Top secret

Résumé du film :

Star américaine du rock, Nick Rivers (Val Kilmer) arrive à Berlin-Est pour participer au Festival International de la Culture. Mais, derrière cet événement se cache un sombre dessein : celui du général Streck (Jeremy Kemp) qui veut réunir les deux Allemagnes sous sa botte !

Film fou pour débutant célèbre

Comment réitérer le succès phénoménal de Y a-t-il un pilote dans l'avion ? et Hamburger film sandwich ? C'est la question que se pose en 1982 Jim Abrahams et les frères David et Jerry Zucker qui, en quelques années, ont révolutionné la scène comique américaine d'abord avec leur troupe, ensuite avec leurs parodies de films catastrophes ou les épisodes de Y a-t-il un pilote dans l'avion ? Les ZAZ, car c'est ainsi qu'ils sont désormais appelés, arrivent donc avec un concept un brin tordu : mixer film d'espionnage et hommage à Elvis Presley dans une parodie des deux genres ! Les producteurs suivent : ce sont les mêmes depuis le début et cela leur a plutôt bien réussi !

 

Première curiosité amusante de Top Secret !, cette comédie marque les débuts à l'écran de celui qui deviendra Batman ou Le Saint : Val Kilmer. Il a 24 ans quand les ZAZ le remarquent au théâtre dans une tragédie de Shakespeare, puis dans une pièce tirée du folklore écossais. Cette souplesse d'adaptation a dû les toucher car dans Top Secret ! Val Kilmer doit successivement faire la cour à une jeune femme, sauter en parachute, nager sous l'eau, supporter la torture, se balancer à des lustres, sans oublier de danser des rocks endiablés et de chanter... tout cela sans doublure ! Pour ce film totalement fou, entièrement tourné en Angleterre (la ville de Berlin a été reconstituée à trente kilomètres de Londres !), l'équipe entoure Val Kilmer de comédiens très sérieux qui, pour la plupart, viennent du théâtre anglais et sont là pour s'éclater. C'est ainsi que le rôle du diabolique général Streck est joué par Jeremy Kemp. Acteur venu de l'Old Vie, l'une des plus prestigieuses compagnies théâtrales britanniques, sa voix grave et son physique bleu acier l'ont imposé dans les rôles de généraux (Un Pont Trop Loin, Opération Crowbow). Il se lâche ici comme jamais. Tout comme Michael Gough, grand acteur et pur produit de l'aristocratie britannique, que les fans de cinéma d'horreur mais aussi ceux de la série Batman connaissent bien (il est le majordome du vengeur masqué). Il est ici le docteur Flammond, un drôle de savant fou.

 Et que dire de Omar Sharif et Peter Cushing ? Le premier reste l'acteur inoubliable de Lawrence d'Arabie ou Docteur Jivago avec une filmographie riche de près de 300 titres. Le second fait frissonner les amateurs d'épouvanté. Figure légendaire des studios Hammer, il fait ici un numéro hallucinant en parlant et se déplaçant à l'envers. Entre un scénario déjanté et des acteurs venus visiblement là pour s'amuser, l'alchimie est parfaite. Un plaisir que partageront en 1984 les spectateurs qui se précipiteront dans les salles. Quant à la critique, elle comparera ce film à Hellzapoppin pour son tourbillon de gags et de non-sens. Un film qui s'inscrit parfaitement dans leurs œuvres folles, poursuivit quelques années plus tard par la série des Y a-t-il un flic pour... ?

Les films des années 80 sont souvent abîmés. Top secret, contrairement aux épisodes précédents des « Pilotes dans l’avion » présente une définition correcte et un master assez lisse. Un grain léger mais persistant prend place tout au long du film mais ne gâche vraiment pas le plaisir. Les couleurs sont pâles et les contrastes peu appuyés.

Grand dilemme : préférer la VF pour apprécier les (plutôt bonnes !) traductions des nombreux jeu de mots et accepter un mono à la dynamique anémique et aux aigus grésillants ou préférer la VO élégamment remixée en 5.1 avec une dynamique faible mais de bonne humeur et des dialogues qui se détachent clairement sur le canal central ? A vous de jouer sachant que la VO dispose d’une spatialisation agréable, parsemée d’effets surround superficiels mais qui écarte sensiblement les parois étriquées de la VF mono.

On sait que Paramount est du genre avare en suppléments. On est presque peu déçu finalement de constater l’absence cruelle de tout document qui aurait permis de prendre part aux joies du tournage qui, indiscutablement à du être parsemé de nombreux fous rires, tant dans la mise en place des dialogues que des effets « spéciaux » à deux balles ! Sans doute sous l’impulsion des réalisateurs eux-même cette édition présente un commentaire audio qui malheureusement est extrêmement décevant. Les réalisateurs se contentent de pouffer de rire devant leurs blagues et ne révèlent au final que peu d’éléments permettant d’éclairer les conditions de tournage et leur méthode d’écriture. Bien sur, les plus tenaces qui iront au terme de ce commentaire parsemée de « private jokes » - sans doute le plus agaçant dans ce type d’exercice « public » - récolteront quelques anecdotes mais c’est bien maigre. Reste le plaisir de voir à nouveau les nombreux gags, sans la bande sonore, ce qui leur confère parfois un contre sens assez amusant.