Embrassez qui vous voudrez

L'histoire

Cinq couples, dix personnages principaux. Une bourgeoise parisienne qui s'offre des vacances au Touquet, immédiatement délaissée par son mari qui rentre retrouver son amant, leur fille délurée qui part en cachette aux USA avec un des employés de son père, des amis fauchés et leur fils, une femme fidèle et un mari jaloux, un dragueur, une amie célibataire. Tous se retrouvent pour des vacances tumultueuses, entre Chicago et les plages de la Manche. Voilà le point de départ de cette comédie vaudevillesque qui n'a du théâtre de boulevard que l'apparence.

 

 

Critique subjective

 

Michel Blanc, en tant que réalisateur, n'a à son actif que peu de films. C'est en 1984 qu'il prend place derrière la caméra pour "Marche à l'ombre". Dix ans plus tard, il tourne "Grosse fatigue", une comédie satirique, réflexion sur le métier d'acteur. Après "Mauvaise passe", en 1999, le réalisateur revient à la comédie avec une adaptation cinématographique du roman de Joseph Connolly "Vacances anglaises". "Embrassez qui vous voudrez" est une comédie noire et grinçante sur l'amour, les relations au sein des couples, les trahisons, les lâchetés. C’est à l’occasion de quelques jours de vacances au Touquet que se rencontrent des couples, le temps d’un séjour, durée nécessaire pour que craquent les vernis, que s’établissent de nouveaux liens d’amitié, tout cela sur le ton du vaudeville, avec une pléiade de personnages, un humour qui confine au burlesque sur note de noirceur.

 

 

Du roman au film

"Quand j'ai lu le roman, explique Michel Blanc, j'ai pensé qu'il y avait matière à faire une comédie originale et différente de celles que j'avais pu mettre en scène jusqu’à présent. Par rapport à beaucoup de romans français, on trouvait là ce petit supplément d'inattendu, d'irrationnel dans l'humour que manient très bien les auteurs anglais. Mais en même temps, et sans être négatif sur le roman, ce qui fait rire à la lecture peut s'avérer lourd à l'image et vous embarquer vers la caricature, voire la vulgarité. Il fallait l'éviter". "Vacances anglaises" de Joseph Connolly s'achève d'une manière différente, laissant la possibilité à l'auteur de reprendre l'histoire de ses personnages dans une suite qui a été publiée, dont le titre français est "n'oublie pas mes petits souliers". Michel Blanc a donc préféré en remanier la fin. Le réalisateur, qui fut "séduit par une vraie mécanique de vaudeville classique mêlée à un cynisme et un humour grinçant qu'on ne trouve pas dans ces comédies-là et qui masquent souvent des gouffres de désespoir", en a cependant gardé la trame, et n'avait ainsi plus qu'à "approfondir les personnages, à les peaufiner pour qu'ils ne soient pas des caricatures".

 

 

Des couples entre désespoir et optimisme

Elizabeth et Bertrand (Charlotte Rampling et Jacques Dutronc), un vieux couple fatigué, s'offrent des vacances dans un somptueux hôtel du Touquet, en compagnie de l'amie d'Elizabeth, Emilie (Clotilde Courau), qui s'éprend rapidement de Maxime (Vincent Elbaz), dragueur impénitent et lâche. Véro (Karin Viard) et Jérôme (Denis Podalydès), financièrement au bord du gouffre, rejoignent leurs amis Elizabeth et Bertrand. Véro accepte très mal le fait de ne pouvoir mener la vie de  luxe de ses amis, et rejette sur Jérôme son mépris de la pauvreté. Il faut encore ajouter à cette liste incomplète, Jean-Pierre (Michel Blanc) et Lulu (Carole Bouquet), la femme belle et fidèle, flanquée d'un mari d'une jalousie maladive, rongé par la suspicion. Tout ce petit monde cohabite, se confie, se déchire. "Embrassez qui vous voudrez" multiplie les situations au travers de ces personnages éclectiques, remarquablement étudiés, aborde aussi bien la découverte difficile de l'amour à l'adolescence, le tumulte des relations passionnées, la lassitude et l'éloignement.

 

 

Un casting exceptionnel

Comme dans "Grosse fatigue", Michel Blanc s'est entouré d'une distribution prestigieuse. Chacun des acteurs déjà énumérés offre une prestation remarquable, totalement au service des personnages créés sur mesure. Karin Viard, dont la prestation lui a valu le César du meilleur second rôle féminin est parfaite en mère de famille petite bourgeoise mariée à Denis Podalydès, touchant en doux rêveur, aux tendances suicidaires. À propos du casting, Blanc estime qu'il n'imagine pas les rôles tenus par d'autres. "Tous ces talents ensemble forment pour moi un équilibre parfait et pourtant il n'y a que des gens qui n'ont rien à voir, qui viennent d'univers différents. Ce n'est pas une distribution familiale".

 

 

Un dernier mot

La mise en scène impeccable de Michel Blanc remplit son office à merveille, ce chassé croisé fonctionne superbement, sans aucun temps mort, bénéficiant du montage parfait de Maryline Monthieux. Servi par un casting exemplaire au service de l’histoire. "Embrassez qui vous voudrez" offre des moments d'anthologie, de purs instants de comédie, irrésistiblement drôle et cruel à la fois.

Absolument aucun reproche à formuler à cette image exemplaire, précise à souhaits, aux couleurs éclatantes, issue d'un master parfait. La compression est parfaitement maîtrisée.

Une bande son en Dolby Digital 5.1 de bonne facture, faiblement compressée, bénéficiant d'un encodage à 448Kbps. La scène sonore est majoritairement frontale et offre des voix parfaitement claires. Les arrières restent très timides et contribuent de temps à autre à l'élargissement d'un champ sonore qui en règle générale se concentre surtout sur les dialogues.

Making of (9mn55)

Michel Blanc, acteur et réalisateur au travail. Nombreux extraits du tournage, interviews, prises à répétition, ratages, donnent à ce making of un rythme intéressant.

 

Florilège d'interviews (8mn06)

Michel Blanc, Caroles Bouquet, Sami Bouajila, Lou Doillon, Karine Viard, participent au jeu des interviews, et décrivent leur vision du film et de leur personnage.

 

Tournée de promotion

L'angoisse du premier jour, les chiffres, les avant premières, les conférences de presse, séances photos, présentation du film dans les festivals, on suit l'équipe du film grâce à une caméra vidéo au cours de la tournée promotionelle. Instants officiels, et plus intimes. Chambres d'hôtels, préparatifs.

Voyez comme on sort (6mn11)

Avant premières à Paris (6mn24)

Escapade à Rome (7mn56)

Festival de Marrakech (3mn54)

 

Anecdotes de tournage par Michel Blanc (6mn49)

Le photographe du tournage, Thierry Valletoux a publié aux éditions Actes Sud, un livre intitulé "Embrassez qui vous voudrez", sur des textes de Michel Blanc. C'est cet ouvrage que l'on feuillette dans cette section. Au fil du texte lu par le réalisateur, défilent les photos du tournage. Anecdotes, impressions personnelles, réflexions. Un court extrait: "elles sont mignonnes les petite, mais elles sont petites. Ah oui, au fait, il faut que je vous dise, on en a deux, deux jumelles, au cas où on en casserait une. Non n'ayez pas peur, je plaisante, c'est un truc de cinéma. On ne peut pas faire travailler un bébé plus d'une heure, donc avec des jumelles, on a deux heures devant soi…"

Dommage, est-ce le manque d'accompagnement musical, ou la voix trop monocorde de Michel Blanc, ce carnet de notes aurait gagné à être un peu plus vivant.

 

Bonus caché (3mn16)

Sa présence est indiquée sur la jaquette, et il ne vous faudra pas beaucoup d'efforts pour le découvrir. Pour y accéder, placez-vous sur "Tournée de promotion" à la page des bonus, puis flèche gauche. La porte de l'hôtel est mise en surbrillance. Validez, et en cadeau, vous aurez droit aux bandes annonces du film, toutes construites autour d'un couple particulier.

 

Crédits