À 85 ans, Ruth Bader Ginsburg est devenue une icône de la pop culture. Juge à la Cour Suprême des Etats-Unis, elle a construit un incroyable héritage juridique. Guerrière, elle s'est battue pour l'égalité hommes/femmes, et toutes formes de discrimination. Son aura transgénérationnelle dépasse tous les clivages, elle est aujourd'hui l'une des femmes les plus influentes au monde et le dernier rempart anti-Trump. Betsy West et Julie Cohen nous font découvrir la fascinante vie de celle que l'on nomme désormais "Notorious RBG".
Véritable icone pop et Rock’n’roll, malgré une fonction qui ne s’y prête pas : « Juge à la cour suprême », Ruth Bader Ginsburg est devenue au fil du temps, une véritable institution. Avocate, rapidement spécialisée dans le droit des femmes et des minorités, elle a su mener de front une carrière professionnelle et personnelle compliquée. Portée par son mari, soutenue par ses enfants et forte d’une intelligence hors norme qui la fit grimper tous les échelons, cette juge est pourtant une exception dans un paysage judiciaire complexe qui ne laissait pas beaucoup de place aux femmes dans les années 60 et 70. Pourtant, elle a su, à force de persévérance, de détermination et de travail, s’imposer et faire évoluer les mentalités dans un pays connu pour ses élans conservateurs réguliers.
Le documentaire de Betsy West et Julie Cohen s’est donc donné pour mission de mettre en lumière cette femme incroyable, émouvante, que la vie n’épargna pas mais qui sut toujours trouver de la force dans ses épreuves. Le documentaire tourne principalement autour de sa vie personnelle et de son accession à la plus haute fonction de juge. Si le documentaire parvient en un peu plus d’une et demi à nous faire partager l’histoire de cette femme singulière, il ne peut empêcher un sentiment de frustration chez le spectateur ! Notamment parce que les deux réalisatrices, que l’on sent totalement acquises à la cause de « Notorious RBg », comme elle fut affectueusement surnommée par la jeune génération, manquent peut-être un peu de nuances et font un reportage à sa gloire et ne semble pas trouver de côté obscur (comme chacun de nous en possédons) chez Ruth Bader Ginsburg.
En fait, hors mis le faux pas évident de la célèbre juge américaine lors de l’élection de Donald Trump, les réalisatrices ne parlent que des bons côtés de RBG, sa force de travail lorsqu’elle était étudiante (Elle devait aider son mari qui luttait contre un cancer, élever ses enfants, faire ses devoirs et aider ses amis dans leurs études,…), sa capacité de ne jamais se mettre en colère, son combat pour le droit des femmes et des minorités, etc…, mais même là, le documentaire ne fait que survoler, sans jamais réellement donner toutes les nuances de dossiers beaucoup plus complexes qu’ils n’y paraissaient, ou alors les obstacles qui lui fermèrent bien des portes au début de sa carrière. Nous suivons les moments clés, l’intimité, le tout dans un déluge de sourires et de tendresses, compréhensible mais qui donne plus l’impression de visionner un making Of promotionnel qu’un documentaire complet sur une personnalité remarquable de l’institution juridique américaine. Comme si parler également des faiblesses de RBG serait une insulte à sa personnalité !
D’ailleurs, c’est un autre reproche que l’on peut faire au documentaire de Betsy West et Julie Cohen que de ne pas mettre suffisamment en avant la violence des attaques dont elle fut victime, car si ce n’est en introduction où l’on entend deux trois phrases odieuses la concernant, nous ne visualisons pas l’ampleur des remarques sexistes, antisémites et autres horreurs qu’elle dut subir sans jamais flancher. Les réalisatrices parlent de Simone Veil et Simone de Beauvoir comme référence pour mieux comprendre Ruth Bader Ginsburgh, mais les différents documentaires qui les concernent montrent toutes les nuances de leur personnalité et bien sûr ne mettent pas un voile sur les horreurs qu’elles entendirent durant leurs carrières.
En conclusion, « RBG » est un documentaire sur Ruth Bader Ginsburg, juge à la cour suprême des Etats-Unis, connue pour son combat pour le droit des femmes et des minorités et pour ses positions progressistes, réalisé par Besty West et Julie Cohen. Un film qui nous permet de découvrir cette figure majeure de la scène politico judiciaire américaine, mais qui manque de nuance et de profondeur pour être totalement convaincant.