De l’avis général, Tom et Violet sont faits
l’un pour l’autre et pourraient constituer le couple marié idéal. Lui, star de
la haute cuisine de San Francisco, est prêt à rejoindre le gotha de la
gastronomie californienne ; elle est une brillante doctorante en psychologie
sociale à Berkeley. Deux «winners»… mais voilà que ce mariage imminent devient
soudain un problème. Violet, rejetée par l’université dont elle rêvait, se
rabat sur celle d’Ann Arbor, dans le Michigan. Tom se sacrifie pour la suivre,
pensant que la «noce parfaite» peut attendre quelques mois. Puis d’autres
obstacles, inattendus, se profilent, s’enchaînent. Le couple diffère, hésite,
tergiverse… les mois passent, puis les années. Promesses en cascade, toujours
remises en question… Cinq ans de réflexion…
Dans cette nouvelle comédie sur fond de
peinture de l’Amérique profonde, Judd Apatow (Peace love et plus si affinités),
Jason Segel (Les Muppets le retour) et le réalisateur Nicholas Stoller
(American Trip) se penchent ensemble sur les conséquences d’une demande en
mariage plombé par l’hésitation des deux parties. Cela donne forcément une
comédie qui, pour une fois il faut la souligner, fait parfois dans la retenue.
Parfois seulement, car le film sombre inexorablement, vers la caricature des
habitants du Michigan, réduite à une horde de débile profond, vivant
principalement de chasse et dont la vie est forcément d’un ennuie terrible, à
vous faire devenir à la limite du schizophrène. Est-ce qu’il faut en rire ou en
pleurer, c’est assez difficile à dire.
Car ce qui fait rire aux Etats-Unis, ne le
fait pas forcément en Europe. Et même avec l’esprit le plus ouvert que l’on
puisse trouver, il est particulièrement difficile de rire en permanence dans
cette nouvelle comédie qui, par habitude dans la filmographie de la bande, ne
peut s’empêcher les répliques salasses à foison, même sans raison apparentes.
Et c’est bien là le problème, la vulgarité est un atout dans la comédie,
lorsqu’elle est utilisée avec intelligence, hors ici nous en sommes très loin,
et même le capital sympathie de Jason Segel, avec son regard de panda, ne
change rien. A l’exemple de la scène dans les rues de la ville, où les deux
héros décident d’avoir un rapport dans la neige. La scène est amenée sans aucun
ménagement et cela lui perdre tout son effet comique, particulièrement dans les
dialogues, puisque ceux-ci ne tournent qu’autour de la taille du sexe de
l’acteur dans la neige.
Voilà, on comprend vite que le niveau ne vole
pas très haut, et la bande de Judd Apattow, ne semble toujours pas avoir
retrouvé le feu sacré, si bien qu’il nous ressert inlassablement les mêmes
recettes déjà bien usées dans les précédentes productions. Alors si « 5
ans de réflexion » garde une petite touche de sentimentale plutôt bienvenue,
l’ensemble reste toujours trop dans les travées de ce qu’avait déjà l’équipe et
ne parvient pas à renouveler le genre. L’équipe s’embourgeoise et ne sait plus
prendre le risque de nous surprendre agréablement.