Sympathique et fauché, Mimmo rêve d’être riche et célèbre, mais pour l’instant il est chauffeur de taxi. Un soir il rencontre John Deveau, un homme riche et pervers. Avec sa bande, il va entraîner Mimmo dans un monde de luxueuse fêtes nantis. Sous le charme et se croyant arrivé, le jeune chauffeur de taxi pense alors que ce milieu veut de lui. En réalité, il tombe dans le piège pervers que lui ont tendu John et sa petite bande, pour s’amuser.
Premier film du réalisateur Stefan Libersky, « Bunker Paradise » est un film particulier dont le sujet prête évidemment à réflexion. Le pouvoir des nantis sur les autres moins chanceux. Un sujet vaste mais qui peut très vite se révéler un peu bancal. Et c’est malheureusement le cas de ce film, souvent décousu, utilisant bon nombre de clichés. L’histoire n’arrive jamais à vraiment capter l’attention du spectateur. L’utilisation en parallèle de l’histoire de ce petit garçon parti au Japon pour y suivre un enseignement rigoureux en est même particulièrement déroutante.
La faiblesse du scénario réside principalement dans le mélange des genres qui semble s’imposer indéfiniment. De la fascination on s’approche d’une sorte d’attirance homosexuelle, de nantis pervers et égocentrique, on arrive à une blessure, tellement commune dans ce type de sujet, qui concerne le rapport père/fils. Un ensemble de clichés particulièrement convenus qui finalement n’arrive jamais à surprendre le spectateur. Car le héros est forcément pauvre, le nantis forcément pervers, la musique obligatoirement techno, et l’atmosphère inévitablement glauque.
Pourtant, il est bon de reconnaître l’excellence du jeu des acteurs tels que Jean-Paul Rouve (Un long dimanche de Fiançailles, La môme), qui joue à merveille cette infime frontière qui existe entre la perversion et la rébellion de ne pas être reconnue par les siens. L’acteur se révèle, mais on s’en doutait déjà depuis bien longtemps, un excellent tragédien, à la sensibilité réelle et assumée. Mais il serait irrévérencieux de ne pas reconnaître la qualité de jeu impeccable de François Vincentelli (Six-Pack, Comme tout le monde). L’acteur que l’on connaît plus, pour ses prestations à la télévision qu’au cinéma, parvient à imposer son style dans cette histoire où,il ne semble être qu’un simple faire-valoir pour mettre en avant la perversité des autre personnages. Dont on saluera aussi le talent et la composition impeccable.
De la même façon que le scénario, la réalisation de Stefan Liberski reste très austère et ne s’offre aucune escapade imaginative. Les plans sont à l’image du décor, sombres, glauques et souvent lents. Souvent contemplatif et rarement dynamique, l’ensemble devient d’un coup, vite assommant, car le décalage entre la musique et l’énergie de la réalisation est tellement flagrante qu’il finit par donner mal à la tête.
En conclusion, un film austère sur un sujet glauque, qui n’est sauvé que par le talent de sa distribution particulièrement inspirée. Une sorte de paradoxe qui semble lui aller comme un gant.