L’histoire
Deux marins (Groucho Marx et William Bendix) se retrouvent propriétaires d’un cheval de course. Arrivés au haras, ils découvrent que le cheval possède un jumeau bien plus prometteur…
La critique
Les fans des Marx Brothers seront peut-être déçus de ne pas retrouver Harpo et sa fidèle paire de ciseau ou Chico accompagné de son piano. Il reste pour les fans les plus irréductibles la possibilité de se consoler avec la présence de la moustache pensante du célèbre quatuor, Groucho Marx, toujours accompagné de son cigare. Même si la moustache s’est faite plus fine et moins cartoonesque ; et bien que la chevelure soit moins crépue et plus parsemée, Groucho Marx reste l’égal de lui même, c'est-à-dire drôle. Plus globalement, le film l’est un peu moins. Pour essayer vainement de faire du Groucho dans le texte,
Une fille dans chaque port doit être à peu près trois quart de fois moins drôle que les films les plus connus de la bande, comme
L’explorateur en folie ou
Soupe au canard.
L’histoire est à la fois basique et incompréhensible. En effet, les quiproquos s’enchaînent à une vitesse hallucinante, ce qui n’aide pas forcément à la bonne compréhension de l’histoire. Mais est-ce bien grave ? Non en fait, puisque tout l’attrait du film vient de son duo de pied nickelés, Groucho Marx flanqué de William Bendix dont le rôle de benêt irrécupérable lui va à ravir. Le duo fonctionne sans briller pour autant. Il manque surtout ce souffle comique inimitable, savant mélange d’absurdité et d’iconoclastie, le tout chapeauté par un esprit volontiers anarchiste (le meilleur exemple étant
Soupe de canard). Les gags sont poussifs à souhait, et pour certains d’entre eux, repris des films des Marx de la grand époque, comme
Panique à l’hôtel et sa séquence à mourir de rire des 30 convives qui se retrouvent dans une cabine de 6m2. Dans
Une fille dans chaque port, il s’agit à présent de placer avec la discrétion qui s’impose et la drôlerie qui en découle deux chevaux dans une cabine de 20m2. La démesure n’est donc plus de mise.
Le film repose intégralement sur les épaules de Groucho Marx. L’acteur joue ce qu’il a toujours si bien incarné à l’écran, ce personnage de goujat, détestable s’il n’était pas irrésistiblement drôle, à la mauvaise foi redoutable et ayant toujours réponse à tout. Lorsque par exemple un personnage féminin entre en scène, son personnage de lui lancer alors cet avertissement des plus présomptueux « Je vous préviens, je suis déjà fiancé !». Imparable. La mécanique fonctionne toujours aussi bien en ce qui concerne les pitreries de l’acteur. Quant à William Bendix, ses interventions sont, avant d’être modérément drôles, surtout un moyen de mieux faire ressortir l’ingéniosité supposé de Benjamin Franklin (Groucho Marx). Son personnage est finalement accessoire, et par ailleurs assez mal écrit. Bien souvent, on a trois répliques d’avance sur celui-ci, trop caricaturale et prévisible pour susciter le rire.
Une fille dans chaque port est à réserver aux « Marx Addicts », ceux qui ne se lassent de voir Groucho Marx déambuler avec sa démarche chaloupée. Pour ceux-là, il paraît indispensable de jeter un œil sur ce DVD, d’autant qu’il s’agit là d’une des dernières apparitions de Groucho au cinéma. Les autres pourront toujours se rabattre sur Plumes de Cheval ou Soupe au canard .
Le film est présenté en 4/3 noir et blanc. L’image apparaît nette et nettoyée de toute poussière gênante. La compression est correct, sans plus.
Pour une comédie où les dialogues tiennent une place prépondérante, le son se devait d’être à la hauteur afin qu’on puisse suivre au mieux les délires verbaux du Groucho. Heureusement, la piste mono proposée est une réussite de ce point de vue. Les dialogues sont suffisamment claires et bien définies, aidé en cela par l’absence de souffle. La piste originale est à privilégier d’autant que c’est la seule disponible, les sous-titres français sont quant à eux indispensables pour saisir ne serait ce que les répliques absurdes, mais aussi pour suivre l’histoire entortillée du film.