L’histoire :
Angleterre, 2005, un virus menace l’ensemble de la population. Dépassées par la propagation de l’épidémie, les autorités prennent une mesure draconienne : isoler tous les contaminés au Nord du pays, dans une zone encerclée par un gigantesque mur de béton et d’acier. Pendant trente ans, ces pauvres bougres, livrés à eux-mêmes, ne donnent pas signe de vie. Quand le virus réapparaît à Londres, une équipe est dépêchée dans la zone de quarantaine. Objectif : trouver un vaccin.
Critique subjective :
Neil Marshall : un indéfectible attachement au cinéma de genre, dans toute sa diversité. 2002, le bonhomme fait ses premières armes avec Dog soldiers, sympathique série B / Z opposant militaires et loups-garous. Trois ans plus tard, c’est la consécration avec The descent, chef-d’œuvre viscéral qui gagne aussitôt ses galons de nouveau mètre étalon du survival. Attendu au tournant, Marshall surprend son monde avec Doomsday (2008), un troisième long-métrage s’inscrivant dans un genre peu prolifique : le film post-apocalyptique ou post-nuke.
En matière de post-nuke, le réalisateur anglais connaît ses gammes. Ainsi se réfère-t-il à la trilogie Mad Max (référence incontournable citée via des personnages haut en couleurs, des poursuites automobiles avec des véhicules déglingués et un personnage du nom de Miller) et, de façon plus surprenante, au récent et controversé Règne du feu (pour le retour à un univers médiéval). Au-delà de ces deux augustes influences, on sent surtout planer l’ombre du John Carpenter de New York 1997 et Los Angeles 2013 (Marshall mentionne d’ailleurs Escape from New York dans le making of de son film). Une zone post-nuke délibérément coupée du reste du monde (le Nord de l’Angleterre), une mission dans ce territoire hostile, une héroïne borgne et badass (on appréciera sa décision finale), un membre du commando dénommé Carpenter : nombreux sont les éléments qui font songer à Big John et aux aventures de Snake Plisken. Respectueux, déférent envers ses nobles références, Neil Marshall sait aussi s’en affranchir afin de composer une partition personnelle et conférer une identité propre à son métrage.
Renouveler le genre, telle n’est pas l’intention du réalisateur. Nous proposer un festin gargantuesque, ça oui. Ce qui définit d’emblée Doomsday est en effet son caractère généreux. Preuve éloquente : Marshall ne nous propose pas un, mais deux backgrounds (trois si l’on compte le Londres futuriste), la zone de quarantaine étant composée de deux univers (le territoire urbain destroy de Sol, les terres moyenâgeuses de Kane). Si le mélange est quelque peu bourratif, voire même too much aux entournures (le show musical de Sol, la Bentley), l’ensemble remporte néanmoins l’adhésion de par son côté « bordel assumé ». Générosité toujours en matière de gore (balles ravageuses, scène de cannibalisme, décapitations, combats féroces à l’arme blanche) et de petits éléments bien trouvés (comme l’œil synthétique du commandant Eden Sinclair). Ajoutons à cela une réalisation au cordeau, une bande originale old school et un tempo nerveux. On se gave.
Verdict :
Si Neil Marshall ne renouvelle pas le post-nuke, il lui offre néanmoins un titre fort réussi. A noter que Doomsday fait aussi figure de passeport pour de grosses productions puisqu’il permet à son réalisateur de démontrer sa capacité à gérer des projets onéreux (le budget se monte ici à trente millions de dollars) et logistiquement complexes (effets spéciaux variés, tournage partagé entre l’Afrique du Sud et l’Ecosse). Vivement la suite.
- Commentaires audio de Neil Marshall et d’une partie de l’équipe : Malgré quelques blancs (les intervenants sont captivés par le métrage), le réalisateur et quatre de ses acteurs délivrent un commentaire enjoué et instructif (nombreux détails qui passionneront les amateur du film).
- Making of des effets spéciaux (9 minutes) : Décors numériquement retouchés, maquillages, explosions, maquettes … des points intéressants mais évoqués trop brièvement.
- Armes, gadgets et véhicules (20 minutes) : Des véhicules aux armes, un panorama de toutes ces « petites » créations qui confèrent une sacrée valeur ajoutée au métrage.
- Autopsie d’une catastrophe (17 minutes) : Un making of standard que les sympathiques intervenants rendent tout à fait regardable.
- Bandes annonces (8 minutes) : 30 jours de nuit, 2ème sous-sol, The return, The eye.