Sherlock Holmes : Crimes & Punishments

Série incontournable pour les habitués du genre point'n click depuis plus d'une dizaine d'années maintenant, le plus grand détective au monde fait son retour sur le devant de la scène, à la différence près que contrairement à ses prédécesseurs, Sherlock Holmes : Crimes & Punishments ambitionne de marquer une véritable rupture avec son passé. Le pari est-il réussi ?

Deux ans après le Testament de Sherlock Holmes, comme à leur habitude, les équipes ukrainiennes de Frogwares nous reviennent avec un nouvel épisode des aventures du célèbre détective d'Arthur Conan Doyle. Les ambitions sont toutefois différentes, avec l'arrivée des nouvelles consoles, mais également l'espoir de toucher un public plus large, certains ajustements étaient nécessaires. À commencer par le gameplay. Quelques nouveautés font ainsi leur apparition, à commencer par les interrogatoires. Particulièrement bien mises en scène, ces phases de jeu proposent d'un côté de dresser un portrait de la personne interrogée, ou du suspect, notamment en s'attardant sur certains détails comme ses vêtements, et de l'autre des séances de QTE pour mettre le doigt sur une contradiction flagrante ou montrer un indice.

Des ajouts sympathiques, même si perfectibles, le choix d'une mauvaise réponse ou d'un indice hors propos n'ont aucune incidence, permettant de choisir autant de fois que l'on souhaite un nouvel argumentaire ou indice, alors que les phases de QTE s'avèrent d'une facilité quelque peu déconcertante. Lors des phases d'enquêtes, on note également l'apparition du  Sixième Sens, celui-ci nous aide à mettre en lumière certains indices invisibles pour le commun des mortels – n'est pas Sherlock Holmes qui veut -, néanmoins, l'effet est un peu gâché par l'apparition automatique d'une icône indiquant lorsqu'il vous faudra l'activer. Citons enfin le don d'imagination, qui prend la forme de reconstitutions d'évènements passés ou à venir, permettant dans la plupart des cas de récolter de nouveaux indices. Rendre certaines mécaniques accessibles est une chose, assister le joueur en une autre...Pour autant, ne crachons pas dans la soupe, aussi perfectibles soient-elles, ces petites nouveautés apportent un plus en matière de gameplay.

La mise en scène, la scénarisation et la construction des enquêtes sont autant de bons points à mettre à l'actif du jeu. Là où la série proposait une seule et unique enquête, Crimes and Punishments propose cette fois pas moins de six affaires, avec au choix : vols, meurtres, disparitions, etc. D'autant plus que chose agréable, aucun ordre d'enquête n'est imposé, chaque affaire étant indépendante l'une de l'autre, chacun pourra composer son menu à sa guise. Durant chaque enquête, au-delà des interrogatoires évoqués plus haut, qui apportent un petit vent de fraîcheur, une grande partie du jeu reste axé sur la collecte d'indices, et la résolution de puzzles et autres énigmes dans la plus pure tradition de la série. Évidemment, ces phases d'exploration imposeront d'enchaîner les allers et retours dans les mêmes lieux, cela pourra un côté fastidieux, parfois même franchement rageant, on ne se débarrasse pas facilement de ses bonnes vieilles habitudes. En revanche, la disparition des temps de chargements lors du passage d'une pièce à une autre, est au contraire bienvenu !

Certaines idées n'en restent pas moins intéressantes, comme la possibilité de mettre sous les verrous aussi bien le vrai suspect...qu'une personne totalement innocente. Dans le même genre, on pourra choisir de donner l'ultime absolution au coupable, dans un élan de grande générosité. Un choix moral qui n'a aucune incidence, mais certains pourront dormir la conscience tranquille.

Le gros point du jeu n'en reste pas moins l'utilisation d'un nouveau moteur graphique – il était temps  -, Frogwares abandonnant son vieux moteur maison pour l'Unreal Engine 3. Même si certaines restent franchement moyennes, et que la présence de murs invisibles une hérésie pour un jeu dit « ouvert » -encore une manie du point'n click…-, c'est un pari gagnant et une totale redécouverte. L'apport est tout particulièrement notable lors des séances d'interrogatoires, tant la modélisation des différents protagonistes s'avère une vraie réussite lorsque l'on garde en mémoire le passif de la série sur ce point, tandis les expressions faciales se montrent plutôt convaincantes. L'effort est à saluer.

Conclusion :

Si le jeu est entaché d'une volonté parfois trop évidente d'assister le joueur à certains moments de l'aventure, rendant le challenge un peu moins excitant, et l'introduction de certaines mécaniques à l'intérêt douteux, la copie rendue par Frogwares n'en reste pas moins globalement au-dessus de nos attentes. Graphiquement tout d'abord, le passage à l'Unreal Engine 3 permet à Sherlock Holmes : Crimes & Punishments de briller sur les consoles nouvelle génération, pour un résultat à mille lieues du dernier épisode. Certaines améliorations apportées au gameplay participent également à la réussite du jeu, notamment l'ajout des interrogatoires, la notion de suspect aléatoire, et le découpage du jeu en six enquêtes, avec à la clé une excellente durée de vie. Mais peut-être plus important encore, elle conserve ce qui a toujours fait l'attrait de la série : le plaisir. Un très bon cru, vivement la suite.

Le passage à l'Unreal Engine 3 fait le plus grand bien à ce nouvel épisode. Les textures sont plus soignées, le level-design inspiré, tandis que l'on conserve notre mention spéciale aux phases d'interrogatoires, qui soulignent le soin apporté à la modélisation des personnages. On remarque également quelques nouveaux petits détails très appréciables qui participent à donner vie aux environnements, notamment la présence d'un certain nombre de PNJ dans les rues de Londres et ses abords.

En dehors de l'aspect graphique, l'environnement sonore a aussi bénéficié d'un soin tout particulier, Londres est une ville qui bouillonne et cela s'entend enfin ! On notera également l'excellente qualité des doublages, uniquement en anglais mais sous-titrés en VF.

Rien à se mettre sous la dent...