L'histoire :
Après avoir frôlé la mort, la combattante Chung Kuei se remet difficilement d'une blessure au dos infligée par le 'Démon Noir' et ses Griffes de Jade. Retirée depuis 3 ans dans un village, elle se fait passer pour une servante, et vit auprès de Maître Wang et Chan-chung, un jeune homme secrètement amoureux d'elle. Tsui-ping, une experte dans le maniement du fouet, cherche à exterminer le Démon Noir pour se faire remarquer par Chun Kuei, dont elle rêve de devenir l'élève. Mais sa nature impulsive attire rapidement les brigands du coin, qui lui tendent un piège...
Critique subjective :
Après
Trio magnifique(1966),
Frères de sang(1973),
2 Héros (1974), Wilde Side Video continue à nous gâter avec une version restaurée du film
Le retour de l’hirondelle d’or (1968) réalisé par
Chang Cheh . Cette fois l’héroïne incarnée par
Cheng Pei-Pei revient dans Les griffes de Jade sous la direction de Meng-Hwa Ho qui est considéré comme un véritable réalisateur de studio et s‘est spécialisé très vite dans le wu xia pian et le kung-fu pian. On peut le considérer comme un bon artisan du genre ce qui est expliqué dans le document bonus, Ho Meng-Hua : « le commercial ». Les Griffes de Jade ( Lady Hermit, 1968), un énorme succès qui reste certainement son film le plus célèbre, fait parti d’une série de wu xia pian avec une dimension très fantaisiste comme Killer Dart ou The Jade Raksha dans lequel il dirige
Cheng Pei-Pei.
On retrouve Cheng Pei-pei , une grande figure féminine du film de sabres et l’héroïne de L’Hirondelle d’or(1966) de King Hu qui reprend du service dans
Le retour de L’hirondelle d’or(1968) de Chang Cheh qui laisse la vedette à
Jimmy Wang Yu (
Un seul bras les tua tous) et
Lo Lieh (La main de fer). Par la suite
Cheng Pei-Pei apparaîtra dans des films plus contemporains comme
Fist Power (2000) ou l’hommage au Wu Xia Pian de Ang Lee, Tigre et dragon (2002) où elle interprète le rôle de Jade la hyène qui est très proche de son personnage dans
Le retour de l’hirondelle d’or et Les griffes de Jade à la différence qu’elle y interprète un personnage de voleuse. On la retrouvera en 2006 dans The Counting House, un film d’horreur co-réalisé par Carlo Giudice et Paolo Marcellini.
Dans ce film, Cheng Pei-Pei passe le relais à la jeune Shih Szu (Tsui-Ping) qui a connu une carrière moins fournit que Cheng Pei-Pei mais signe une belle interprétation très volontaire. On a pu la voir après Les griffes de Jade dans Les Sept Vampires d'or (1974), Five Shaolin Masters (1974)
Shaolin Temple (1976) ou Le tigre de Jade (1977). On assiste à une passation entre les deux actrices à la fois entre les deux héroïnes du film et dans la réalité.
A leurs côtés,
Lo Lieh que l’on a pu voir dans l’un des premiers
Chang Cheh,
Trio magnifique (1968), puis
Le retour de l'hirondelle d'or (1968) , un western spaghetti
La brute, le colt et le karaté (1974),
L'enfer des armes (1980) de
Tsui Hark ou
Flying Dagger (1993).
Les griffes de Jade est l’occasion de découvrir la jeune Shih Szu qui interprète le rôle d’une jeune justicière particulièrement tenace dont le but principal est de retrouver la combattante Chung Kuei et de devenir son élève. Tsui-ping, une experte dans le maniement du fouet, cherche à exterminer le Démon Noir pour se faire remarquer par Chun Kuei et sa jeunesse lui confère une insolence doublée d’une certaine chance qui la rend particulièrement attachante. Le film repose sur le contraste entre une Chung Kuei expérimentée qui se ménage afin d’être préparé à un affrontement avec Démon Noir, son ancien maître qui maîtrise la dangereuse technique des griffe de Jade et la jeune et impulsive Tsui-ping dont la fougue pourrait lui causer du tord. Entre les deux femmes on trouve un Lo Lieh discret et amoureux de Chung Kuei.
L’histoire se complique un peu avec une relation triangulaire entre ces trois personnages. Des tensions naissent entre les deux combattantes qui convoitent le même homme mais elles doivent cependant travailler ensemble afin d’être prêtent à affronter Démon Noir. Les griffes de Jade fait la part belle aux héroïnes féminines contrairement aux films réalisés par Chang Cheh comme
Le retour de l’hirondelle d’or notamment où l’héroïne en titre se voit reléguer à l’arrière-plan au profit des deux hommes.
Les griffes de Jade propose aux deux héroïnes des scènes de combats en particulier pour Shih Szu qui doit affronter de nombreux homme de main de Démon Noir avant d’atteindre son repère. On traverse ainsi différents décors qui donne au film un cachet que l’on ne retrouve pas forcément dans d’autres films aux décors moins variés comme le retour de l’hirondelle d’or. On retrouve donc un affrontement dans une forêt de bambou, souvent réutilisé ailleurs, sur un pont suspendu ou sur la tour du repère de Démon Noir. Le final consolide la figure martiale, altruiste et chevaleresque du personnage de l’hirondelle d’or incarnée par
Cheng Pei-Pei tandis que Shih Szu prend son envol de manière plutôt réussit.
Verdict :
L’hirondelle d’or a marqué l’historie du cinéma Hongkongais du Wu Xia Pian et la vision misogyne du genre par Chang Cheh ne parvient pas à diminuer l’intérêt des films de sabres avec des personnages féminin. Sans ce type d’édition on pourrait avoir tendance à oublier que ce genre a été servit autrefois par de nombreuses actrices avant que Chang Cheh notamment ne cherche à masculiniser les films de cape et d’épée. Un film efficace dont le réalisateur avoue être nostalgique et qui reste l’un de ses plus célèbres.