Fatal Bazooka est un rappeur originaire de Savoie. Sa musique le propulse au plus haut des charts français et lui permet de mettre sa démesure en avant. Mais lorsqu'un artiste électro du nom de Chris Prolls, vient lui voler sa première place, rien ne va plus.
Pour voir la bande annonce :
http://www.wat.tv/video/bande-annonce-fatal-en-dvd-371yv_2in99_.html
Le premier reflexe que l’on peut avoir avec ce film de Michael Youn, c’est de partir en courant, tant le sujet qu’il propose ne prête pas du tout à la sympathie, bien loin de là. «Fatal Bazooka» reste le rappeur créé par l’humoriste avec ses chansons aux textes drôles et aux mélodies accrocheuses, et sa venu au cinéma n’est pas forcément sans créer des inquiétudes autant que des interrogations sur l’utilité de ce film, sachant que l’on garde en mémoire l’inutilité totale des «Onze Commandements» par exemple.
Cette fois-ci, Michael Youn prend la direction de l’entreprise, en a écrit le scénario et en assume toutes les conséquences. Et grand bien lui en a prit, puisque le réalisateur a l’intelligence (Il le dit d’ailleurs dans le making of) de se dire : Les gags c’est bien, mais encore faut il avoir une histoire, un brin cohérente. Et Youn s’amuse effectivement avec des blagues à différents degrés, des plans volontairement prétentieux pour mieux rendre à son personnage tout l’orgueil de ce dernier, mais il luidonne surtout un passé, un présent et un avenir. Toujours a vouloir écorner le star système quelque soit son courant, Michael Youn en profite pour donner une vision acide du milieu du show-business et ne peut s’empêcher de parodier l’ensemble de la programmation musicale actuelle, y compris les intouchables que sont «Les enfoirés».
Et tout l’intérêt de «Fatal Bazooka» vient de là, car, même si l’on ne partage pas toujours l’humour de son réalisateur, on ne peut s’empêcher de noter les bonnes idées telles que cette histoire de rédemption et peut-être un brin de moral au final contre les programmations kleenex des maisons de disque et des télés. «Fatal Bazooka» tente parfois maladroitement de distiller une notion de fidélité aux auditeurs, aux adolescents qui se précipitent sur les chansons de Bazooka. Michael Youn s’avère finalement au fil de son film, un être plus sensible qu’il n’y parait et donne à son personnage une humanité qui lui manquait dans sa musique.
Bien évidemment le réalisateur se repose sur une distribution particulièrement efficace, entre Vincent Desagnat (Le déménagement) et Fabrice Eboué (Le fond du trou) en manager décalé, Michael Youn sait utiliser ses amitiés pour donner vie à son personnage. «Fatal Bazooka» est un film collégial qu’il faut voir ne serait ce que pour les compositions de ses acteurs, y compris Jérôme Le Banner (Champion de Kickboxing) qui s’amuse comme un petit fou à jouer les coachs sportifs un brin ambigu, on pourrait presque y voir du Bigard. Mais la force de la distribution réside aussi dans la dualité entre Michael Youn et Stéphane Rousseau (Les invasions barbares) qui s’amusent réellement et entrainent le public dans leur délire avec une facilité réellement désarmante.
En conclusion, «Fatal Bazooka» est une véritable surprise, particulièrement lorsqu’une montagne d’aprioris nous submerge. Le film fait rire beaucoup, l’histoire reflète une certaine sensibilité et l’on sort avec une certaine sensation coupable, d’avoir pris du plaisir à regarder ce film qui donne un peu mal à la tête au début.