Quand son fils Henri menace de partir vivre chez son père, Justine l’embarque de force dans un road trip sur la côte Atlantique avec son nouveau compagnon Ludo et son beau-fils Joseph. Au programme des vacances : unir sa famille recomposée coûte que coûte ! Mais très vite l’aventure déraille et Justine déchante. Pourtant, de ce chaos naît progressivement un groupe de musique, « Les Hennedricks », dans lequel chacun libère sa folie. Cette nouvelle complicité permettra-t-elle à la famille atypique de trouver enfin son harmonie ?
Pour son premier long-métrage la réalisatrice Laurence Arné a puisé dans sa propre vie pour livrer sa vision des difficultés de la famille recomposée, ce que cela demande comme concession, mais aussi comme culpabilité de n’être pas resté avec le père ou la mère de son propre enfant et la crainte de lui créer une instabilité. De ce point de départ, elle a écrit un premier scénario, puis a demandé l’aide de Cecilia Rouaud (Arrête avec tes mensonges) pour mieux développer la psychologie des personnages et mieux cerner les différentes étapes de l’intrigue pour que l’ensemble soit cohérent.
Et le résultat est un scénario assez efficace qui véhicule beaucoup de questionnement, qui ne répond pas à tout mais apporte suffisamment de positif pour être la base solide d’une intrigue qui peut faire une jolie comédie. Et forcément nous pensons immédiatement, par l’effet de ce road movie familial, à « Little Miss Sunshine » (2006) de Jonathan Dayton et Valérie Faris, tant l’intrigue s’inscrit dans cette veine, avec une famille qui décide de prendre la route pour une destination plus ou moins entendue, dans le but de redonner de la lumière à l’un des enfants, enfermé dans une sorte de lassitude, liée à la séparation de ses parents et à la difficulté de se retrouver dans le schéma de la famille recomposée. Et c’est une excellente idée, car, sans être plus ambitieuse que de tenir son sujet et de lui apporter toute sa fraicheur et toute son énergie, la réalisatrice signe un premier scénario qui fourmille de bonnes idées.
Et tout n’est pas parfait dans sa mise en scène, mais il y a une véritable intention d’apporter de l’énergie de la fraicheur dans une rythmique qu’elle maintient tout au long de son film, comme la partition des morceaux que jouent les personnages. Et c’est là l’une des meilleures idées de la réalisatrice que de ne jamais sombrer dans le pathos ou dans le trait surligné grassement pour donner une ampleur mélodramatique aux relations entre les personnages. Elle créé une véritable empathie autour de chaque membre de la famille et le spectateur se laisse embarquer dans ce road-movie rafraichissant, sans pour autant oublier de répondre à la question de départ : « Comment peut-on « Faire Famille » en sortant du schéma traditionnel ? ». Et bien, en étant sincère et à l’écoute les uns des autres.
Enfin pour donner corps à son histoire, Laurence Arné a pu compter sur Dany Boon (Bienvenue chez les Ch’tis) qui continue de cultiver son personnage sympathique, parfois lunaire, un peu gauche, à la Bourvil (La Grande Vadrouille), mais également aux deux jeunes comédiens Ferdinand Redouloux (Le Consentement) pour son côté un peu « Droopy », adolescent Nonchalant et puis Jehan Renard (Un Petit Miracle) pour l’énergie positive qu’il dégage tout au long du film. Un premier film réussit, qui n’a, malheureusement pas trouvé son public dans les salles, mais qui saura, à coup sûr trouver une place de choix sur les étagères de nos vidéothèques.