La couleur du mensonge

L'histoire :
Accusé d'avoir tenu des propos racistes envers deux étudiants, le professeur Coleman Silk (Anthony Hopkins) démissionne brutalement de son université. Alors qu'il tente de rétablir la vérité, il fait la rencontre de Faunia Farley (Nicole Kidman), une jeune femme mystérieuse, tourmentée et sulfureuse. Cette relation passionnelle va faire chavirer ses certitudes et son existence, de profonds secrets font alors surface ...

La critique :
La Tache, écrit par Philip Roth, termine son American trilogy  après Pastorale américaine  et J'ai épousé un communiste. Ce roman a remporté, excusez du peu, le PEN/Faulkner Award 2001 et le Prix Médicis du roman étranger 2002. Le scénariste, Nicholas Meyer, a alors collaboré avec Robert Benton pour une adaptation aussi proche que possible de l'esprit du livre.
Dès les premiers instants, le ton est donné avec cette voiture qui, dans une lumière froide, circule sur une route au coeur d'un paysage enneigé. Aussitôt, nous ressentons que le film s'installe dans la densité et la profondeur. Les personnages sont également introduits très rapidement, sans fioritures scénaristiques qui, trop souvent, pallient une faiblesse de l'histoire. Le vénérable doyen d'université Coleman Silk (Anthony Hopkins) est mis en cause par son administration pour des propos prétendument racistes à l'égard de deux de ses étudiants. Sa carrière est, dès lors, ruinée sur la seule interprétation intellectuellemnt abusive du mot "zombie". Ce point est l'un des deux axes du film, à savoir la mise en évidence des aspects moralisateurs et censeurs de la société américaine. Avec la même volonté, les principaux personnages adoptent des comportements anticonformistes en fumant constamment, en ayant une sexualité débridée et "libérée" du cadre du mariage, allant jusqu'à aborder l'inceste, la différence d'âge dans l'amour, une violence physique et psychologique engendrées par le traumatisme de la guerre du Viêt-Nam ... autant de points qui donnent aux scènes de la profondeur, de la gravité et, par-dessus tout, du sens. Car ici, rien n'est dit ou fait par hasard, chaque scène trouve sa justification dans l'histoire personnelle d'un personnage ou dans l'histoire collective de l'Amérique d'après guerre. A cet effet, l'enchaînement des passages et les différents flash-back sont incroyablement judicieux, bien que souvent prévisibles.
Le deuxième axe du film, quant à lui,  réside dans la difficulté de porter le fardeau d'un secret toute une vie. Nicole Kidman incarne une femme tourmentée au passé tragique, vivant au jour le jour en dehors de tout matérialisme. Elle ne manifeste pas la volonté d'une reconstruction mais simplement tente de dompter ses névroses, à l'image d'un Anthony Hopkins tenaillé par ses origines. Les acteurs se livrent à fond dans cet "exercice", aidés par des seconds rôles tout aussi efficaces, comme celui interprété par Gary Sinise, un écrivain témoin et Ed Harris, un ex-mari vindicatif.     


En conclusion :
L'adaptation du livre de Philip Roth est convaincante. Elle nous entraîne dans l'histoire intime des deux principaux protagonistes, chacun servant de miroir à l'autre. L'histoire ajoute une vision pertinente d'un courant de pensée propre à la société américaine, sans caricature. Le tout est lié par un jeu d'acteurs parfaitement adapté à l'oeuvre et une réalisation efficace. On regrettera juste que le traitement du DVD (audio, vidéo et interactivité) soit bien en-deçà des qualités intrinsèques de ce film ... 

Plutôt bien définie, l'image est pénalisée par son côté terne. Ainsi, la neige manque de reflets, de brillance, et les textures de peau ont un aspect plastique pas très heureux. Assez sombre dans l'ensemble, elle reste néanmoins lisible. Son traitement quelconque ne transcende pas les scènes clés. A noter que quelques défauts de compression s'invitent au spectacle ...

Le Dolby Digital 5.1 concerne la VO et la VF, théoriquement on ne s'en plaindra pas. En revanche, l'écoute est des plus décevantes, la restitution est exclusivement frontale avec parfois une absence de la voie centrale. Cela amène un manque évident d'intelligibilité des dialogues, très dommageable pour ce genre de film. La VO offre des dialogues sensiblement plus présents et surtout une bien meilleure crédibilité, tant le doublage laisse à désirer ...

Le dessin des menus leur confère une touche énigmatique, musique et animation leur donne agréablement vie.
- Film : lancement du programme principal.
- Chapitres : vignettes animées (trop petite dimension), numérotation et titres des séquences.
- Versions : choix entre les deux versions (avec rappel explicite du format audio concerné) et activation du sous-titrage, le cas échéant : une section complète et bien faite.
- Suppléments :
Bande annonce (1min44, VO sous titrée, DD 2.O) : classique mais efficace. A noter qu'au démarrage du DVD les bandes annonces suivantes nous sont "imposées" : L'enfant au violon, Ken Park, La Felicita, Le jour d'après et Une adolescente.
Interviews (7min19, VO sous tutrée, DD 2.0) : le réalisateur et les acteurs interviennent dans une séquence très convenue dans laquelle chacun déclare être heureux d'avoir participé à ce film. Donc, aucune information captivante hormis une courte phrase d'Antony Hopkins qui affirme avec sincérité détester le politiquement correct ...

On pourra résumer l'interactivité avec la formule : la forme au détriment du fond ...