Des vacances entre amis : Soleil, bonheur et farniente en perspective… Oui mais difficile de supporter les enfants des autres, surtout quand les méthodes d’éducation s’opposent, que les gamins cristallisent les différents styles de vie des adultes et que certains s’avèrent insupportables !
Ah l’amitié, le bonheur des vacances entre potes, les délires infantiles que l’on aime pratiquer, les rires incessants de blagues graveleuses à l’unisson des mécanismes puérils de séjours entre amis. Et puis un jour, les amis grandissent, vieillissent, mènent un parcours différent de celui des autres, tout en gardant à l’esprit le souvenir de ces moments intenses, et la nostalgie de ces soirées. Alors pour s’assurer que l’on est toujours les mêmes on décide de remettre ça et l’on programme de nouvelles vacances, un nouveau séjour dans une maison isolée. Sauf qu’un détail d’importance a changé la donne : On a tous des enfants ! Et là c’est le drame !
On a tous des visions différentes, une gestion de l’inconnu, que draine inlassablement les enfants, sensiblement opposée à celle des amis, nos failles réelles finissent par apparaître au grand jour. Comme si les enfants devenaient notre exutoire qui fait tomber le masque. On devient aveugle à certaines dérives de nos enfants, on devient sourd aux recommandations des autres qui ne peuvent s’empêcher de donner des conseils, comme si l’éducation des enfants était une science exacte. Notre regard change sur l'ami avec qui tout se partageait, il devient potentiellement un ennemi, à partir du moment où il tente un reproche où laisse sa progéniture prendre un peu trop possession des lieux. Nous ne sommes plus une communauté unie, mais un voisinage aux aguets. Nous ne sommes plus des amis, mais potentiellement des ennemis en devenir.
Ainsi, après « Mes copines » et « Mes parents », la réalisatrice Anne Fassion nous livre sa propre vision, parfois légèrement caricaturale, mais souvent proche d’une réalité que l’on se refuse a admettre. Ses personnages viennent de milieux différents, traînent leurs propres préoccupations, et nourrissent les mêmes espoirs en ces vacances réparatrices d’une année de stress et de tensions. Des parents autoritaires autant que laxistes, à la copine mère divorcée dépassée par les évènements, tout y est ! On s’aime mais on finit par s’éloigner par la force des jeux parfois cruels de nos bambins. Et même si quelquefois l’ensemble manque de rythme, on se retrouve face au miroir de nos propres existences.
La distribution reste la grande force de ce film Elodie Bouchez (La vie rêvée des anges) en tête dans le rôle de cette mère en dérive qui ne sait plus s’il faut se battre ou se laisser faire. La comédienne laisse la mélancolie de visage et la beauté de son sourire enfantin diriger son personnage. Mais il est aussi juste de souligner les prestations remarquables de Lionel Abelanski (Ma femme est une actrice) en mari envahissant et souvent insupportable par son « sans-gêne » est une véritable petite perle du genre. Et il en va de même pour touts les comédiens dont Axelle Laffont ( 3 zéros) qui sans être particulièrement exceptionnelle rend son personnage aussi attachant que détestable.
En conclusion, « Je déteste les enfants des autres » est un joli miroir sur la réalité de nos quotidiens. Un film qui met en évidence les différences qui finalement unissent autant qu’elles éloignent leurs amis au travers de leur progéniture. Un joli petit moment de vérité.