Salma vit dans un petit village Palestinien de Cisjordanie situé sur la ligne verte qui sépare Israël des territoires occupés. Sa plantation de citronniers est considérée comme une menace pour la sécurité du ministre de la défense Israélien qui vient de s’installer dans la maison voisine. Lorsque les services secrets Israélien ordonnent l’arrachage des arbres, Salma se résoud à se battre pour défendre le seul bien qu’elle possède.
Eran Riklis s’était déjà illustré avec « La fiancée Syrienne », dans lequel le réalisateur traitait déjà de l’absurdité de la situation dans cette partie du monde, où les religions semblent définitivement abîmer les hommes pour les rendre esclaves des doctrines. Le réalisateur sait utiliser la simplicité des histoires pour en sortir des pamphlets incroyables de justesse et d’ironie masquée. Dans « Les citronniers », l’absurdité ne se trouve pas uniquement côté Israélien ou côté Palestinien, c’eut été trop démago évidemment, mais au contraire, il se trouve dans les deux camps. Un choix délibéré qui rend la parabole encore plus touchante et plus crédible au spectateur. Salma se bat pour garder son bien, mais l’ennemi n’est pas que de l’autre côté de la frontière, il est aussi dans son propre camp. Elle ne se bat pas seulement contre les abus de l’occupant Israélien, elle se bat aussi contre les oppressions que subissent les femmes palestiniennes, particulièrement lorsqu’elles sont veuves.
Eran Riklis témoigne d’un incroyable talent de conteur et se retrouve porte parole d’une cause qui mérite d’être portée à jamais. Que ce soit de l’incroyable oppression que subisses les habitants de la région où de la solitude de ces femmes enfermées dans leur prisons sentimentales, le réalisateur emmène le spectateur à réfléchir sur les conditions de vies dans cette région du monde.
Salma incarne le combat pour la liberté d’un peuple, mais aussi pour la délivrance de ces femmes emprisonnées par des coutumes de temps anciens. Comme lorsque l’un des représentants du village lui lance : « Salma, ils vont raser vos citronniers, ils vous proposent de vous indemniser, mais n’oubliez pas : on accepte pas d’argent des Juifs ». Cette réponse résume toute l’ambiguïté de la situation.
Porté par une distribution impeccable, à commencer par Hiam Abbass (The visitor, Azur et Asmar) qui signe une prestation tout en retenue et digne des plus grandes stars hollywoodienne. L’actrice ne cherche jamais le surjeu et offre au contraire par un minimalisme volontaire une dignité hors norme au personnage de Salma. Son opposition avec l’actrice Rona Lipaz Michael est un véritable bijou de tendresse et de justesse mélangées.
En conclusion, « Les citronniers » est une œuvre marquante qui permet au spectateur de se pencher sur l’absurdité de ce conflit qui oppose deux peuples si proches, que deux religions éloignent inlassablement. Une véritable ode poétique à la paix et à la tolérance.