Le Film
Critique de Frédéric Deschryver
Editeur
Edition
Collector
Label
Zone
2
Durée Film
73 min
Nb Dvd
1
L'histoire
Khorshid, un garçon de 10 ans, aveugle, vit seul avec sa mère dans une petite ville du Tadjikistan. Tous les jours, Nadereh, la petite protégée du luthier chez qui il est accordeur, vient le chercher à l'arrêt de bus pour le conduire à l'atelier. Elle est son regard. Khorshid est très attentif aux sons: l'eau, la rue, la colère, la peur, la beauté...Ce sont les bruits de la ville et de la vie qui le guident, l'entraînent parfois jusqu'à se perdre. C'est par la musique du monde qu'il apprend à connaître la vie.
Critique subjective
Une œuvre poétique
Mohsen Makhmalbaf, avec "le silence" délaisse les sujets politiques et signe un film résolument poétique. Réalisé sur un ton très formel, dans la grande tradition des contes persans, le réalisateur y décrit l'univers d'un petit garçon de 10 ans, aveugle, du nom de Khorchid, le soleil en persan. Khorchid est accordeur d'instruments traditionnels dans un atelier tenu par un vieil artisan. Khorchid vit seul avec sa mère dans un village du Tadjikistan. Sa vie tout entière est rythmée par les sons qui influencent ses actions, beauté de la voix de la vendeuse de pains, musiques entendues dans les rues qui l'invitent à se perdre, attiré irrépressiblement par la moindre note.
Khorchid poursuit une quête, obsédé par quatre coups qui reviennent de manière récurrente. Quatre coups frappés chaque jour par sa mère à la porte de sa chambre, comme un compte à rebours inéluctable avant l'expulsion de la maison au loyer impayé, quatre coups frappés au carreau par son patron qui le menace de renvoi à cause de ses retards. Khorchid recherche une harmonie dans ces coups scandés à la manière de l'ouverture de la 5ème symphonie de Beethoven. Cette obsession le poursuit constamment, chaque événement sonore est pour lui un prétexte pour s'abandonner à sa quête d'une musicalité parfaite. Khorchid, autour duquel tout le film s'articule, est accompagné d'un ange gardien, la petite Nadereh, aux robes multicolores, aux longues nattes, qui orne ses ongles de pétales de fleurs, qui veille sans cesse sur le jeune garçon. Nadereh, la gentille fée protectrice, complice, filmée de manière magnifique au cours d'une scène où, emportée par le son des instruments, elle se livre à une danse traditionnelle.
"Le silence", aux plan très esthétiques, est un hymne poétique, engageant à tirer parti de l'instant présent, un abandon aux sons et aux images, comme les vers d'Omar Khayyam récités dans l'autobus par des écolières et repris par Khorshid: "de ce qui s'est passé hier, n'en parle plus, de ce qui n'arrivera que demain, ne te plains pas, ne te repose ni sur l'avenir, ni sur le passé, profite de l'instant, ne perds pas ton temps". Un film magnifique.
Le cinéma iranien
C'est paradoxalement avec l'arrivée au pouvoir de l'Ayatollah Khomeiny en 1979 que le cinéma iranien acquiert une légitimité aux yeux des religieux. Avant la chute du shah, le 7ème art, considéré comme blasphématoire, était décrié par les mollah qui refusaient toute représentation figurative. Mais Khomeiny, convaincu de l'utilité de l'image à des fins de propagande, s'empare de cet art qui se voit fixé des règles strictes en accord avec la révolution islamique. La production cinématographique, qui avait atteint son niveau le plus bas (4 films en 1979), remonte progressivement, pour se stabiliser autour d'une centaine de films par an au début des années 90. Le cinéma iranien voit alors l'émergence de réalisateurs qui, pour contourner les exigences d'une censure impitoyable, développent un style qui fera sa spécificité, et dont Abbas Kiarostiami s'affirme comme l'un des chefs de file, avec Mohsen Makhmalbaf. Ces cinéastes s'attaquent à des sujets tabous et se mettent à bousculer les interdits. De plus en plus projeté dans les festivals, le cinéma iranien acquiert une reconnaissance internationale lorsqu'en 1997 Kiarostami obtient la Palme d’or pour "Le Goût de la cerise". Ce pays est une véritable pépinière de jeunes talents dont la nouvelle génération s'enorgueillit de noms comme ceux de Samira Makhmalbaf, prix du jury en 2000 à Cannes, ou Bahman Ghobadi, qui obtient la caméra d'or la même année avec "un temps pour l'ivresse des chevaux".
Le réalisateur Mohsen Makhmalbaf
Né le 29 Mai 1957 à Téhéran, dans un quartier pauvre, Mohsen Makhmalbaf est cinéaste, écrivain et militant. Il est également un pur produit de la révolution islamique dont il est paradoxalement, le critique le plus implacable. Cinéphile boulimique, il est fasciné par l'art et l'image. Aucun festival ne lui résiste et ses films ont, pour la plupart, remporté un grand succès public et critique en Iran.
A l'âge de 15 ans, il quitte le lycée pour travailler afin de subvenir aux besoins de sa famille. En 1974 alors qu'il a 17 ans, il s'engage dans la politique. Il est pris dans l'attaque d'un convoi de police. Emprisonné pendant plusieurs années il est libéré au moment de la révolution islamique en 1979. Makhmalbaf se met à réaliser des films de propagande pour le régime religieux dont il est un ardent défenseur, et dirige le Centre artistique islamique du théâtre. Sa découverte du cinéma va progressivement lui apporter une indépendance de ton. Makhmalbaf tourne alors des films dans lesquels peut s'exprimer une pensée libérée de son dogmatisme. Mohsen Makhmalbaf est aujourd'hui l'un des cinéastes et écrivains les plus populaires de son pays.
Un dernier mot
La sortie en DVD de la collection mk2 découverte Iran est une occasion inespérée de découvrir un cinéma différent, de s'envoler vers d'autres horizons. Complété par des suppléments très riches, "le silence" est un film à se procurer au plus vite.
L'image
Couleurs
Définition
Compression
Format Vidéo
16/9 anamorphique couleur
Format Cinéma
1.85:1
Le traitement de ce film a bénéficié de toutes les attentions, et le résultat est une image remarquable, sans problème de compression, ni fourmillement, de bonne tenue, précise, aux tons très colorés. Cette image est totalement au service des longues scènes esthétiques, où la caméra prend le temps de filmer les visages, des scènes de rues, des intérieurs. Les couleurs, très riches, ressortent remarquablement.
Langue
Type
Format
Spatialisation
Dynamique
Surround
Persan
1.0
Une seule piste audio est disponible, la version originale en persan, sous-titrée au choix en français ou en anglais. Proposée dans son format d'origine en mono, celle-ci est très claire, très dynamique, et ne souffre d'aucun problème. Tout y est fidèlement retranscrit, dialogues, bruits d'ambiance, musique.
Les Bonus
Supléments
Menus
Sérigraphie
Packaging
Durée
85 min
Boitier
Amaray
Il faut saluer le superbe effort de la part de l'éditeur qui, dans le but de nous faire découvrir le cinéma iranien, a non seulement le mérite de proposer des chefs-d'œuvre méconnus, documentés par diverses interviews, mais surtout, de doter chaque DVD, en complément de programmes, de plusieurs courts-métrages, occasion unique de pouvoir découvrir quelques exemples de la production cinématographique de ce pays, dans lequel chaque année, plus de 450 courts-métrages voient le jour.
Préface de Mahmoud Chokrollahi (2mn16)
En introduction au film, ce mini commentaire en français est illustré d'images du Silence. Analyse intéressante qui éclaire le spectateur sur le propos du réalisateur.
Interview d'Agnès Devictor, critique de cinéma. (11mn35)
Une histoire du cinéma iranien depuis la révolution islamique, au cours de laquelle l'Ayatollah Khomeiny se prononce pour un cinéma pur, qui soit détaché de l'occident et qui ne soit pas porteur d'une corruption morale. Sans définir explicitement un contenu imposé, le dirigeant laisse simplement des pistes aux réalisateurs face à une censure imprécise. Qu'est-ce qu'un film conforme à la morale islamique?
Après cette évocation, la spécialiste de l'Iran et du cinéma iranien parle du réalisateur Mohsen Makhmalbaf et sa réflexion sur le cinéma et le religieux, aspect très présent dans ses films. Autre aspect présent dans les films de Makhmalbaf: une réflexion sur le cinéma, appuyée d'un hommage au 7ème art.
Dernier aspect évoqué, la politique de soutien au cinéma, menée par l'état. L'Iran devra tôt ou tard s'ouvrir à des films étrangers, c'est dans ce sens que va la politique d'ouverture de l'actuel dirigeant Khatami.
Interview passionnante qui permet d'éclairer notre regard sur un cinéma méconnu.
Courts-métrages iraniens:
Le Pèlerinage de Mehdi Jafari (30mn)
Davoud, un jeune écolier, est récompensé de son travail par une invitation à une sortie scolaire. Le but est St-Esmail, haut lieu de pèlerinage. Le jour venu, le jeune garçon manque le rendez-vous pour le départ. Il effectue alors tout au long de la journée, un pèlerinage à sa manière au milieu de la nature. D'une bonne qualité sonore, la vidéo a en revanche subi quelques dégradations.
Ce court-métrage a été Sélectionné aux Festivals de Buenos Aires et de Hong-Kong, 2000 et sacré Meilleur film au Festival de Turin, 1999
Le Derviche des métaux de Mahmoud Yarmohammadlou (19mn07). - 1996
Court métrage de qualité moyenne, tourné en vidéo. Portrait d'un artisan, qui a choisi de travailler le cuivre, le derviche des métaux, selon ses propres termes. Cet artiste parle de son travail, de sa relation avec le métal. Des images superbes.
Bande-annonce du film (54s)
Bandes-annonces de la collection MK2 Découvertes
Dans la collection Iran:
-Gabbeh
-Le silence
-La pomme
-Salam cinema
Dans la collection Asie:
-Goodbye south goodbye
-Cure
-Made in Hong Kong
Dans la collection filmes cultes:
-Taxi blues
-Le mur
-Meurtre dans un jardin anglais
Bonus

Livret

Bande annonce

Biographies

Making of

Documentaire

Interviews
Com. audio

Scènes sup

Fin alternative

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Bonus Cachés

Court Metrage