The Taste of Tea

L’histoire :

Portraits croisés des membres d’une paisible famille habitant le Japon rural.

Critique subjective :

A l’instar du terme « culte », l’expression « OVNI cinématographique » ou « OFNI » (pour Objet Filmique Non-Identifié) est, aujourd’hui, des plus galvaudées. Alors certes, sans être un OVNI filmique à proprement parler, The taste of tea n’en demeure pas moins un titre singulier, au sens noble du terme. Réalisé par Katsuhito Ishii, un auteur peu connu du public occidental, Cha no aji s’impose en effet comme une oeuvre décalée, originale et inventive.

Succession de tranches de vies, The taste of tea est le portrait loufoque d’une famille habitant le Japon rural. On y retrouve Yoshiko et Nobuo, les parents (elle travaille à domicile sur des films d’animation, lui pratique l’hypnose thérapeutique), les deux enfants, Hajime (un adolescent dont le coeur s’enflamme pour une camarade de classe passionnée par le jeu de go) et Sachiko (une fillette qui peine à se débarrasser de son double géant qu’elle voit partout), Ayano, l’oncle ingénieur du son, éternel rêveur de son état, ainsi qu’un grand-père dont on suppose qu’il a été dessinateur. Sur cette base, pas de trame identifiable (d’où la difficulté à résumer le film) mais plutôt une série de digressions savoureuses en diable (le fantôme du yakusa, les incidents du restaurant de nouilles et de la supérette, le joueur de base-ball, ...).

Le moins que l’on puisse dire de Katsuhito Ishii, c’est qu’il possède un sens aigu de l’image. Avec une parfaite maîtrise du cadre et des plans contemplatifs, le réalisateur nippon signe un film plastiquement très beau, s’appuyant parfois sur des effets spéciaux numériques (réussis) pour concrétiser ses visions (cf. la croissance accélérée d’un tournesol cyclopéen). On remarquera que les mises en abîme et autres parallèles entre le fond et la forme sont légion. C’est ainsi que tout, ou presque, semble tourner autour de l’image et du son : la mère et le grand-père sont dessinateurs, l’oncle est ingénieur du son, une partie de la famille participe à l’enregistrement d’un clip vidéo (la chanson jubilatoire « Oh, montagne »), deux jeunes gens sont affairés à filmer une perspective forcée, on visionne un dessin animé bruité en direct, etc.

Avec un ton résolument jovial et une réjouissante atmosphère de folie douce, The taste of tea brosse donc une galerie de personnages hauts en couleurs (mention spéciale à Ikki Todoroki et sa mémorable coupe de cheveux) et distille plusieurs moments d’une drôlerie absolue, le tout baignant dans une ambiance onirique. Malgré une durée assez longue (143 minutes) et un rythme (volontairement) lent, on ne s’ennuie à aucun moment. En effet, comme happé par le métrage, le spectateur se laisse bercer et se relaxe jusqu’à atteindre un état de douce euphorie (encore une fois, les références à l’hypnose sont loin d’être anodines).

Verdict :

Avec Cha no aji, la volonté de Katsuhito Ishii était de réaliser un film nonchalant. Force est de constater qu’il a largement atteint son objectif avec un métrage à la fois simple et délicat qui parvient à émouvoir sans en avoir l’air. Comédie rondement menée, The taste of tea est donc un titre hautement recommandable dont la bonne réputation n’est pas usurpée.

Une qualité vidéo qui frise la perfection. En effet, à part une compression légèrement visible par instants et une colorimétrie encore perfectible, l’ensemble nous assure un grand confort visuel avec une définition pointue et un master sans aspérités. Il n’y a donc pas grand chose à redire à ce niveau.

Un son tout bonnement au top, que ce soit avec la piste en Dolby Digital 5.1 ou celle en DTS (à noter que toutes les deux sont en japonais). Si le film n’est (logiquement) pas propice à un déferlement sonore, le rendu global est puissant, énergique et très précis. Le DTS apporte un léger surcroît de qualité mais la différence avec l’autre piste n’est pas des plus significatives. Remarquons, à l’occasion que l’éditeur CTV prouve à nouveau qu’il compte parmi les plus consciencieux du marché hexagonal.

 

- Bandes-annonces (9 minutes) : les bandes-annonces des films The taste of tea, The machinist, As tears go by et Memories of murder.

- Making-of (91 minutes) : un making-of très complet puisque l’on apprend tout sur le film et que chacun a la parole (de plus, chose rare, on s’exprime ici avec franchise). On peut également constater qu’une bonne ambiance semblait régner sur le plateau de tournage.

- Entretien avec l’équipe du film (17 minutes) : un supplément plus promotionnel que le précédent puisqu’il s’agit d’interventions de l’équipe du film à l’occasion de différentes avant-premières.

- The taste of tea à Cannes (35 minutes) : interviews cannoises et remise de prix sont au programme de ce bonus.

- Clip dessin animé (3 minutes) : le dessin animé vu dans le film, réalisé par Takashi Koike.