L’histoire :
Après avoir renversé un SDF, une jeune femme rentre chez elle, sa victime encore encastrée dans le pare-brise.
Critique subjective :
Réalisé en 2007 et présenté en 2008 au Festival de Gérardmer, Stuck nous parvient avec quatre années de retard et directement en vidéo. Une stratégie qui s’inscrit sans doute dans le cadre de la lutte contre le piratage et dans une politique visant à limiter les achats de supports numériques à l’étranger …
Avec King of the ants et Edmond, Stuck forme une trilogie consacrée à l’horreur sociale. Depuis 2003 (année de sortie de King of the ants), la filmographie de Stuart Gordon (Re-animator) a, en effet, pris une nouvelle tournure passionnante, le bonhomme ayant délaissé l’horreur « classique » pour une épouvante sociétale. Désormais, la monstruosité n’est plus physique, visible, mais mentale, intérieure. Gordon se plaît ainsi à sonder les tréfonds les plus sombres de l’âme humaine et s’emploie à montrer comment un citoyen lambda (Sean Crawley, Edmond Burke, Brandi Boski) peut devenir un monstre, un phénomène accentué par un environnement urbain moderne (Los Angeles, New York, une ville du Canada).
Inspiré d’un fait divers réel, Stuck raconte l’histoire d’une jeune femme, Brandi (Mena Suvari) qui, au retour d’une soirée, percute en voiture Tom Bardo (Stephen Rea), un SDF. Paniquée, elle rentre chez elle et met la voiture dans son garage. Grièvement blessé mais toujours vivant, Tom est coincé à travers le pare-brise. Brandi plonge alors dans une spirale de violence, passive (de la pure non-assistance à personne en danger) puis active (le SDF moribond devenant trop embarrassant). A partir de ce schéma, Stuart Gordon met le doigt sur le refus d’assumer ses actes, l’individualisme forcené et le manque de compassion. En sous-texte, le réalisateur dénonce surtout une société déshumanisante, coupable de produire à la fois des gens comme Tom (victime d’un licenciement économique et récemment à la rue), Brandi (qui considère sa victime comme une non-personne et va jusqu’à lui reprocher d’être toujours en vie) ou les personnages secondaires (un propriétaire sans cœur, les gratte-papier de l’agence pour l’emploi, une supérieure hiérarchique pratiquant le chantage à la promotion, des voisins qui ferment les yeux, etc.). Chacun ne voit que son propre intérêt et ignore ou méprise tout ce qui pourrait le contrarier. Adoptant une esthétique tout à fait adaptée au propos (imagerie volontairement fade), Gordon veille aussi de près au rythme de son métrage, évitant l’ennui avec des rebondissements réguliers et une durée resserrée.
Verdict :
S’il n’est pas le meilleur opus de la « trilogie de l’horreur sociale », Stuck n’en demeure pas moins un bon film d’épouvante réaliste. Une œuvre noire qui fait parfois froid dans le dos.
Des pistes sonores assez décevantes. La VO (5.1) manque de tonus et affiche un mixage approximatif. Le canal central étant peu sollicité, les voix sont faiblardes, très en retrait. Mauvais équilibre à l’origine ou encodage sonore mal goupillé ? Mystère. En 5.1 et DTS, la VF corrige le tir (les dialogues sont plus audibles) mais nous empêche de profiter pleinement des prestations des acteurs, doublage oblige. Peu satisfaisant dans un cas comme dans l’autre.