Roman aime Camille, autant qu'il aime ses deux filles. Mais il cache à tous un grave problème d'addiction, qui pourrait mettre en péril ce qu'il a de plus cher. L'amour a-t-il une chance quand la confiance est rompue ?
Un sujet grave mais un espoir constant. C'est le cœur du sujet du premier film en tant que réalisatrice d'Audrey Diwan, scénariste de « La French ». Pendant que ses enfants jouaient dans un parc, la réalisatrice engagea la conversation avec une femme qui créa la surprise en lui disant : « Vous avez de la chance de les avoir ! ». Alors que la discussion s'engage, la jeune femme se confie à la réalisatrice et lui explique que son mari les a contaminés à la cocaïne et que ses enfants lui ont été retiré. Après s'être renseigné, la réalisatrice en tira un scénario tout en sensibilité et en pudeur. Cherchant, dans un premier temps, à comprendre comment un homme a pu cacher puis contaminer sa famille, en la mettant en danger l’auteur a dirigé petit à petit l'intrigue autour d'une relation complexe, d'une dualité sous-jacente dans laquelle l'amour est mis à mal. La femme est d'abord considérée comme complice, avant d'être victime. Elle devrait haïr son mari de les avoir mis en danger, mais l'amour et l'attirance, qu'elle éprouve pour son mari semblent plus fort que tout. Une base idéale pour en tisser un film émouvant et juste.
Pour son premier film, si la réalisatrice parvient à tisser une histoire toute en justesse et en émotion, sa mise en scène manque de chaleur et reste trop à l’écart pour créer de l'empathie. La caméra se tient à distance de ses héros, et même si l'ensemble repose sur un socle solide, le film souffre parfois d'un surplus de tension mal tenue. Du coup le message du film se floute et manque sa cible. Pourtant, certaines scènes sont particulièrement réussies comme lorsque Camille tente de joindre son mari Roman qui s'occupe de ses filles et qu'elle n'y parvient pas. La réalisatrice soutien un rythme tendu qui ne nous lâche pas jusqu'au dénouement de la séquence. Des passages particulièrement réussis qui donnent finalement un certain sens à l'ensemble et le sauve du naufrage. A cheval entre espoir de rédemption et chronique judiciaire aseptisée, la réalisation d'Audrey Diwan se veut encore un peu hésitante mais sa sensibilité et son sens de l'écriture viennent atténuer les quelques faux pas de sa mise en scène.
Cote distribution
Pio Marmai (En liberté) continue un parcours solide avec très peu de faux pas. L'acteur signe une prestation solide, dans laquelle il évite la caricature. Face à lui
Celine Sallette (Vernon Subutex) accroche le spectateur par une composition sensible toujours en retenue, même dans les instants les plus tendus. Les deux acteurs forment un duo cohérent et portent avec brio cette histoire sur leurs épaules. Et même si parfois les jeux manquent de justesse, certainement, à cause d'une direction d'acteurs encore un peu hésitante, les acteurs parviennent à nous toucher dans les instants les plus fragiles.
En conclusion, « Mais vous êtes fous » est un film qui manque encore de maturité dans sa mise en scène, mais dont la sincérité du scénario et le jeu des acteurs, même si parfois inégale, parvient à porter un discours juste sur les drames de l'addiction. Inspiré d'une histoire, ce film a le mérite de poser la question sur les ravages de la drogue.