En 1983, alors que le courant new wave prend son essor,
Linda Ronstadt, elle, choisit le contre-pied et décide de reprendre quelques grands standards de Jazz dont certains ont marqué son enfance. A l'origine, son producteur,
Peter Asher,
n'est pas convaincu tant il est périlleux de marcher sur les traces de
Billie Holiday,
Frank Sinitra,
George et
Ira Gershwin,
Bing Crosby, pour ne citer qu'eux. Pourtant, l'album
What's new sera un succès, vendu à plus de trois milllions d'exemplaires. Mais, pour parvenir à ce résultat, Linda s'est entourée de professionnels aguerris.
Tout d'abord, elle a fait appel à un compositeur et arrangeur de génie,en la personne de
Nelson Riddle. Que dire sur lui si ce n'est qu'il a arrangé des classiques comme le Mona Lisa de
Nat "King" Cole, a travaillé avec
Ella Fitzgerald,
Rosemary Clooney,
Johnny Mathis et
Frank Sinatra. Il a également oeuvré pour des séries TV comme Route 66 et The Untouchables mais encore pour des films comme The Great Castby. On comprend mieux pourquoi la collaboration
Ronstadt/
Riddle a fait merveille, si bien que deux autres albums du même genre ont suivi (Lush Life en 1984 et For Sentimental Reasons en 1986) avant la disparition de Nelson.
Ensuite, elle s'est entourée de musiciens de tout premier ordre comme
Tommy Tedesco (guitariste qui a souvent travaillé avec elle),
Dennis Budimir (guitariste qui a collaboré avec
Harry James et
Van Morrison entre autres),
Ray Brown (bassiste de
Dizzy Gillespie et
Oscar Peterson) et le saxophoniste
Plas Johnson (associé à de nombreuses productions jazz, rock et R&B).
Alors, quel est le résultat ? Neuf chansons mélodieuses aux superbes harmonies dans lesquelles les performances vocales de
Linda Ronstadt n'ont rien à envier aux interprétations d'origine. Si elle a perdu quelques fans avec cet album, Linda a ramené vers elle tous ceux qui ont été bercés par ces grands classiques de Jazz. Cependant, elle ne s'est pas cantonnée dans ce style musical puisqu'elle a évolué, depuis ses débuts solo en 1968, avec plus ou moins de bonheur, dans le rock, la country, la pop, l'opéra rock, les musiques mexicaines, afro-cubaines, les chansons pour enfants. Il n'est donc pas étonnant de la retrouver avec des artistes comme
Neil Young,
James Ingram,
Emmylou Harris et
Dolly Parton,
Aaron Neville. C'est probablement cette dispersion qui est à l'origine d'un certain manque de reconnaissance par les professionnels de la musique mais, avec ce DVD audio, vous en viendrez probablement à conclure comme moi : il s'agit bel et bien d'une grande artiste.
Track Listing
1 - What's new (3min57)
Tout au long du passage, l'équilibre voix/instruments est remarquable. Le final met en avant la pureté de la voix de l'interprète.
2 - I've got a crush on you (3min31)
En écoute multicanaux, une très convaincante intervention, dans les voies arrières, du trompettiste Anthony Terrandans.
3 - Guess I'll hang my tears out to dry (4min16)
Chanson qui a posé beaucoup de problèmes d'interprétation à Linda Ronstadt selon ses aveux. Elle s'en sort pourtant plutôt bien, dominant l'orchestre sans jamais donner l'impression de "l'écraser". De subtils dosages entre les passages chargés en informations sonores et les moments plus "intimistes".
4 - Crazy he calls me (3min36)
Ce titre, interprété à l'origine par Billie Holiday, dégage une chaleur toute particulière : l'intervention du saxophone ténor de Plas Johnson n'y est pas étrangère.
5 - Someone to watch over me (4min14)
Dans ce standard de Gershwin, la puissance de la voix est moins importante que l'étendue du registre vocal.
6 - I don't stand a ghost of a chance (4min05)
Cette chanson, assez langoureuse, comporte des passages où la voix est aux limites du chuchotement : l'occasion d'apprécier la restitution en haute définition (surtout en stéréo 192 kHz/24-bit)
La voix est très en avant, seules quelques interventions du saxophone de Bob Cooper prennent, parfois, le dessus.
7 - What'll I do (4min09)
Irving Berlin est à l'origine de ce titre qui a été chanté par Nat "King" Cole et Frank Sinatra, excusez du peu !
En multicanaux, les cordes sont de toute beauté avec un espace sonore enveloppant.
8 - Lover man (4min21)
On retrouve ici une interprétation sensiblement différente de celle de Billie Holiday.
9 - Good-bye (4min49)
L'orchestration de ce titre laisse penser à une musique de film : passage tout en ambiance.
La section DVD vidéo offre le Dolby Digital 2.0 et 5.1 ainsi que le DTS 5.1. Chaque format propose une écoute de qualité et on peut dire qu'une certaine logique est respectée dans la mesure où le DTS se détache légèrement des deux autres formats.
Abordons maintenant les choses plus sérieuses avec les formats propres au DVD audio, désignés comme suit :
Advanced Resolution 5.1 Surround Sound (96 kHz/24-bit)
:
Sans rentrer dans l'éternel débat du pour ou contre l'écoute de musique en multicanaux, on peut dire que le mixage ne produit pas un résultat artificiel. La voix et les instruments sont bien localisés dans les voies appropriées. Simplement, par moments, quelques sollicitations des surround sont improprement perçues comme des effets et non comme des informations musicales qui s'insèrent logiquement dans l'écoute. Ce défaut est relativement rare; le reste du temps, le rendu sonore est à la fois hyper défini et affecté d'une sensation de profondeur : l'écoute procure beaucoup de plaisir sans la moindre fatigue ou lassitude.
Advanced Resolution Stereo (192 kHz/24-bit) :
Bien qu'en stéréo, ce format est tout aussi démonstratif qu'un 5.1. Alors, bien sûr, pas d'espace sonore autour de la zone d'écoute mais plutôt une "matérialisation" des sons. La voix de Linda Ronstadt gagne en force, comme si vous aviez changé d'enceintes pour un modèle plus haut de gamme. Les instruments utilisés dans les solo (saxophone ou trompette, par exemple) sont beaucoup plus facilement localisables. On pourrait dire beaucoup de choses mais, pour résumer, une seule idée prime : la musique et la voix gagnent beaucoup en réalisme tout en conservant la chaleur qui leur est propre. La restitution des détails est telle qu'au fil des différentes écoutes vous risquez fort d'en découvrir de nouveaux à chaque reprise, comme si vous aviez acheté non pas un DVD Audio mais plusieurs, surprenant non ?