L'histoire :
Une histoire vraie inspirée des mémoires de Choi Bae-dal, un Coréen émigré au Japon qui est devenu un des plus respectés karatekas au monde en créant une nouvelle forme d'arts martiaux, le Kyokushin karaté.
Critique artistique :
Le réalisateur Yang Yun-ho (White Valentine, Libera me) a signé avec Fighter in the wind (2004) son sixième film. Yang Yun-ho recherchait un héro historique pour servir de modèle dans son film et après s’être intéressé à des personnages tels que Kim II, Rikidozan ou Choi Bae-dal, ce dernier s’est imposé définitivement car il avait plus de 200 combats à son actif dans le monde entier et les a tous gagné ce qui offrait un matériaux très favorable pour une intrigue. Une fois devenu le karatéka Masutastu Oyama, le coréen Choi Bae-dal fonda le Karaté Kyokushin en 1964. A la manière de Dragon, l'histoire de
Bruce Lee de Rob Cohen (1993), Fighter in the wind raconte l’histoire de Choi Bae-dal et de la création de son karaté non sans quelques inventions sans doute nécessaires pour proposer un scénario qui se tienne.
Dans le Karaté Kyokushin, les techniques de combats sont très importantes aussi l’équipe a opté pour un style « real action » et des effets cinématographiques afin de limiter les effets spéciaux qui auraient rendu fantaisistes le style brut et agressif du Kyokushin qui peut être comparé au
K-1 selon le réalisateur et que Choi Bae-dal décrivait en disant qu’il égale la « force ». Pour augmenter le réalisme, Yang tourne avec de vrais karatekas car le film poursuit à la fois l’objectif de montrer ce qu’est le karaté Kyokushin et de raconter la vie du maître Choi Bae-dal. Naturellement, comme le confirme le making of, Fighter in the wind souligne le fait que Choi Bae-dal était coréen ce qui fait inévitablement repenser aux films à la facture nationaliste de Jimmy Wang-yu contre l’envahisseur japonais par exemple. Fighter in the wind semble cependant plutôt s’inscrire dans un effort de redéfinition d’une identité coréenne indépendante de l’image fasciste de la Corée du nord que la nouvelle génération de cinéaste ne cesse de modeler depuis quelques années. A ce titre, l’affrontement entre le Choi Bae-dal et un taureau peut être vu comme un double mythe fondateur à la fois de la renommée du maître Bae-dal et comme nouveau mythe réactualisé par le cinéma coréen.
Il est très agréable de voir que les fils de Choi Bae-dal sont venus encourager le réalisateur et l’acteur Yang Dong-Geun sur le tournage. Le fils aîné du maître a d’ailleurs approuvé le choix de l’acteur Yang Dong-Geun pour interpréter le rôle de son père ce dont on ne peut que se réjouir tant il nous avait déjà impressionné dans le poignant et tonitruant Adresse inconnue de
Kim Ki-diuk qui lui avait fait endosser le rôle d’un métis né des amours entre un soldat américain et une coréenne. Yang Dong-Geun est un acteur à suivre pour la qualité de son jeu et son engagement physique dans ses rôles qui fait parfois penser à Choi Min-sik (déjà à l’affiche de Shiri 2000), autre acteur asiatique qui est tout simplement stupéfiant dans Old Boy (2003)ou
Lady Vengeance (2005) de Park
Chan-wook ou encore dans Ivre de femmes et de peinture (2001) de Im Kwon-taek, où il incarne un peintre génial mais passionné par son art au point d’y consumé tout son être.
Le coréen Bumsoo incarné par Jung Doo-hong, est un personnage très important dans la décision de Choi Bae-dal à devenir un maître de karaté plus tard. On croise ainsi toute une galerie de personnages dans des reconstitutions de décors très proches de ce qu’était la vie des coréens exilés au japon à l’époque où se situe l’histoire. Le film est aussi l’occasion pour le réalisateur de remémorer la vie éprouvante de ces coréens ce qui semble donner comme une justification à l’existence même d’un combattant tel que Choi Bae-dal en particulier quand on voit la fin que les yakusas réservent à son ami Bumsoo (Jung Doo-hong). La scène terrible de combat de rue entre Yakusas et coréens sous la pluie permet de donner corps aux tensions entre les deux communautés de manière très esthétique en particulier grâce aux chorégraphies de combat de rue sous la pluie.
L’accumulation de combats aurait pu devenir barbante si le scénario ne comprenait pas une histoire d’amour entre Yoko, la jeune japonaise et Bae-dal rajoute une touche plus douce à ce film où les combats s’enchaînent avec brutalité. Cette histoire associée aux passages où Choi Bae-dal est montré humilié par des japonais ou battu par plus fort que lui avant de devenir le karatéka invincible qui est si célèbre au Japon, rend le personnage du maître très humain ce qui correspond parfaitement à un homme qui proposait avant tout un humanisme même si son art martial d’attaque allait contre la philosophie de défense du Taekwondo, l’art martial coréen.
Verdict :
Fighter in the wind est l’occasion de voir un film d’arts martiaux qui reste assez captivant en permettant de découvrir un héro coréen surtout apprécié au Japon où il a fait des émules et surtout laissé un héritage que ses disciples ont à leur tour développé et transmis. Un DVD à visionner si vous aimez les arts martiaux et qui peut être apprécié pour l’histoire d’un héro hors du commun.