Le Film
Critique de Frédéric Deschryver
Editeur
Edition
Collector
Label
Zone
2
Durée Film
75 min
Nb Dvd
1
L'histoire
Au Kurdistan iranien, près de la frontière avec l'Irak, cinq frères et sœurs vivent en subvenant seuls à leurs besoins. Le benjamin souffre d'une maladie grave. La sœur aînée accepte de se marier avec un Irakien, en échange du financement de l'opération qui sauverait la vie de son petit frère. A la frontière, la famille du futur époux refuse finalement que le malade les suive et, en échange, leur offre un cheval. L'aîné rentre en Iran avec son frère mais le temps presse pour l'opération...
Critique subjective
L'ivresse des émotions
Héritier d'un cinéma dont l'histoire n'a que quelques années, qui s'est développé au sein un pays enfermé dans un intégrisme religieux, Ghobadi livre avec "Un temps pour l'ivresse des chevaux", un film dégagé de toute influence occidentale, sans aucun artifice, une œuvre pure, à la fois tragique et poétique, déchirante et bouleversante. Filmé dans un style qui oscille sans cesse entre la fiction et le documentaire, avec un souci de réalisme absolu combiné à des images de toute beauté, ce premier long métrage est une plongée au cœur de la dure vie d'une famille de cinq orphelins d'un petit village kurde iranien. Chaque instant est un combat pour la survie.
Entre les expéditions dans la montagne vers la frontière irakienne, où s'effectue le trafic de marchandises à dos de mulets que les hommes saoulent pour leur permettre de supporter le froid, le jeune Ayoub porte seul sur ses trop jeunes épaules la charge de ses frères et sœurs. En perpétuelle quête d'argent pour payer une opération qui permettrait de sauver provisoirement Medi, son grand frère, atteint d'une grave maladie, Ayoub lutte interminablement pour donner un semblant d'espoir aux siens. C'est dans un monde terrible que vivent ces enfants à la jeunesse perdue, ces oubliés de la terre, sous le spectre d'une mort omniprésente, menacés par les embuscades dans les montagnes, les mines, vestiges d'une guerre passée. "La vie est en train de me faire vieillir, de me voler ma jeunesse, de me conduire vers la mort" chantent les enfants à la fin de leur journée de travail.
Sans tomber dans le piège du misérabilisme et du voyeurisme, Ghobadi réussit, au travers des yeux de ces enfants, comédiens amateurs, à faire naître une émotion intense et pure. "Un temps pour l'ivresse des chevaux", est un pur moment de cinéma, et pour reprendre la formule de Mahmoud Chokrollaki: "Ce film est l'ivresse ultime, il est le cri de l'urgence".
Le cinéma iranien
C'est paradoxalement avec l'arrivée au pouvoir de l'Ayatollah Khomeiny en 1979 que le cinéma iranien acquiert une légitimité aux yeux des religieux. Avant la chute du shah, le 7ème art, considéré comme blasphématoire, était décrié par les mollah qui refusaient toute représentation figurative. Mais Khomeiny, convaincu de l'utilité de l'image à des fins de propagande, s'empare de cet art qui se voit fixé des règles strictes en accord avec la révolution islamique. La production cinématographique, qui avait atteint son niveau le plus bas (4 films en 1979), remonte progressivement, pour se stabiliser autour d'une centaine de films par an au début des années 90.
Le cinéma iranien voit alors l'émergence de réalisateurs qui, pour contourner les exigences d'une censure impitoyable, développent un style qui fera sa spécificité, et dont Abbas Kiarostiami s'affirme comme l'un des chefs de file, avec Mohsen Makhmalbaf. Ces cinéastes s'attaquent à des sujets tabous et se mettent à bousculer les interdits. De plus en plus projeté dans les festivals, le cinéma iranien acquiert une reconnaissance internationale lorsqu'en 1997 Kiarostami obtient la Palme d’or pour "Le Goût de la cerise". Ce pays est une véritable pépinière de jeunes talents dont la nouvelle génération s'enorgueillit de noms comme ceux de Samira Makhmalbaf, prix du jury en 2000 à Cannes, ou Bahman Ghobadi, qui obtient la caméra d'or la même année avec "un temps pour l'ivresse des chevaux".
Bahman Ghobadi
Bahman Ghobadi est né en 1969 à Bané, dans le Kurdistan iranien. Adolescent énergique et avide d'expériences nouvelles, il passe ses loisirs dans un centre d'animation local où il apprend le piano et la peinture. Son père, policier, le destine à une carrière de lutteur. Bahman s'entraîne de force à ce sport et y excelle. A 17 ans, il s'intéresse à la photo avec un ami. Il se met à travailler pour la radio et la télévision locales, tout en continuant ses études. Le centre d'animation lui donne une caméra Super 8 avec laquelle il réalise son tout premier film. Premier concours, premier prix. Monté à Téhéran, Bahman Ghobadi intègre une école de cinéma qui, dit-il, lui offre surtout un dortoir où dormir le soir. Il sonne à toutes les portes, ne laisse passer aucune occasion d'accroître ses connaissances techniques et d'approcher les quelques artistes clefs du cinéma iranien, tel Kiarostami qu'il convainc de l'embaucher comme conseiller pour les repérages du Vent nous emportera et dont il finira par devenir le premier assistant. La bourse qu'il décroche ensuite lui permet de tourner Vivre dans le brouillard un court métrage sur le Kurdistan iranien, dans les villages de Sardab et Bané. C'est à cette époque qu'il découvre la contrebande dans les montagnes kurdes et l'existence de ces attelages de chevaux ivres morts. Il rencontre alors la plupart des enfants qu'il fera jouer dans Un temps pour l'ivresse des chevaux. Avant de réaliser "un temps pour l'ivresse des chevaux", Bahman Ghobadi avait déjà tourné une trentaine de courts métrages en super 8, en 16mm et en vidéo.
Un dernier mot
La sortie en DVD de la collection mk2 découverte Iran est une occasion inespérée de découvrir un cinéma en plein essor. Complété par des suppléments très riches, "un temps pour l'ivresse des chevaux" est un DVD à se procurer au plus vite.
L'image
Couleurs
Définition
Compression
Format Vidéo
16/9 anamorphique couleur
Format Cinéma
1.66:1
Le traitement de ce film a bénéficié de toutes les attentions, et le résultat est une image remarquable, sans problème de compression, ni fourmillement, de bonne tenue, précise, aux couleurs très réalistes, au service des magnifiques décors naturels. Ce film autoproduit trouve ici une édition à la hauteur de ses qualités.
Langue
Type
Format
Spatialisation
Dynamique
Surround
Persan
1.0
Une seule piste audio est disponible, la version originale en persan et en kurde, sous-titrée au choix en français ou en anglais. Proposée dans son format d'origine en mono, celle-ci est très claire, très dynamique, et ne souffre d'aucun problème. Tout y est fidèlement retranscrit, dialogues, bruits d'ambiance, musique.
Les Bonus
Supléments
Menus
Sérigraphie
Packaging
Durée
118 min
Boitier
Amaray
Il faut saluer le superbe effort de la part de l'éditeur qui, dans le but de nous faire découvrir le cinéma iranien, a non seulement le mérite de proposer des chefs-d'œuvre méconnus, documentés par diverses interviews, mais surtout, de doter chaque DVD, en complément de programmes, de plusieurs courts métrages, occasion unique de pouvoir découvrir quelques exemples de la production cinématographique de ce pays, dans lequel chaque année, plus de 450 courts-métrages voient le jour.
Préface de Mahmoud Chokrollaki (2mn07)
Brève introduction au film, en français, ce mini commentaire est illustré de courts extraits.
En première partie de suppléments, deux interviews sont proposées. Celles-ci, par leur aspect analytique, sont réellement intéressantes. Elles renseignent sur un cinéma méconnu et un talentueux réalisateur.
Interviews:
Interview de Nader Takmil, cinéaste (13mn37)
Le cinéaste Nader Takmil Homayounh parle de Bahman Ghobadi et du film "Un temps pour l'ivresse des chevaux". Comme Samira Mahkmalbaf, Ghobadi est un cinéaste produit des écoles de cinéma iranien post révolutionnaires de la 3e génération. Takmil évoque la position de Ghobadi face au problème kurde, l'exploitation des enfants. Il se livre à une analyse du film qui représente bien le style du cinéma iranien. Pas de fiction, un souci de vérité, une volonté d'être le plus réaliste possible, d'où son aspect documentaire. Les enfants dans les films iraniens, sont également une façon d'échapper à la censure. L'enfant sert de porte parole, ce qui explique leur maturité dans les films.
En sous-thème, la guerre contre l'Irak (mines) est omniprésente dans "Un temps pour l'ivresse des chevaux", sujet peu abordé dans le cinéma iranien.
Takmil parle ensuite de la relève: la génération Ghobadi. 450 courts métrages, 70 à 90 long métrages dont 20 premiers films sont tournés chaque année en Iran, pays qui constitue une pépinière de jeunes talents.
Interview de Stéphane Goudet, maître de conférence à l'Université Paris I (12mn38)
À propos de l'ivresse des chevaux.
L'universitaire ne tarit pas d'éloges à propos du film de Ghobadi. Celui-ci commente quelques scènes et se livre à une analyse du film.
- L'aspect politique: question kurde.
- La condition de l'enfant.
- Le traitement de la mort effectué de manière elliptique et pudique. Par un choix de mise en scène, la mort est tout le temps présente, pourtant on n'en voit rien.
- La nature et les choix esthétiques.
Courts-métrages iraniens:
Vivre dans le brouillard (28mn03) de Bahman Ghobadi
La dure vie d'un jeune enfant kurde, son quotidien fait de travaux pénibles pour subvenir aux besoins de ses trois frères et sœurs. Le brouillard, c'est celui des montagnes iraniennes enneigées dans lesquelles les habitants se livrent au trafic de marchandises à dos de mulet. "Vivre dans le brouillard" est le premier jet, sous la forme d'un court-métrage, de "un temps pour l'ivresse des chevaux". On y retrouve les mêmes jeunes enfants, acteurs amateurs, ainsi qu'une histoire similaire dont les bases et quelques détails sont déjà présents.
Les garçons sont nés soldats (27') de Fariborz Kamkari
Kurdistan irakien: la guerre civile. Court métrage tourné dans un style documentaire, dont les principaux acteurs sont des enfants. Sujet très dur, dans lequel les armes, la guerre, le vol sont omniprésents dans la vie des enfants.
Un après-midi chaud (11') de Hassan Rashid Ghamat.
Sur le thème de la solitude, ce court métrage humoristique montre les errances dans un parc public d'un jeune soldat en mal de compagnie, et ses tentatives infructueuses d'approcher des jeunes filles.
Bande-annonce du film (1mn19)
Bandes-annonces de la collection MK2 Découvertes
Dans la collection Iran:
-Gabbeh
-Le silence
-La pomme
-Salam cinema
Dans la collection Asie:
-Goodbye south goodbye
-Cure
-Made in Hong Kong
Dans la collection filmes cultes:
-Taxi blues
-Le mur
-Meurtre dans un jardin anglais
Bonus

Livret

Bande annonce

Biographies

Making of

Documentaire

Interviews
Com. audio

Scènes sup

Fin alternative

Galerie de photos

Story board

Multi-angle

Liens internet

Interface Rom

Jeux intéractifs

Filmographies

Clips vidéo

Bêtisier

Bonus Cachés

Court Metrage