvrent une certaine fantaisie dans la lourdeur du sujet. Jeanne Labrune voulait créer un parallèle entre ces deux univers aussi opposés que l’on peut l’imaginer. L’acceptation de l’actrice, lui permit de lui donner la tonalité douce amère qu’elle recherchait. Car une fois de plus la comédienne a su trouver le ton juste pour ne pas sombrer dans la caricature extrême, et sa composition a su se mettre totalement au service de la vision de la réalisatrice.

Mais la grande surprise vient principalement de la composition tout en retenue de Bouli Lanners (Rien a declarer), magistrale de tendresse, de timidité. Le comédien s’éfface, comme son personnage, pour mieux rayonner dans ce duo qu’il compose avec Isabelle Huppert. Vibrant, autant que touchant, l’acteur belge compose un personnage loin de tout ce qu’il a pu créer jusque là, tout en gardant la dérive qui pousse à la tendresse et à l’empathie.

En conclusion, « Sans queue, ni tête » est un film intelligent, sensible et cohérent qui prouve une fois de plus à quel point une véritable cohésion entre la réalisatrice et sa distribution sont source de bonheur et de tendresse. La tonalité y est juste, l’interpretation impeccable et le regard que porte Jeanne Labrune sur son sujet n’en devient que plus pertinent.

Une image soignée vient donner au film un éclat bienvenu. Les contrastes mettent en valeur la qualité des soins visuels apportés à la photo, et les contrastes donnent suffisamment de relief. Les couleurs sont parfaitement bien pesées pour jouer sur les nuances de tons qu‘offrent les ambiances voulues par la réalisatrice. Le film bénéficie d’un beau transfert.

Une bande son 5.1, forcément efficace qui se met totalement au service de ce film, dont la bande originale est d’une grande inspiration. Les basses sont particulièrement mises à contributions, et la dynamique se fait immédiatement entendre dès que les besoins s’en font sentir. La spatialisation est en phase totale avec le film.

Les commentaires audio de la réalisatrice sont toujours bienvenus et permettent de mieux comprendre les décisions de la réalisatrice. Puis des scènes coupées ainsi que la bande annonce. Des bonus légers mais cohérents.