L’histoire
Une aspirante chirurgienne se lance dans des opérations clandestines très lucratives.
Critique
Deuxième long-métrage des jumelles Jen et Sylvia Soska, American Mary succède à un certain Dead hooker in a trunk (tout un programme) et à une poignée de courts-métrages. Dans notre contrée, American Mary se contente d’une sortie DTV tardive, ceci malgré un bon accueil du film dans les festivals. Pendant ce temps, des choses comme le énième Paranormal activity ou Annabelle déboulent dans les salles en grande pompe. Allez comprendre ...
L’une des forces d’American Mary, c’est son sujet original : les chirurgiens de l’ombre, les praticiens underground. Si ce type de personnage a déjà été entraperçu dans plusieurs films, il est ici au cœur du métrage, s’incarnant sous les traits de Mary Mason (épatante Katharine Isabelle). Aspirante chirurgienne promise à un brillant avenir professionnel, Mary va basculer du côté obscur en raison de circonstances malheureuses. Moyennant monnaie sonnante et trébuchante (American Mary est aussi un film de crise économique), la jeune femme acceptera d’œuvrer dans des milieux glauques, côtoyant freaks et malfrats. Déçue par la nature fétide d’un monde médical aux apparences respectables (la séquence de la soirée avec les chirurgiens constitue le cœur narratif du métrage), elle délaissera ses études de médecine pour se consacrer uniquement à ses activités illégales et lucratives. Au-delà de son argument horrifique, American Mary s’attache surtout à dépeindre un processus de marginalisation et de déshumanisation. Une démarche rondement menée qui l’impose comme une véritable étude de caractère, une œuvre possédant une densité psychologique indéniable. Les deux réalisatrices nous convient à une descente aux enfers tragique, prenante et vénéneuse. Le voyage ne sera pas de tout repos.
De par son thème organique (le corps et ses transformations), American Mary évoque nécessairement la série Nip / Tuck, le cinéma de David Cronenberg et l’œuvre de Clive Barker. Cependant, les Soska sisters vont faire preuve d’une sensibilité particulière, installant une ambiance et un style bien à elles. Un savoir-faire probant qui ne fera toutefois pas oublier certaines maladresses : une séquence torture porn déplacée (le reste du métrage joue davantage la carte de la suggestion), un script qui a tendance à tourner en rond et un climax un brin faiblard. Rien de rédhibitoire néanmoins.
Verdict
Imparfait mais intéressant, American Mary reste un film à découvrir. On surveillera avec intérêt les prochains efforts des sœurs Soska : un segment pour l’anthologie The ABCs of death 2 et le long-métrage See no evil 2.
En dépit d’une définition quelque peu perfectible (même pour un standard DVD), la restitution visuelle se montre convenable. Le master est propre, la gestion des couleurs honorable (photographie bien respectée) et la compression fait son travail sans coup férir.
Deux pistes VOSTF en Dolby Digital 2.0 et 5.1. Efficace à tous les niveaux, la piste 2.0 fait néanmoins pâle figure à côté du format 5.1. Nettement plus ample et mieux équilibré, ce dernier renforce l’immersion dans le film. Vous savez donc quoi choisir.