Sous la pression de sa patronne, un producteur de musique à la dérive décide de monter un groupe constitué d'un rabbin, un curé et un imam afin de leur faire chanter le vivre-ensemble. Mais les religieux qu’il recrute sont loin d’être des saints…
Si l’on regarde sa filmographie en tant que réalisateur, Fabrice Eboué s’est souvent intéressé aux questions de l’identité. Dans « Case Départ » il traitait déjà avec humour de la cause de noirs dans notre société en se penchant sur le passé douloureux de l’esclavage, puis après avec « Le Crocodile du Botswanga » c’était plutôt le rapport entre le football (ses talents, ses agents) et les racines qui viennent émailler une comédie moins burlesque mais tout aussi haute en couleur. Cette fois-ci le réalisateur nous entraine dans les méandres de la création d’un trio musical improbable composé d’un Rabbin, d’un Imam et d’un Prêtre.
A travers ce trio, le réalisateur qui a également signé le scénario s’muse de cette idée de pouvoir réunir trois représentants de chaque religion dans un projet aussi improbable que celle d’avoir créer un trio de prêtre séminaristes qui firent un carton incroyable. Une aventure qui inspira le scénario à Fabrice Eboué qui en tisse une histoire qui, finalement, va bien au-delà de la simple comédie puisqu’il permet de réfléchir sur cette valeur que chaque religion prône comme un talisman invariable : « Le Vivre Ensemble » mais qu’aucune ne parvient à réellement mettre en pratique. Des frères ennemis qui ne cessent de prêcher les bonnes vertus de cette sacro-sainte valeur universelle qu’est le respect de chaque religion, mais qui, dès qu’elle doit se mettre en pratique, semble bien plus difficile à réaliser.
Alors bien sûr le film ne se revendique d’aucune valeur particulière et s’amuse avec des scènes volontairement caricaturales qui permettent de tirer à boulet rouge sur tout le monde sans pour autant se faire le moindre ennemi. Et ça marche ! Sans pousser trop loin la caricature, le trio fonctionne, on rit énormément et quelle que soit la religion que l’on pratique ou non, on rit justement de ce film qui met en lumière, en douceur certes, toutes ces incohérences et ces hypocrisies qui empêchent les trois religions monothéistes de s’entendre réellement et d’ainsi mettre en terre une hache qui semble rester d’un autre temps.
Bien sûr le film fonctionne grâce au trio : Guillaume de Tonquedec (Le Prénom), Ramzy Bedia (Pataya) et Jonathan Cohen (Papa ou Maman 2). Les trois acteurs forment une équipe de choc aussi savoureuse que crédible et même si on peut leur reprocher de jouer sur un terrain connu, il n’empêche que les trois acteurs fonctionnent ensemble et aucun ne prend l’ascendant sur les deux autres. Du coup, non seulement ils nous font rire, mais ils parviennent également à nous toucher dans leurs doutes ou dans leurs écarts.
En conclusion, « Coexister » est une comédie réussit de Fabrice Eboué qui ne manque pas de rythme ni d’intérêt. A travers une idée simple et drôle, le réalisateur parvient à nous faire réfléchir sur cette possibilité finalement pas si insurmontable que les trois religions finissent enfin par vivre ensemble.