Dans un futur proche où les Etats-Unis ont la main mise sur les réserves d’eaux mexicaines et où la main d’œuvre locale, reliée par ordinateur aux entreprises de constructions américaines, travaille sur des chantiers américains tout en continuant de vivre au Mexique. Dans ce monde où le virtuel domine, trois personnes entrent en connexion par hasard et vont risquer leur vie pour échapper à leur destin.
Comme je le disais dans mon introduction, « Sleep Dealer » est un petit film mexicain à la vision du futur, bien étrange. Une vision surprenante qui met indéniablement en avant la relation particulière qui unit le Mexique et Les Etats-Unis. Une relation Maitre/Esclave qui transpire à chaque plan de cette histoire aussi surprenante que fascinante. Le réalisateur met volontairement en opposition une réalité actuelle avec une extrapolation assumée de ce que serait cette relation si le virtuel s’y mettait. Sans jamais sombrer dans le mélo total, le réalisateur entraine le spectateur au cœur d’un système où les populations les plus faibles travaillent au service des plus riches. Avec des plans particulièrement soignés, et une histoire sur le fil du rasoir, Alex Rivera parvient à toucher le public et à la dérouter en même temps.
S’appuyant pour cela sur une distribution impeccable avec en tête la superbe Léonor Varela Le Tailleur de Panama, Goal 2) et la star mexicaine montante : Jacob Vargas (Course à la mort, Trafic), le réalisateur donne une autre vision de son pays autant que de l’espoir qui peut naitre dans le cœur des migrants. Les acteurs évitent avec brio la caricature et offrent une composition exceptionnellement juste où la passion et le renoncement saute aux yeux dès la première seconde. Une prestation particulièrement remarquable chez Luis Fernando Pena (Un envoutement) qui ne cesse de traverser le film entre espoir et désenchantement sans jamais sombrer dans le sur jeu, bien au contraire.
Côté scénario, la fable s’installe doucement et l’on comprend petit à petit à quel point monde en confondant le réel et le virtuel, pourrait oublier les fondamentaux d’une civilisation. Alex Rivera multiplie les paraboles dans ce film ovni qui met constamment en opposition, le futur, le présent et le passé. une opposition et un univers singulier qui donne au film une texture suffisamment éloignée de ce que l'on peut voir au cinéma dans des films tels que "Bienvenue à Gattaca".
En conclusion, « Sleep Dealer » est un film à l’atmosphère particulièrement étrange, où l’intelligence du scénario et la précision de la mise en scène parviennent à offrir une intéressante parabole sur les relations singulières entre le Mexique et les Etats-Unis.