Une ancienne avocate reprend du service pour plaider sa cause et celle de son mari, après que leur fille de 11 ans ait demandé son émancipation médicale. La jeune fille leur reproche d’avoir été conçue dans le seul but de disposer d’un individu génétiquement compatible avec sa sœur rongée par le cancer, dans l’espoir qu’elle puisse prolonger sa vie.
Fils de deux légendes John Cassavetes (Gloria) et Gena Rowlands (Gloria), Nick Cassavetes (Alpha dog) fait depuis plusieurs années preuve d’un talent indéniable et remarquable dans l’univers du cinéma. Se spécialisant lentement vers les mélos, il revient donc avec une histoire aussi complexe que destinée à un public qui adore humidifier le kleenex au cinéma.
Et pour le coup, Nick Cassavetes ne ménage pas ses efforts pour plonger le spectateur dans cette histoire qui explore le douloureux sujet de l’enfant médicament, avec tout ce que cela comporte comme questions de déontologie. Le réalisateur prend à bras le corps une histoire plus complexe qu’il n’y parait dans laquelle une enfant de 11 ans réclame son droit à la vie et à l’enfance alors que ses parents l’ont conçu comme le seul individu compatible capable de prolonger la vie de leur autre fille malade du cancer. Tout cela implique des questions de fond sur la nature des sentiments entre les parents et cette enfant sur la manière dont celle-ci voit sa vie… Un sujet complexe qui nécessite de la finesse et du doigté dans le traitement.
Et justement, de doigté et de finesse Nick Cassavetes en manque cruellement. Plans par plans, il plonge le spectateur dans un mélo parfois gluant (surtout le final) uniquement destiné à attirer les larmes du spectateur. Si le réalisateur soigne toujours autant sa lumière et ses perspectives, cela ne suffit malheureusement pas à faire de « Ma vie pour la tienne » une réussite. Nick Cassavetes utilise toutes les clés du mélo impliquant de grands travellings accompagnés de musique philharmonique à forte densité en violons et des plans serrés pour mieux voir couler les rivières de larmes.
Le scénario d’ailleurs ne fait pas non plus dans la dentelle bien au contraire. Alors que le sujet demande une véritable nuance et une prise de position évidente, Nick Cassavetes et Jeremy Leven évitent soigneusement de rentrer sur ce terrain. Ce qui a pour effet d’enfermer le spectateur dans un dégoulinement de scènes plus mélos les unes que les autres. On comprend même difficilement comment ce réalisateur de talent a pu écrire un film aussi linéaire et gras que « Ma vie pour la tienne ». Et même si la distribution fait tous ses efforts pour donner du volume au film cela ne suffit pas
Cameron Diaz (Charlie Angels) porte le film à bout de bras, s‘implique dans sa composition mais ne parvient pas à suffisamment nuancer son jeu. L’actrice parait prisonnière d’une mise en scène mal maîtrisée. Seule la jeune Abigail Breslin (L’ile de Nim) parvient à réellement donner une composition nuancée de son personnage. Pour le reste de la distribution aucune surprise, tous le monde y va de ses yeux rouges.
En conclusion, « Ma vie pour la tienne » est une déception, d’autant que le réalisateur Nick Cassavetes nous avait habitué à beaucoup mieux. Par contre si vous faites partie de l’amicale rurale des amateurs de kleenex, ce film est fait pour vous.