Lisa, une lycéenne New
Yorkaise de 17 ans est persuadée être responsable d’un accident de la
circulation qui a coûté la vie à une femme. Devant l’impossibilité de se
racheter ou de réparer, rongée par la culpabilité, elle s’en prend peu à peu à
sa famille, ses amis et ses professeurs et surtout à elle-même. Lisa découvre
que ses idéaux de jeunesse se heurtent aux réalités et aux compromis du monde
des adultes.
Tourné en 2005, « Margaret » est, ce que l’on pourrait communément
appeller : « Un film Maudit ». Car un différend judiciaire opposa
pendant 8 années, le réalisateur et le studio Fox Searchlight. L’un ayant monté
un film de 3h30 et le dernier ayant imposé dans son contrat une durée maximale
de 2h30. Le combat s’éternisant devant les tribunaux, la sortie en salle n’en
fut que plus affectée, puisque le film se retrouva dans un réseau très restreint
d’écran et sortit donc dans l’indifférence quasi la plus totale. Et c’est bien
dommage, car sous un titre un peu énigmatique : « Margaret », qui est
en fait le prénom de la victime d’un accident de la route, qui fera se ronger
de remord et de colère la jeune héroïne de l’histoire, se cache un film précis,
méticuleux, où tout se mêle sans jamais faire de l’ombre au reste.
A commencer par un scénario ciselé avec beaucoup de talent, qui prend le
temps de faire monter les sentiments vers ce qui doit être au final une
révélation terrifiante et implacable pour
la jeune fille, que la culpabilité va la faire mûrir, bien plus vite
qu’elle ne le pense. Un scénario qui a l’intelligence de ne pas sombrer dans la
caricature, en surjouant la carte du mélo, mais qui au contraire, dessine les
contours de ses personnages, cette ronde des sentiments qui font naitre les
existences, qu’elles soient brillantes ou non. Le scénariste montre ou démontre
avec beaucoup d’intelligence toute les nuances des êtres dans une société où
rien n’est tout à fait blanc ni tout à fait noire, où l’intransigeance des
adolescents se heurtent souvent aux réflexions plus mesurées, jusqu’à atteindre
parfois un certain cynisme chez les adultes.
Et le réalisateur, a l’intelligence de ne pas nous entrainer dans une œuvre
trop contemplative, bien au contraire, il entraine le spectateur dans les
rouages de l’esprit de la jeune fille, il force à la réflexion, crée la mal être
pour mieux imprégner le spectateur. Notamment lors de la scène de l’accident,
visuellement sombre, mais affreusement efficace. Le spectateur subit en plein
cœur et en plein visage l’horreur de la scène qui vient de se passer et
s’identifie d’un coup à la jeune héroïne, s’interroge sur son implication, et
ses réactions qui en découlent.
Anna Paquin (la jeune héroïne de X-Men) est d’ailleurs incroyablement juste,
passant de l’innocence adolescence à la colère quasi hystérique. La jeune
comédienne a su trouver la tonalité juste pour émouvoir autant qu’effrayer, de
la même manière que le fit Natalie Portman dans le « Black Swann » de
Darren Aronofsky. L’actrice est habitée par le rôle et prouve que le cinéma
américain, aura du mal à se passer de son talent.
En conclusion, « Margaret » est un film fort, intense, sur la
culpabilité et le remord d’une jeune fille persuadée d’être à l’origine d’un
accident qui a coûté la vie à une femme. Intelligemment écrit, minutieusement
mis en scène, le film est remarquable dans sa construction, autant que dans son
interprétation.