Bruce Banner se terre au Brésil à la recherche d’un remède pour se débarrasser de Hulk. Blonsky, soldat d’élite lancé à sa poursuite, se fait injecter un sérum expérimental. Il devient l’Abomination, un monstre aussi puissant qu’incontrôlable. Pour sauver New York de la destruction, Bruce doit libérer sa rage et laisser Hulk prendre le contrôle.
Après le très mésestimé « Hulk » de Ang Lee (Brockeback Mountain, Chevauchée avec le diable), le géant vert revient sous la direction de Louis Leterrier (Le Transporteur I et II, Danny the Dog ) dans un film plus mouvementé et beaucoup moins psychologique que le précédent. Un nouvel épisode qui tente d’apporter aux fans ce qu’ils souhaitaient par-dessus tout : voir Hulk se rapprocher de la bande dessinée, mais aussi et peut-être surtout de la série des années 80, avec Lou Ferigno dans le rôle du monstre couleur petit pois. Et s’il est une évidence en visionnant « L’incroyable Hulk », c’est bien que Louis Leterrier sait mettre en scène les scènes d’action avec un sens inné de la mise en scène et de l’orchestration.
Et comme il l’avait déjà prouvé avec « Danny the Dog » et les deux premiers opus du « Transporteur », le nouveau chouchou « Made in France » des Studios Hollywoodiens, maîtrise à la perfection les sujets qui lui sont proposés. Ici, le réalisateur donne une nouvelle impulsion au personnage, sans oublier de conserver l’aspect psychologique du héros. Car le Dr Bruce Banner souffre de la présence de Hulk dans son corps. Il n’arrive pas encore à le maîtriser, et la peur de le faire apparaître le torture chaque fois un peu plus. Ang Lee avait su, avec brio, le mettre en valeur, Louis Leterrier lui donne une raison d’exister. S’appuyant sur un scénario, certes pas des plus originaux, mais solidement travaillé, le réalisateur emmène le héros à la recherche du contrôle de son envahissant locataire. Répondant ainsi à la demande du studio, de privilégier les scènes d’actions aux aspects psychologiques. En cela, Louis Leterrier répond à la virgule près au cahier des charges, en donnant aux aventures de « L’incroyable Hulk » une véritable dimension dantesque. Le combat final est une véritable démonstration du savoir du frenchie. Car l’intégralité de la scène est tournée avec maestria et l’on est littéralement collé au siège devant une telle maitrise.
La distribution aussi est à la hauteur de l’entreprise, à commencer par Edward Norton (American History X, Fight Club) qui donne au Dr Banner beaucoup plus de relief que la prestation d’Eric Bana (Munich, La chute du faucon Noir) dans le précédent qui, pouvait au contraire paraître un peu trop fade. Ici, l’acteur joue avec illumination ce personnage fuyant autant son passé que sa propre personne. Ajustant avec finesse son jeu pour mieux en faire ressortir les nuances, Edward Norton marche sur les traces de Bill Bixby (Hulk série TV), ce qui sans aucun doute ravira les fans. De l’autre côté Tim Roth (Funny Games US, La planète des singes) s’amuse toujours à donner corps au méchant de service, surtout lorsque celui-ci se laisse aller, au départ, à une histoire qui le dépasse, pour ensuite se l’approprier. Pour finir côté charme, Liv Tyler (Armageddon, Le seigneur des anneaux) remplit à merveille son contrat et illumine littéralement l’écran de son talent. En espérant qu’un jour l’actrice parvienne à trouver un rôle qui lui fera réellement prendre de l’ampleur, et mettre enfin à jour ce talent qui ne cesse d’être injustement utilisé en second couteau de charme.
Une seule touche négative dans tout ça, et de taille pourtant, le personnage de Hulk lui-même, qui à l’instar du premier, continue de décevoir par son aspect trop irréel pour être crédible. Alors que Lou Ferigno, sans parler de jeu d’acteur pour autant (bien que…), dans la série donnait une véritable crédibilité, le Hulk en image de synthèse reste trop immatériel pour être crédible. Et cela nuit à l’ensemble du film, car même si les efforts, particulièrement dans la scène finale, sont de taille, ils n’empêchent pas que l’on assiste à un combat de personnages de synthèse ni plus ni moins, avec tout ce que cela comporte de mieux comme de pire. A commencer par des sauts tellement irréels qu’ils en deviennent vite pénibles.
En conclusion, « L’incroyable Hulk » de Louis Leterrier se pose en opposé du précédent et se défend d’en être la suite, tout en respectant certains jalons posés par Ang Lee. Le savoir faire du réalisateur donne une succession phénoménale de scènes d’actions toutes plus réussies les unes que les autres avec un final filmé avec une réelle maestria. Sans parler des petites surprises ou clins d’œil qui jalonnent le film. On regrettera simplement Hulk, une fois de plus en image de synthèse.