Le domaine

Titre Original
Wekande Walauwa ou Mansion by the Lake
Genre
Pays
Sri Lanka (2003)
Date de sortie
jeudi 26 mai 2005
Durée
106 Min
Réalisateur
Producteurs
Chandran Rutman et Asoka Perera avec le soutien de National Film Corporation-Sri Lanka
Scénaristes
Lester James Peries d’après la pièce d’Anton Chekhov
Compositeur
Pradeep Ratnayake
Format
Dvd 9
Informations
Complémentaires
Directeur de la photographie: K.A. Dharmasena
Dialogues : Somaweera Senanayaka

Sélection officelle du Festival de Cannes 2003
Langues
PCM
Label
SS.Titres Film
SS.Titres Bonus
SS.Titres Commentaire
Cinghalais
Non
Non
Non
Anglais
Oui
Oui
Non
Français
Oui
Oui
Non
Le Film
Critique de Laurent Berry
Editeur
Edition
Standard
Label
Zone
2
Durée Film
106 min
Nb Dvd
1


L'histoire :

Après un long séjour à Londres, Sujata revient au Sri Lanka avec sa fille Aruni. Sa soeur, qui s'est sacrifiée pour assurer la charge du domaine familial, les y attend. Mais la grande demeure, splendeur d'une époque révolue, est vouée à disparaître, d'autant que Lucas, le fils de l'ancien métayer ayant réussi dans les affaires, est prêt à tout pour faire main-basse dessus. Et avec ce domaine vont finir les dernières illusions d'une caste dans le crépuscule de son histoire...

Critique subjective :

Océan Films nous propose de découvrir Le domaine qui est aujourd’hui la première édition DVD française d’un film du Sri Lanka. Le réalisateur Lester James Peries dépeint un monde sur le déclin sur fond de transfert du pouvoir de l’ancienne aristocratie aux nouveaux nantis capitalistes.

Né en 1919 dans le Ceylan colonial et issu du milieu anglophone occidentalisé, Lester James Peries commença sa carrière de réalisateur alors qu’il était journaliste au Royaume-Uni. Il y réalisa plusieurs courts métrages, dont Soliloquy (1949), Farewell to Childhood (1950) et A Sinhalese Dance (1950). Il affina son art à son retour au Sri Lanka en travaillant comme assistant réalisateur au Government Film Unit, aux côtés de nombreux réalisateurs européens engagés par le GFU, dont le célèbre réalisateur britannique Ralph Keene.

Lester James Peries a réalisé 18 films depuis 1956, année à laquelle il a signé Rekawa (La ligne du Destin), son premier film qui avait été présenté au festival de Cannes en 1956. Le domaine est son dix-huitième et dernier film en date et a reçu un très bon accueil de la critique qui en a souligné les qualités esthétiques dans le cadre de la sélection officielle du festival de Cannes 2003. Pour ce dernier film, après sept longues années loin des caméras (son épouse Sumitra était ambassadrice du Sri Lanka en France), Lester James Peries s’est inspiré de l’histoire de La Cerisaie de Anton Tchekov (La mouette) en l’adaptant très librement au cadre Sri Lankais.

Le réalisateur nous livre un film avec une mise en scène assez théâtrale, sobre et élégante. Lester James Peries révèle une grande maîtrise de la mise en scène qu’il articule en construisant de nombreux tableaux particulièrement élaborés. Une des scènes les plus intéressantes sur le plan esthétique est celle qui montre la mère et la fille quittant ce domaine qui ne leur appartient plus alors qu’elle s’arrête au bas de l’escalier central devant des miroirs. Le reflet des deux femmes offre un résumé d’une grande puissance d’évocation cinématographique qui illustre parfaitement le drame de cette famille et le changement historique qui se produit. La mère regarde le miroir où l’on voit le reflet des deux femmes mis en abîme à l’infini tandis qu’à l’opposé la fille regarde la caméra et nous introduit dans la scène à la manière des grands maîtres de la peinture. D’un côté le passé et ses résidus se répercutent en larsen dans le miroir pour la mère tandis que la fille regarde vers l’avenir et le spectateur qui est invité dans le film pour la première fois de manière directe.

Le domaine bénéficie d’une belle construction narrative héritée sans doute de l’histoire de Anton Tchekov. Le réalisateur développe sa narration en usant d’ellipses qui s’appuient sur des enchaînements de travelling horizontaux ou des effets redondants comme cela se passe au moment (20/21ème min) où des personnages parlent du train tandis que de manière inattendue on l’entend au loin.

Le domaine pose un théâtre de la lutte des classes, des pouvoirs, des époques et des intérêts dans le cadre du Sri Lanka. Lester James Peries nous présente une histoire que l’on a le sentiment d’observer avec la même distance et la même frontalité qu’un tableau au sein duquel on est invité que lors de la scène du miroir. Le réalisateur prend soin de nous exposer les histoires de chacun des personnages dont on saisit clairement les motivations ce qui les rend à la fois très humains et très pathétiques. La fraîcheur de Aruni, la fille de Sujata qui porte le poids de la mort de son mari et de son fils, la sœur qui attend au pays et se sent abandonnée, le frère qui semble dépassé et Lucas, le fils de l'ancien métayer qui est un personnage d’un cynisme et d’un arrivisme effréné.

Le domaine parvient à dépeindre une histoire dans un contexte ultra-local tout en décrivant des situations tout à fait contemporaines au monde occidental. On y découvre la luxuriance de l’environnement naturel du Sri Lanka au sein duquel Lester James Peries, fut le premier réalisateur Cinghalais à tourner en extérieur en 1955 pour son premier film Rekawa. Ce film fut une vraie révolution car rompait avec la tradition des tournages en studio et des films à la facture très théâtrale et mélodramatique.

De nombreux films du cinéma Cinghalais à l’instar de nombreux cinéma dans le monde ont disparu. On estime que 80 % des négatifs de l’île de Ceylan ont été perdus ce qui nous remémore l’importance capitale de la conservation des négatifs entreprit notamment en 1936 par Henri Langlois dans le cadre de la cinémathèque. Lester James Peries avait d’ailleurs été invité à rencontrer Henri Langlois  à la suite de la présentation de son premier film.

Le réalisateur contemporain du réalisateur Hindou, Satyajit Ray (le salon de musique, 1958), n’a jamais ménagé ses efforts. Avec sa femme et un budget de 17000 francs, il a par exemple produit Gamperaliya, son troisième film et premier volet de la trilogie Gamperaliya (1965), Kaliyugaya (1982) et Yuganthaya (1983) basée sur les célèbres nouvelles écrites par Martin Wickramansinghe. Gamperaliya a remporté le Grand Prix au Festival International du Film de New Delhi. Le jury (composé de Lindsay Anderson, Andrzej Wajda, Georges Sadoul et Satyajit Ray) loua le film pour « la poésie et la sensibilité avec laquelle il décrit et éclaire les relations entre les hommes ».

Son engagement cinématographique et les qualités esthétiques de son cinéma lui ont valut d’être comparé à Luchino Visconti et d’être un cinéaste majeur du Sri Lanka.

Verdict :

Océan Films nous propose de découvrir Le domaine (2003) qui est aujourd’hui la première édition DVD française d’un film du Sri Lanka. Le réalisateur Lester James Peries dépeint un monde sur le déclin en y apportant tout ce qui fait la qualité de son cinéma. C’est l’occasion de découvrir d’autres histoires du cinéma et un réalisateur talentueux.
L'image
Couleurs
Définition
Compression
Format Vidéo
16/9 anamorphique couleur
Format Cinéma
1.66:1

Le master est propre et on ne remarque que quelques-unes de ces traditionnelles taches sur la pellicule mais rien de problématique. L’image est brillante, bien contrastée avec un étalonnage cohérent et régulier. La photo propose une texture qui tire vers des couleurs froides (bleu gris) ce qui implique que les couleurs soient un peu fades et sombres. Côté technique cette édition propose une bonne compression et une bonne définition. Pas de problème 

Le Son
Langue
Type
Format
Spatialisation
Dynamique
Surround
Cinghalais
2.0

Cette édition propose une piste audio Dolby Digital 2.0 en VO Cinghalaise honnête. La piste est frontale mais ne laisse pas la sensation d’une expérience sonore monolithique. La spatialisation et les surround sont quasi inexistants mais on n’en ressent aucune gêne.

Les Bonus
Supléments
Menus
Sérigraphie
Packaging
Durée
56 min
Boitier
Amaray


Bonus :

- "Lester James Peries, cinéaste d'un autre temps" (56mn)
Le réalisateur évoque chronologiquement la naissance de sa passion pour le cinéma, sa vie de cinéaste et son parcours, de son premier film expérimental à son retour de Londres. Il explique aussi beaucoup des conditions particulières du cinéma Cinghalais.
- Bande-annonce originale du film
- Note de Lester James Peries
- Galerie d'affiches
- Biofilmographie de Lester James Peries
- Catalogue DVD Océan  et bandes-annonces : The Warrior, Samasara et Le mariage des moussons

Menus
La lecture du DVD peut poser problème sur certains lecteurs. Il nous a fallu plusierus tentatives pour réussir à lancer le DVD.
Bonus
Livret
Bande annonce
Biographies
Making of
Documentaire
Interviews
Com. audio
Scènes sup
Fin alternative
Galerie de photos
Story board
Multi-angle
Liens internet
Interface Rom
Jeux intéractifs
Filmographies
Clips vidéo
Bêtisier
Bonus Cachés
Court Metrage
Note de Lester James Pieres