Le Film
Critique de Frédéric Deschryver
Editeur
Edition
Simple
Label
Zone
2
Durée Film
92 min
Nb Dvd
1
L'histoire
Entre Nazareth, Jérusalem et Ramallah. Une ville dont les habitants semblent sombrer dans la folie, conflits de voisinages, incompréhension, manque de communication, et une histoire d'amour. L'un habite Jérusalem, l'autre Ramallah, en territoire palestinien. Les deux amants n'ont d'autre choix que de se rencontrer sur un parking, près du poste de contrôle de la frontière…
Critique subjective
"Intervention divine", ou "Une chronique d'amour et de douleur" est le second long métrage du cinéaste palestinien Elia Suleiman, après "Chronique d'une disparition". Présenté à Cannes en 2002, ce film, qui marque la première sélection d'un cinéaste palestinien pour ce festival, y remporte le prix du jury. "Intervention divine" situe son action entre Nazareth, Jérusalem et Ramallah, dans les quartiers palestiniens, et montre la dure vie de leurs habitants, les brimades subies au quotidien. Film politique, film militant mais non militantiste, "intervention divine" est plus un état des lieux, la dénonciation d'une situation absurde, et un appel à une cohabitation pacifique.
Elia Suleiman milite à sa façon, avec ses propres armes, qui sont l'humour, la drôlerie, la poésie et l'amour. "intervention divine", est un film superbe, truffé d'inventions, d'une drôlerie irrésistible. L'humour est noir et le rire qui en découle est souvent jaune. Scènes burlesques, comique de répétition, fréquente utilisation du hors-champ, quasi absence de dialogues, on pense irrésistiblement, en voyant cette "chronique d'amour et de douleur", au cinéma de Jacques Tati ou de Buster Keaton. Suleiman s'intéresse plus à l'image qu'au son, préférant le côté contemplatif et sa puissance de suggestion. "Le silence m'intéresse particulièrement, explique Suleiman, cela devient pesant lorsque les personnages ne cessent de parler à l'écran, le temps consacré à écouter le texte est du temps perdu dans la contemplation et l'admiration de l'image. Puisqu'il s'agit de la composition des images, pourquoi ne pas se concentrer plus sur le tableau qui prend différentes formes dans l'espace.(…) Je suis très troublé, ajoute-t-il, lorsque je vais voir un film dans lequel les acteurs parlent sans fin et prêchent de façon purement linéaire, selon moi, c'est une attitude politique car on ne vous laisse pas prendre position par rapport à ce que vous voyez. On vous bombarde de paroles, c'est surtout très élitiste, on vous dit quoi penser et vous devez l'accepter, c'est un vrai supplice, vous payez pour voir le film, mais vous devez aussi écouter ce qu'on dit sans avoir le plaisir d'être réactif aux images. Par conséquent, pour moi, le silence permet de participer, mais également de partager du rêve."
"Intervention divine" s'articule en deux parties. La première situe son action à Nazareth, la ville natale du réalisateur, où les habitants évoluent dans une douce folie ordinaire, taquineries de voisinage, violences quotidiennes. Dans la seconde, Elia Suleiman se met lui-même en scène pour incarner ce jeune homme, qui vient chaque jour retrouver sa fiancée à un check point de Jérusalem, et y observer le ballet incessant des voitures qui se présentent au poste de contrôle. Le réalisateur confie: " L'amour est effrayant car on ne peut pas l'enfermer pour le garder. Dans mon film, c'est précisément ce que j'ai voulu mettre en scène, deux personnes qui s'aiment à un check-point. D'où l'idée de transgression, la possibilité de passer de l'autre côté, et c'est exactement ce qui se passe dans mon film, on leur interdit de traverser physiquement la frontière, mais ils peuvent en rêver car à deux ils sont plus forts. Une fois de plus, l'amour est comme la poésie, c'est un espace poétique qu'on ne peut jamais identifier, désigner".
Ce film est bourré de symboles, souvent très explicites. On peut citer en exemple trois moments incontournables, comme l'explosion d'un char israélien au bord d'une route, suite au choc d'un noyau d'abricot jeté d'une fenêtre de voiture… Autre séquence mémorable, un ballon de baudruche à l'effigie de Yasser Arafat, franchit nonchalamment la frontière gardée par des soldats israéliens hors d'eux. La scène de la femme ninja, coiffée d'un keffieh, et qui extermine seule une bande de soldats, reste un des moments forts du film, parodie des films d'arts martiaux, expression des rêves de révolte du personnage principal, Suleiman s'explique lors d'une interview: "Sur le plan narratif, je montre comment, pour survivre au désespoir d'une double perte (son père et la femme qu'il aime), mon personnage de cinéaste peut s'inventer une victoire fantasmatique: d'où l'humour au second degré. Je pense que les gens gênés par cette scène se sentent confrontés à un fantasme brut du réalisateur: ils auraient voulu que je garde mon sens de la mesure et de la litote. Je voulais aussi prouver que, dans un film d'auteur, pouvait figurer une scène d'action aussi réussie que dans le cinéma commercial!"
Elia Suleiman signe un film exceptionnel. Au-delà de l'aspect politique, militant, "Intervention divine" est un film drôle, inventif et poétique, parfaitement maîtrisé, tourné dans un style tout à fait original. A ne pas manquer!
L'image
Couleurs
Définition
Compression
Format Vidéo
16/9 anamorphique couleur
Format Cinéma
1.85:1
L'image est d'une qualité surprenante, d'une belle luminosité, sans défaut apparent, qui s'en sort très bien autant lors des scènes d'extérieurs très éclairées que durant les scènes de nuit. Les couleurs sont très réalistes, et la compression ne laisse paraître aucun défaut.
Langue
Type
Format
Spatialisation
Dynamique
Surround
Français
2.0
Arabe
5.1
Cette édition dispose de deux pistes sonores, la version française en stéréo PCM et la version originale en Dolby Digital 5.1. Si ces deux pistes se valent en terme de dynamique, on aura une petite préférence pour la VO en raison de son champ sonore plus étendu, et tout bêtement pour le respect de l'œuvre. Dans "version originale" il y a "originale", c'est-à-dire le film tel que l'a voulu son réalisateur, et non dénaturé par un doublage approximatif réalisé en studio.
"Intervention divine" est un film silencieux, aux rares dialogues (une raison supplémentaire de profiter pleinement de la VO). La piste 5.1 retranscrit efficacement les ambiances, les bruits de la rue, l'ambiance lourde et pesante de la première partie, et sait se rendre percutante à certains moments, notamment lors de la scène de l'explosion du char israélien, où durant un court instant, toutes les enceintes se déchaînent. Moment anecdotique au cours de ce film, mais surprenant!
Les Bonus
Supléments
Menus
Sérigraphie
Packaging
Durée
14 min
Boitier
Amaray
- Interview d'Elia Suleiman par Serge Kaganski (14 mn)
"Intervention divine en 12 mots clés"
Interviewé par le journaliste critique aux Inrok', le réalisateur Elia Suleiman s'exprime sur les thèmes suivants:
-Amour et guerre
-Humour et ironie
-Corps et espaces
-Dialogues
…et silences
-Politique et cinéma
-Contemplation et action.
Interview passionnante dans laquelle le cinéaste, au cours de réflexions sur son film, livre sa pensée, sa conception du cinéma, les raisons de ses orientation stylistiques. A voir au même titre que le film, ce supplément est une aide précieuse à l'analyse de celui-ci.
Bande annonce
Bonus

Livret

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