La femme de Gilles

Dans le milieu ouvrier des années trente, Elisa est la femme de Gilles. Ce dernier travaille dans les hauts-fourneaux, parfois le jour, parfois la nuit. Elisa s'occupe des enfants, de la maison et vit chaque jour dans l'attente du retour de Gilles. Victorine, la soeur d'Elisa, vient souvent lui rendre visite pour jouer avec les enfants et donner un coup de main.

Elisa attend un enfant. De drôles d'idées lui traversent la tête. Gilles et Victorine, Victorine et Gilles... Mais non, ce sont de drôles d'idées. Et puis un jour, une sensation, une certitude qui s'abat, insupportable : il se passe bien quelque chose entre ces deux individus.

Un étrange combat intérieur commence alors, fait de courage, d'abnégation, de silences. Pour retrouver ce qui était perdu. Pour redevenir la femme de Gilles.

 

La Femme de Gilles est adapté du roman homonyme de Madeleine Bourdouxhe publié en 1937. C'est en arrivant à la moitié de la lecture du livre, à la scène de la guinguette, que Frédéric Fonteyne a ressenti le besoin de le porter à l'écran. Mais il a choisi de ne pas suivre le livre mot pour mot. Il a pris soin d’éviter la voix off et de nous présenter l’histoire de la femme de Gilles par le regard d’Elisa.

 

Elisa est la femme dévouée de Gilles. Sa vie est rythmée selon ses heures de travail et ses envies. Puis, un jour le doute s’installe, puis la certitude. Gilles est amoureux de Victorine, la sœur d’Elisa. Victorine est jolie, joyeuse et ne porte que le poids de son insouciance. Elle est libre et vivante tout le contraire d’Elisa.

 

Cette situation pourrait inciter à la colère, à la violence mais Frédéric Fonteyne a pris le parti d’utiliser le silence pour nous faire ressentir au mieux les émotions d’Elisa. Tout passe par les gestes, les soupirs, les regards, la sensualité. Chaque mot a son poids, chaque plan inspiré pour certains des peintures de Vermeer nous permet de suivre la lente évolution d’Elisa. Ca bout à l’intérieur pourquoi tant d’abnégation, tant de dévotion mais le rythme du film, les images nous conduisent à suivre le rythme d’Elisa et pourquoi pas de la comprendre…

Cette prouesse cinématographique nous la devons tout d’abord à Frédéric Fonteyne pour sa réalisation et aussi aux jeux des acteurs. Le trio Emmanuelle Devos, Clovis Cornillac et Laura Smet est on peut plus crédible. Le jeu d’Emmanuelle Devos captive. La femme de Gilles crève l’écran quand elle deviens Elisa…

 

De part son rythme ce film est contemplatif mais il reste un petit bijou à découvrir et à apprécier.