Une femme dangereuse

L'histoire

 

Les frères Joe et Paul Fabrini (Georges Raft et Humphrey Bogart) sont chauffeurs routiers sur leur camion, acheté à crédit, qu’ils essaient de rembourser en travaillant pour divers commanditaires qui leur font parcourir le pays, chargés de diverses marchandises. Malheureusement, les routes ne sont pas sûr et, à la suite d’un léger accident, ils sont forcés de réparer une roue cassée dans le relais routier de Barney. C’est là qu’ils rencontrent Cassie Hartley, qui vient d’y être engagée comme serveuse et qui tape dans l’œil de Joe.

Leur "patron" du moment, Mike William qui leur doit de l’argent, profite de cet accident pour lancer un huissier à leur trousses. Les frères Fabrini parviennent de justesse à échapper à leur créancier et décident de se rendre chez William à San Francisco pour réclamer leur dû. En rentrant chez eux, ils croisent Cassie au bord de la route. Celle-ci a démissionnée de son travail, en raison des mains baladeuses trop fréquentes de son patron. Joe décide de l’aider à s’installer à Los Angeles pour qu’elle y trouve un nouveau travail.

Autour du film

Le film est réalisé par Raoul Walsh et à la particularité d’être le dernier film où Humphrey Bogart joue un second rôle. Les rôles principaux sont tenus par George Raft, qui joue ici le rôle d’un homme honnête et droit, à contre-pied de ses habituels rôles de gangster. Ann Sheridan interprète très bien un rôle un peu effacé, mais avec certaines phases fortes, au début et à la fin du film. Enfin Ida Lupino joue à merveille le rôle de cette femme machiavélique et aveuglée par son amour qui finira par se mêler de haine. Lupino sera d’ailleurs à nouveau la partenaire de Humphrey Bogart en 1941 dans « High Sierra ».

Le scénario est basé sur le roman « The Long Hand » de A.I. Bezzerides, avec une seconde partie du film fortement inspirée du film « Bordertown » (1935). Le film fût tourné durant cinq semaines dans un ordre chronologique, qui simplifiait l’implication des acteurs dans leur rôle.

Critique subjective

Ce film est assez surprenant de part la tournure inattendue que prend l’intrigue dans la seconde moitié de son déroulement. La première partie du film est une chronique intéressante de la difficile vie des camionneurs dans une Amérique qui recommence à prospérer après la difficile période du début des années 30. Elle met en avant de façon réaliste la poursuite difficile du ‘rêve américain’ de réussite, grâce au travail et à l’ambition. Quand à la vie quotidienne des routiers, il semble qu’elle n’ait pas beaucoup changé en plus de 60 ans !

La seconde partie du film est un polar assez noir où le machiavélisme d’une femme le dispute à sa folie. L’intérêt du spectateur est ainsi relancé, après un petit flottement dans le dynamisme de l’ensemble en milieu de film. Il est dommage que le final soit si prévisible et qu’on ne nous épargne pas le classique ‘Happy End’ à l’américaine. Le film reste néanmoins intéressant et vous fera passer un bon moment avec un Bogart qui, pour une fois, n’incarne  pas un grand séducteur et joue son rôle avec justesse et humanité. Georges Raft est très convainquant, mais ce sont surtout les deux actrices principales, Ann Sheridan et Ida Lupino qui tirent le film par leurs excellentes interprétations de rôles très riches.

Le film est en noir et blanc au format 4/3. L’image a été très bien restaurée. Les contrastes sont très soignées et font bien ressortir les jeux d’éclairages. L’avantage de travailler en studio est de pouvoir contrôler la lumière dans les moindres détails et le réalisateur ne se prive pas d’exploiter cet atout. Il n’y a pratiquement aucune tâche ni rayure sur l’image. Même les scènes ‘spectaculaires’ des accidents de camion, ressortent bien, témoignant du travail soigné de la restauration de l’image de ce film de 1940.

Le DVD ne propose que deux pistes sonores en Dolby Digital 1.0 mono anglais et italien. Des sous-titres sont disponibles dans plusieurs langues, dont le français

La piste anglaise bénéficie d’une dynamique correcte et les voix sont claires. On remarque un très léger souffle, mais celui-ci n’est pas gênant lors du visionnage du film.

Pour cette édition, Warner nous propose quelques suppléments intéressants par leur qualité, si ce n’est par leur quantité :

 

Routes séparées : l’histoire d’une femme dangereuse (10 minutes)

Ce documentaire combine interviews et images d’archives pour nous raconter la production de ce film et la façon dont il a été accueilli par le public. La progression est claire et l’ensemble apporte un regard intéressant sur les productions de cette époque.

« Swingtime in the movie » - Court-métrage

Ce court-métrage, en couleur, nous raconte l’histoire d’une serveuse à la cafétéria d’un studio de cinéma. Celle-ci rêve de devenir une star, à l’égal des nombreux clients qu’elle sert. Elle finira par se faire remarquer et par jouer dans un film.

Bande annonce originale