Folle embellie

L’histoire

Juin 1940, l’attaque soudaine de l’armée allemande jette des millions de personnes sur les routes de France : c’est l’exode. Près de la Loire, un asile psychiatrique voit son fragile équilibre perturbé par une attaque allemande et par le passage de nombreux réfugiés devant son portail. Profitant de cette agitation, quelques pensionnaires de l’asile vont sortir de l’établissement. 
Alida (Miou-Miou) et son fils Julien (Morgan Marinne) partent avec les deux chevaux de l’hospice tandis que Fernand (Jean-Pierre Léaud), Colette (Marilyne Canto), Lucie (Julie-Marie Parmentier) et Hélène (Yolande Moreau) se mêlent à la file de réfugiés. Souffrant tous de psychoses à des degrés divers, cette liberté est pour eux une thérapie et la possibilité de vivre enfin la plus belle des embellies : la liberté…

A propos du film

« Folle Embellie » a été réalisé en 2002 par Dominique Cabrera, qui avait déjà réalisé « Nadia et les hippopotames » (1999) et « Le lait de la tendresse humaine » (2001). Répondant une interview sur le site de l’éditeur (http://www.arpselection.com/Main.html), la réalisatrice présente son projet ainsi : "J'ai travaillé l'été dans un hôpital psychiatrique deux années consécutives. J'avais 20 ans, et cela m'attirait comme un mystère qui me faisait peur. L'expérimentation sociale était dans l'air, c'était dans les années 1970, on sentait qu'il y avait des choses à faire évoluer. En travaillant dans cet hôpital, j'ai interviewé des infirmiers, j'ai cherché dans les archives, et j'ai découvert quelques lignes sur cette histoire dont un infirmier m'avait parlé. Un groupe, sous la conduite d'un grand paranoïaque, s'était enfui, au début de l'exode. On savait que certains avaient disparu sans laisser de traces, que d'autres avaient fini par rejoindre leur famille, et que d'autres encore s'étaient réfugiés dans un autre hôpital à trois cent kilomètres. J'ai tout de suite pensé que cette histoire était une matrice idéale pour raconter une utopie, une transformation sociale. Car elle montre que, lorsque les relations humaines et sociales autour des patients sont différentes, eux-mêmes évoluent différemment."

C’est donc à partir de cette histoire qu’elle construit ce film, reposant sur les acteurs une envie de filmer ses héros comme des êtres humains à part entière, avec leur complexité, leur part d’innocence mais sans occulter leur désordre mental. En plaçant les personnages dans une période une peu « folle » de notre histoire, où le désordre était le lieu commun, elle parvient à écarter le côté « désordre médical » de leur pathologie et à présenter leur expérience comme une sorte de renaissance. Afin de renforcer l’authenticité du film, le début de celui-ci a été tourné dans un véritable hôpital psychiatrique, mais avec des patients parfaitement conscients de ce qu’ils jouent !

Critique subjective

« Folle Embellie » est un film assez intéressant. On peut lui reprocher d’être parfois un peu lent en s’attardant sur les pensées intérieures des personnages qui sont même, à certaines occasions, présentées de façon oniriques, mais il faut reconnaître que le jeu des acteurs est très bon. Ce sont eux qui semblent tenir le film, en particulier Jean-Pierre Léaud qui oscille en permanence entre la raison et la folie. On apprécie également les beaux paysages de la Loire qui renforcent parfaitement certaines atmosphères surréalistes. Au final, il est certain que ce film ne plaira pas à tout le monde et qu’il en ressort parfois un certain malaise, mais on ne peut rester indifférent devant cette histoire émouvante et l’excellent jeu des acteurs. « Folle embellie » est donc un film à voir mais qui ne plaira pas forcément à tous.

L’image du film est globalement assez belle, avec une bonne définition d’ensemble qui laisse souvent entrevoir de nombreux détails dans les arrière-plans. Les couleurs sont généralement assez belles, mais manquent un peu de saturation sur certaines scènes. L’ensemble est tout de même très satisfaisant et permet de profiter pleinement du spectacle. On verra, en particulier, de très beaux paysages mais aussi des images terribles de la guerre. La photographie est d’ailleurs particulièrement réussie sur ce film.

Le DVD ne propose qu’une seule piste sonore en Dolby Digital 2.0 française avec éventuellement des sous-titres anglais et allemands. La dynamique d’ensemble de cette piste est satisfaisante, avec notamment une bonne spatialisation perceptible lors des attaques aériennes ou des bombardements dans le lointain. Les dialogues sont clairs et compréhensibles (enfin quand les fous s’expriment clairement !). On regrette seulement qu’il n’y ait pas d’effets surround qui auraient pu contribuer à nous plonger davantage dans les beaux décors de la Loire avec les bruits de la nature.

Pour ce DVD, l’éditeur TF1 vidéo nous propose de jolis menus sur des photos de Dominique Cabrera. Hormis le classique chapitrage et la bande annonce du film, nous avons également droit à quelques bandes annonces pour d’autres films du même éditeur et à un making of du film.

Making Of

Découpé en quatorze parties accessibles individuellement ou en un tout, ce making of est une succession de petites scènes présentant les préparatifs du film, la mise en condition des acteurs, les essais de costumes et surtout le tournage de plusieurs scènes clef du film. Les images sont entrecoupées d’interviews des différents acteurs du film, avec une longue intervention de Jean-Pierre Léaud. Bien qu’il n’y ait aucun commentaire sur ces images, le document (qui dure près d’une heure) retranscrit bien l’ambiance du tournage et séduira tous ceux qui ont aimé le film.