Lorsque son fils est kidnappé durant des vacances en France, Tony se lance à corps perdu dans les recherches. Celles-ci malmènent peu à peu son mariage et détruisent sa vie...
Annoncé comme le nouveau choc de la télévision anglaise « The Missing» est une série à la tonalité redoutablement efficace, qui sait utiliser les clffhangers pour mieux nous entrainer dans une enquête à tiroir hors norme. Et dès les premières minutes, le mot « choc » prend tout son sens. Car le ton est très rapidement donné, avec des couleurs froides, et une tonalité de texte très sombre. A l’image du père du petit garçon disparu, qui semble ne jamais vouloir oublier, ni passer à autre chose que celle de retrouver ce fils, dont il sent qu’il est encore en vie. Les personnages apparaissent légèrement, mais de façon un peu rugueuse, on comprend tout de suite que l’intrigue sera beaucoup plus alambiquée qu’elle n’y parait. Le dessin des futurs protagonistes se fait comme une galerie de portraits, bruts, sans volume mais suffisamment efficace pour susciter l’intérêt et l’interrogation du spectateur.
Et la mise en scène appuie, tout au long des 9 que chaque personne est un élément clé, à charge ou non, de cette affaire qui va nous entrainer dans une affaire supposée de pédophilie, mais également sur le terrain d’organisation fascistes. Tout au long de l’enquête, on peine parfois à définir les frontières entre le moment où le petit garçon est enlevé et les mêmes lieux, huit ans plus tard , les deux évoluant dans un monde où les règles semblent autonomes. Certains viennent trouver une nouvelle vie, peut-être même se cacher et apparaissent au grand jour, d’autres plus en lumière masquent une part d’ombre. Qu’ils soient habitants éprouvés par la disparition du garçonnet ou policier à la recherche d’un coupable, tout ce petit monde gravite autour d’une intrigue minutieusement ciselé, qui tient, sans jamais défaillir, le spectateur en haleine et l’entraine là où il en a envie pour arriver sur le résultat d’une enquête prenante de bout en bout.
Le scénario ne s’arrête d’ailleurs pas à une simple enquête criminelle, il plonge littéralement dans une peinture sociétale très pointue, où chacun des personnages se dessine doucement, pour mieux imprégner le spectateur d’une ambiance âpre entre douleur, dérive, et innocence. Chaque élément de l’intrigue cache toujours une forme de mélancolie par des blessures anciennes ou soudaines qui viennent provoquer une cassure dans une communauté éprouvée par une affaire incompréhensible. Par des plans rigoureux et inventifs, les réalisateurs soutiennent une volonté de ne pas faire du sensationnel mais plutôt de profiter d’un décor onirique pour créer une ambiance au gigantisme oppressant.
Et la distribution participe allègrement à donner corps aux personnages avec une certaine inspiration. Tcheky Karyo (L’ours) se matérialise en flic déterminé et obsédé aux fractures masquées qui se retrouve impliqué à nouveau dans une affaire qu’il n’est pas parvenu à résoudre.
James Nesbitt (Le Hobbit : La désolation de Smaug) interprete magnifiquement ce père de famille qui court envers et contre tous pour retrouver son fils. Sans oublier la composition toute en émotion et en dureté de
Frances O’Connor (Conjuring 2 : Le Cas Enfield).
En conclusion, « The Missing » est une série remarquablement construite qui mêle avec beaucoup de précision deux époques pour mieux imprégner le spectateur d’une intrigue complexe, et cisèle avec une certaine réussite des personnages tout en nuance et en ambiguïté. Enfin une véritable grande série.