Taxidermie

Une bougie qui effleure les tétons d'un homme nu, qui effleure ses plantes de pied, jusqu'à arriver à son sexe, tout ça dans une joie non contenue... c'est la scène d'ouverture de Taxidermie, un film du hongrois György Pálfi.

Hiver 1942 en Hongrie. Alors qu'il brise la glace de l'abreuvoir afin de se laver et que ça lui est interdit en ce brumeux samedi, Morosgovanyi, benêt à bec de lièvre, se fait surprendre par son très peu sympathique lieutenant. Lui, sa femme et ses filles l'asservissent dans cette maison réquisitionnée par l'armée. Trop de frustration aidant, il se retrouve un jour à faire l'amour aux morceaux d'un cochon fraîchement saigné et se fait punir d'une balle dans la tête. Plus tard un heureux évènement attend le lieutenant : un merveilleux fils. Un fils extraordinaire plutôt : il est dôté d'une queue de cochon que le père s'empresse de couper...
L'enfant grandi et c'est dans une merveilleuse scène de compétition de bouffe sportive que l'on retrouve Kálmán, prêt à tout pour gagner et remporter la belle en plus de la coupe. Il y arrive, se marie avec et lui donne un garçon plutôt chétif qu'un énorme sein graisseux viendra nourir. Mais rien n'y fait; Lajos reste maigre et choisi de devenir taxidermiste, au grand dam de son père...

3 histoires pour une famille pas comme les autres, 3 générations de folie au sein d'une hongrie morose. 3 époques (la seconde guerre mondiale, la montée du communisme, et la Hongrie moderne), 3 problèmes soulevés aussi, celui d'une armée en pleine dégénérescence, celui d'une relation amoureuse désastreuse, et celui d'un gamin repoussé par son père qui en devient fou.

C'est aussi une seule histoire, celle de Lajos, brillament amenée et dont la déchéance sociale est la conséquence d'une histoire familiale déviante. L'histoire d'un jeune homme aliéné par l'autorité de son père, un homme psychologiquement déstabilisé qui craque, brisé par le poid d'un système qui a écrasé les 2 générations le précédant. Ce poids est appuyé par une photo excellente, qui renforce selon les époques le blanc de l'hiver, le rouge du communisme ou le gris de cette nouvelle Hongrie.

Même s'il est très pessimiste, le film n'est pas qu'un drame. György Pálfi sait disceminer des touches d'humour qui font à chaque fois mouche. Il sait aussi utiliser des images qui percutent, ce sans aucun tabou, sans aucune censure, allant jusqu'aux images les plus gores.

Un film à ne pas mettre entre toutes les mains (interdit aux moins de 16 ans en salle), mais qui saura ravir les amateurs de films de genre.

Gergely Pohárnok a su appuyer par sa photo le scénario. Les couleurs sont aussi pessimistes que l'histoire, renforçant un sentiment de malaise du spectateur.
Techniquement le DVD est propre, sur petit comme sur grand écran, pas de compression abusive (le film est court et le support ne contient que peu de bonus et de langues). Parfait pour profiter au mieux du film.

Même si elle a été composée en partie par Amon Tobin, génie musicien de son état, la bande son reste discrète pour laisser place au silence ou à des mots. Niveau encodage, le 5.1 n'est que rarement utilisé, mais un tel film ne le justifie de toutes façons que peu.

Les menus sont des bouts de film, sur une musique d'Amon Tobin. On est tout de suite mis dans l'ambiance.

Niveau bonus, ils sont au nombre de 3 :

• Un making of de 45mn, en hongrois, où Palfi György et les membres de l'équipe (acteurs et techniciens) parlent de leur expérience. Proposé en 4/3 et tourné DV, il est très dommage qu'on ne puisse pas accéder en direct à un point précis du making of. Cependant le reportage est intéressant et se laisse regarder jusqu'à la fin sans problème, pour peu qu'on supporte le hongrois sous titré.
• La bande annonce
• 6 projets d'affiches de la version originale du film