Dans son magasin de photographie de Londres, Tony Webster mène une existence tranquille. Sa vie est bousculée lorsque la mère de Veronica Ford, son premier amour, lui fait un étonnant legs : le journal intime d’Adrian Finn, son meilleur ami du lycée. Replongé dans le passé, Tony va être confronté aux secrets les plus enfouis de sa jeunesse. Les souvenirs sont-ils le pur reflet de la réalité ou autant d'histoires que nous nous sommes racontées ?
Le destin frappe à la porte d’un vieil homme à l’existence tranquille ! Un destin qui va le plonger dans ses souvenirs et lui faire affronter son quotidien, l’ombre d’un amour passé, d’une amitié foudroyée et d’un mystère à éclaircir. Le réalisateur Indien, Ritesh Batra explore les méandres de la mémoire, ce qu’elle apporte à la vie, ces certitudes qui peuvent être ébranlées par un détail, ou un évènement, et d’un coup la vie prend une autre saveur, le miroir réfléchit un autre visage et ceux venus du passé reviennent nous hanter pour tenter de répondre aux ultimes questions de la vie qui s’approche de son crépuscule. C’est tout l’enjeu de ce film romanesque à souhait, ancré dans notre quotidien qui parvient à retrouver ce souffle romantique qui manquait tellement aux comédies de ces dix dernières années.
Car à travers la recherche du passé de son héros, le réalisateur, qui se base sur le scénario de Nick Payne (The Crown), joue la carte de la double intrigue, celle familial de Tony, avec son ex-femme et sa fille proche d’accoucher, et les souvenirs d’un amour du passé qui revient à la surface laissant supposer le dénouement d’un secret enfoui. L’intrigue se déroule à notre époque et dans la jeunesse du héros qui se souvient de ces doux moments où l’amour et l’amitié poussait aux folies et excès, mais plantait la graine de la fleur nostalgique qui éclorait bien des décennies plus tard. Avec une saveur évidente et une simplicité surprenante, privilégiant les mots aux actions, le scénario nous embarque dans un voyage entre le présent et le futur. Simple et complexe en même temps le scénario tisse une histoire toute en subtilité pour mieux nous interroger sur le regard que l’on se doit de porter sur le passé, avec, pour autant, un regard porté sur l’avenir, et ce qu’il en reste. Jamais dans l’excès, malgré une évidente propension à beaucoup parler, l’intrigue se concentre d’abord sur les sentiments de chacun, sur ces caractères qui se sont mués en leurs exactes opposés pour se découvrir un brin fragile dés lors que la nostalgie frappe à la porte.
Pour sa mise en scène d’ailleurs, le réalisateur Ritesh Batra, ne cherche pas l’excès de zèle, il utilise sa caméra pour les plans serrés et ainsi mieux mettre en lumière ces imperceptibles instants où les sentiments éclairent ou assombrissent un visage. Ces minutes durant lesquelles le ‘inquiétude, ou la tristesse, la naïveté ou la surprise dessine des lignes plus ou moins courbes sur des visages déjà bien façonnés par le temps. De la même manière que pour le scénario, la mise en scène est subtile et pudique en même temps, afin de ne pas surenchérir à l’excès et se retrouver hors sujet.
Côté distribution, Jim Broadbent (Harry Potter et le prince de sang mêlé) se coule parfaitement dans le rôle de ce personnage surprenant de douceur, grognon mais pourtant si attachant, dévoué et déterminé à répondre aux questions du passé. Face à lui,
Charlotte Rampling (Assassin's Creed) ne cesse de rayonner à mesurer qu’elle assume son âge. Mystique et hypnotisant, le charisme de l’actrice ne cesse de se renforcer à mesure que le film avance. Dans le passé on retrouve
Freya Mayor (Cézanne et moi) et Billy Howle (GLUE) qui forment un couple glamour et dont les prestations sont d’une subtilité et d’une précision remarquables.
En conclusion, « A L’heure des Souvenirs » est un film captivant à la mise en scène subtile et précise qui s’interroge sur les méandres de la mémoire, et la nostalgie qui renaît à l’aube du troisième âge. Une œuvre captivante de simplicité qu’un scénario solide et une interprétation inspirée viennent sortir du lot des comédies sentimentales.