En 1961, les enfants d’un pensionnat, dirigé avec exigence et discipline par Pierre Hautefort, professeur de littérature, vont rencontrer Julien Ferrer, professeur de sciences, contestataire avant l’heure, et avec lui, la modernité qui leur permettra de devenir des hommes !
Jean-Louis Lorenzi (La plus belle histoire des femmes) est un réalisateur qui semble beaucoup aimer la Savoie. Car il l’a film merveilleusement bien. Ses plans larges sont de toutes beautés, et le réalisateur utilise chaque recoins de l’espace qui lui est offert pour donner à son œuvre une poesie visuelle, étonnante pour une série télévisée. C’est d’ailleurs la principale qualité de la série, qui transporte le spectateur dans un décor, certes naturellement beau, mais qui doit toujours être filmé avec beaucoup de respect pour être mis en valeur. On regrettera toutefois, l’utilisation d’effets spéciaux pour certaines scènes où les enfants se mettent en danger, un recours systématique maladroit qui se voit à l’œil nu.
Côté scénario, on lorgne sur les terres de Pagnol en Savoie. Avec ce professeur passionné par son art, les enfants énergiques et intelligents portés par des rêves fous, mais obstinés, le jeune professeur idéologue à l’extrême qui vient ébranler les certitudes, tout en élevant les esprits des plus jeunes. Les scénaristes signent ici une œuvre douce et parfois mélancolique, tout en n’omettant pas de nous emmener, dans la deuxième partie de la série, sur le térrain plus politique de l’engagement. Qu’elle était le meilleur camp, finalement, dans le conflit Franco-Algérien ? En prenant position sobrement, mais surement, pour l’humanisme, on regrettera tout de même, un survol un peu léger de cette société en mutation qui n’hésite pas à utiliser la haine des mots pour mieux cacher sa peur.
Côté distribution, Jean-François Balmer (Lucky Luke) donne une composition digne de Raimu (Marius). On ressent pour son personnage, une réelle sympathie. L’acteur semble transporté par son rôle. Parfois cabot, il donne une véritable profondeur à ce directeur de pensionnat passionné et empathique. Et sa prestation illumine totalement la distribution. Saluons aussi l’interpretation certes un peu tatonnante mais remarquable tout de même du jeune Pierre Boulanger (Nos 18 Ans), qui vient donner le change en donnant à son personnage toute la fougue et l'ambiguité qui lui sonvient. Enfin notons aussi les compositions des jeunes acteurs : Vincent Valladon (Big City) et Jean Senejoux (un château en Espagne) qui, décidemment, devraitent être à suivre dans les années à venir.
En conclusion, « Beauregard » est un film en deux partie, qui apporte son lot de fraicheur et de reflexion. Réalisé avec soin et agréablement interprettée, cette mini-série fait du bien à l’âme.