Dark water

Titre Original
Honogurai mizu no soko kara
Genre
Pays
Japon (2001)
Date de sortie
mercredi 3 décembre 2003
Durée
97 Min
Réalisateur
Producteurs
Takashige Ichinose
Scénaristes
Yoshihiro Nakamura, Ken-Ichi Suzuki
Compositeur
Kenji Kawai
Format
Dvd 9
Informations
Complémentaires
Pour écrire sa nouvelle L'Eau flottante, l'auteur Kôji Suzuki s'est basé sur l'une de ses propres expériences. "Il y a sur le toit de l'immeuble un container identique à celui décrit dans la nouvelle et dans le film", raconte-t-il. "Personne ne va jamais là-bas, sauf pour faire des feux d'artifice ou pour en apercevoir. Un soir, je suis monté avec mon fils, justement pour regarder un spectacle. Quand nous sommes arrivés sur le toit, j'ai vu un petit sac à main rouge posé au-dessus du réservoir d'eau. En l'ouvrant, j'ai trouvé un maillot de bain. Il n'y avait rien d'autre. Je n'ai pas compris ce que faisait ce sac à cet endroit là. Bien que cela soit étrange, j'ai imaginé qu'une femme venait nager là."
Langues
PCM
Label
SS.Titres Film
SS.Titres Bonus
SS.Titres Commentaire
Japonais
Non
Non
Non
Français
Oui
Oui
Non
Le Film
Critique de Alexandre Czapski
Editeur
Edition
Simple
Label
Zone
2
Durée Film
97 min
Nb Dvd
1


Synopsis :

 

Yoshimi Matsubara vient de divorcer. Elle élève seule, dans des conditions difficiles, Ikuko, sa fille âgée de six ans. Pour améliorer leur quotidien, elle décide d'emménager dans un appartement plus grand. Mais une fois sur place, les lieux se révèlent insalubres. Des bruits étranges retentissent à l'étage supérieur. Puis, du plafond, commence à tomber de l'eau, qui, lentement, envahit le domicile. Chaque goutte devient alors une bombe destinée à faire voler en éclats la vie fragile de Yoshimi...

 

 

Critique subjective :

 

Ring ?

Ce film de Nakata fût l’élément déclencheur du renouveau du film d’horreur, pas seulement au Japon mais plus largement, en Asie. Il engendra un réel engouement du public et des producteurs pour les films de spectres. Dark Water est « un produit » de cet enthousiasme. À l’origine, Dark Water est un recueil de nouvelles rédigé par Koji Suzuki, l’auteur de Ring, un romancier japonais célèbre et prolifique dont la jeune oeuvre est à juste titre comparée à celle de Stephen King. Ce sont les producteurs de Nakata qui réussirent à le convaincre de porter à l’écran l’adaptation de l’une des nouvelles de ce recueil : L'Eau flottante.

 

K(w)aidan eiga

Les films d’Idéo Nakata font souvent référence aux films de fantômes traditionnels. Ces kaidan (ou kwaidan eiga) sont fortement marqués par le théâtre populaire Kabuki et Nô. De ces pièces, les kaidan eiga ont hérité une forme de représentation très codifiée des personnages. Ainsi, les fantômes sont souvent des femmes, avec de longs cheveux noirs et vêtues d’une longue robe blanche. On ne peut, dès lors, s’empêcher de penser au fantôme du film. Pourtant, même s’il joue avec les représentations classiques de l’horreur japonaise, Nakata nous propose un film qui s’inscrit réellement dans notre époque. Il se joue du spectateur en lui proposant une terreur cinématographiée issue des craintes « urbaines ». La solitude, l’enfermement mais liés aux thèmes de l’urbanisation : un couloir vide, une cage d’ascenseur, deviennent les personnages effrayant d’un conte fantastique qui se déroule à l’intérieur d’un immeuble humide…

 

Les murs pleurent…

 

Dans Dark Water, l'eau est un facteur important (tout comme dans Ring ou dans Chaos, deux autres films de Nakata). Elle entretient entre le langage cinématographique (le film d’un point de vue technique) et l’objet cinématographié (le film d’un point de vue symbolique) des liens symbiotiques d’une logique imparable.

 

Les «kaidan eigas» jouaient avec les effrois que peut provoquer la nature. C'est aussi souvent un élément naturel qui permet aux morts de communiquer avec les vivants. Au Japon, l’eau (mizu) est le symbole d’une force incontrôlable, d’une pulsion qui déborde et transforme l’individu en monstre. Elle s’insinue partout, elle va dans tous les sens : elle emporte. En prenant en compte cette symbolique, il n’est donc pas si étonnant de découvrir l’issue dramatique du film. De plus, la force de l’eau est une force Yin, dite féminine. Ce n’est donc pas non plus un hasard si le fantôme du film, celui qui provoque tous ces déluges aquatiques, est une petite fille.

 

Par ailleurs, pour Nakata, l’eau « (…) est un élément très cinématographique. On peut la mettre en scène sur le plan acoustique. Le bruit de la pluie ou des clapotis mettent en valeur le hors champ (…). Pour Dark Water, j'ai filmé beaucoup de scènes de pluie » (Hideo Nakata). Cette pluie, dérangeante, propose donc une atmosphère enveloppante au spectateur : aussi bien sur le plan sonore que visuel. Elle suggère, de part l’impossibilité de l’homme à pouvoir la domestiquer, l’inaptitude des personnages à pouvoir lutter contre ce qui leur arrive. Ce hors champ vide, mais rempli de pluie, ne laisse donc pas de place à un élément extérieur susceptible de pouvoir aider Yoshimi et Ikuko. La petite famille est isolée, entourée par les eaux…

 

« Mes références sont les films d’horreur dits classiques, comme Le Conte Fantastique de Yotsuya (Tôkaidô Yotsuya Kwaidan de N.Nakagawa, 1951). (…) Sur les conseils de Hiroshi Takahashi (scénariste) et de Kiyoshi Kurosawa, j’ai redécouvert les œuvres de Carl Dreyer, de Robert Wise, de Cronenberg... » (Hidéo Nakata)

 

A la Tourneur ?

 

Il y a pourtant un autre cinéaste auquel on ne peut s’empêcher de penser en regardant les films de Nakata et notamment Dark Water. Il s’agit de jacques Tourneur. Bazin disait, à propos des films Tourneur : « C'est un cinéma de voyant, non plus d'action (…). Le personnage est devenu une sorte de spectateur (…). Il enregistre plus qu'il ne réagit, Il est livré à une vision, poursuivi par elle ou la poursuivant, plutôt qu'engagé dans une action… ». Le film est comme la lente découverte d'un univers parallèle. C’est une sorte de rite initiatique, de naissance à un ordre caché des choses. Nous voyons les personnages voir cet ordre caché sans que la signification de leurs visions soit complètement explicitée. Le film rend compte du thème de l'objet angoissant que l'on ne voie pas (ou peu), et angoissant pour cette raison même…

 

« Il faut savoir exprimer le suspense et l’angoisse avant de parvenir à l’horreur. J’aime les peurs lancinantes, s'énonçant sur la durée ». (Hidéo Nakata).

 

La caméra ne peut (ou ne veut) pas saisir le fantôme pendant la majeure partie du film. On ne devine que sa silhouette dans l’encadrement d’une porte ou son ombre projetée sur un mur. Une scène du film illustre en particulier cette retenue. Yoshimi, la mère, regarde le plafond de l’appartement. De nombreuses gouttes tombent de la large auréole qui s’est dessinée pendant toute la première moitié du film. La caméra effectue alors un mouvement vertical. On s’attend alors à ce quelle traverse cette interface de plâtre et de béton, qui sépare allégoriquement le monde réel de celui des ombres et du secret. Pourtant le mouvement s’arrête. La caméra (et donc le spectateur) reste avec la petite famille décomposée, dans cet espace réduit et suintant, toujours  au seuil de ce qu’il est impossible de figurer.

 

La narration est dénuée de grandiloquence. C’est un autre aspect du film qui nous renvoi au cinéma de Tourneur. Nakata érige l'économie des moyens en principe : « Je filme de la manière la plus naturelle, la plus simple possible. Dès que l’on fait preuve de trop d’ostentation, un mur se dresse entre la fiction se déroulant à l’écran et le public. Pour un film de science-fiction ou d’aventure, cela ne pose pas de problèmes, mais pour des films plus intimistes, plus réalistes, la démesure est gravement nuisible ».

 

Un dernier mot : à (a)Voir ?

Dark water est un film à voir absolument : Hidéo Nakata nous propose un mélange original d’horreur et de drame particulièrement bien ficelé et l’édition, de part la qualité des bonus, en fait résolument un dvd à avoir…
L'image
Couleurs
Définition
Compression
Format Vidéo
16/9 anamorphique couleur
Format Cinéma
1.85:1


Le master est de bonne qualité : dépourvu de taches et de griffes. Les couleurs sont belles et bien saturées. Les noirs profonds et les ombres bien dessinées. Malheureusement, la présence de nombreux fourmillement est à déplorer. Pourtant, il y a fort à parier que ces petits ennuis nous viennent du format d’origine et non pas d’une compression hasardeuse. L’ensemble est toutefois plutôt satisfaisant.

Le Son
Langue
Type
Format
Spatialisation
Dynamique
Surround
Français
5.1
Japonais
5.1


Les deux pistes dolby digital 5.1 proposées sont toutes deux identiques sur le plan technique. Les enceintes surround sont sollicitées à bon escient : les ambiances sont réellement enveloppantes et participent à l’immersion du spectateur. La musique est bien spatialisée et sort de toutes les enceintes. Les dialogues sont clairs et intelligibles en toutes circonstances. Les dynamiques sont impressionnantes : la scène durant laquelle le fantôme percute le réservoir d’eau est totalement saisissante. On ne pourrait que regretter l’absence de la piste japonaise en DTS ES, présente sur certaines éditions zone 3…   

Les Bonus
Supléments
Menus
Sérigraphie
Packaging
Durée
77 min
Boitier
Amaray


 

 

 

 

Interactivité :

Les menus sont de très belle facture. Ils sont tous animés. C’est une belle réussite sur le plan graphique. On ne peut que regretter que de temps à autre ils soient un peu difficiles à lire. Nous pourrons noter également qu’il est impossible de changer les pistes à la volée.

 

 

 

 

 

Les bonus :

Comme bien souvent, les éditions Studio Canal nous proposent des suppléments inédits en France. C’est encore le cas ici, avec ces reportages préparés spécialement pour cette édition par Fenêtre sur Prod. L’ensemble s’avère être particulièrement intéressant. Ce point, qui devrait pourtant être l’élément déterminant pour le choix d’un bonus, est devenu tellement rare qu’il mérite, ici, d’être mis en avant. Ce ne sont donc pas de vielles featurettes « faire valoir » qui nous sont proposées ici. Le long entretient de 40 minutes entre Nakata et Jean Pierre Dionnet aborde les thèmes et la symbolique du film. Même s’il est un peu long, il reste pourtant passionnant du début à la fin. Le portrait du réalisateur, réalisé à Gerard’Mer (19’13’’), est remplit d’anecdotes des plus drôles. Nakata y est présenté comme un passionné et la bonhomie dont il fait preuve en fait un personnage très attachant. Le troisième bonus de cette édition est un entretient entre Hidéo Nakata et l’un de « ses plus fervents admirateurs : Vincenzo Natali» (13’39’’). Ce petit échange est particulièrement enthousiasmant. L’auteur de Cube et de Cypher  pose certaines questions très pertinentes à Nakata : l’économie des moyens, la symbolique de l’eau ou encore réserve avec laquelle Nakata fait usage du gros plan. Reste ce trop court entretient avec Kenji Kawai (3’58’’). Celui qui composa la musique du film nous présente quelles furent ses influences…
Bonus
Livret
Bande annonce
Biographies
Making of
Documentaire
Interviews
Com. audio
Scènes sup
Fin alternative
Galerie de photos
Story board
Multi-angle
Liens internet
Interface Rom
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Filmographies
Clips vidéo
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Bonus Cachés
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