Yossi vit
seul sa trentaine à Tel Aviv, assumant mal sa sexualité, trouvant dans son
métier de cardiologue une échappatoire à ses déboires amoureux. Lors d’un
voyage dans le sud du pays, il rencontre un groupe de jeunes militaires et,
parmi eux, un jeune homme qui lui fait retrouver le goût de vivre.
Il y près de
dix ans (en 2004 pour être précis), Eytan fox avait émut les spectateurs avec l’histoire
tragique de « Yossi et Jagger », deux officiers Israéliens, qui
vivaient une histoire d’amour intense et cachée, mais que la vie aux frontières
de l’état Israélien avait brutalement interrompue. Depuis, dans les master
class où officie Eytan Fox quel que soit l’endroit de la planète, la question
restait la même : « Qu’est devenu Yossi ? », « Que
lui est-il arrivé ? », poussant ainsi le réalisateur à la réflexion,
sur la nouvelle vie de ce jeune homme, il a passé la trentaine, mais n’a pas
oublié « Jagger ». Il est cardiologue, se noie dans son
travail, Israël a changé autant que lui, mais le souvenir est toujours là, les
mêmes peurs, la déchirure de la perte de son amant…
Et le film se
traverse avec une certaine douceur. On découvre ce personnage « solitaire,
triste, perdu… », et l’émotion ne tarde pas à s’installer, malgré une
certaine distance, dans les premières minutes du film. Le spectateur perçoit
mal où le réalisateur veut l’emmener, puis toute la qualité de la mise en
scène, les plans magnifiques d’Israël, qui évolue autant que l’état d’esprit du
héros, nous amène à nous attacher un peu plus à Yossi, jusqu’à l’arrivée de
Tom, le jeune homme qui va changer sa vie, le ramener dans la lumière.
Au-delà d’une
simple histoire d’amour entre deux hommes, « Yossi » est une réflexion
parallèle sur un état qui évolue aussi, qui sort d’une chrysalide de violence
dans laquelle il était enfermé depuis sa naissance. Un état qui apprend à
accepter les différences, à ne plus les stigmatiser, qui parvient à sortir la
tête d’une spirale infernale souvent tenue d’une main de fer par des idées
parfois extrémistes. Tom peut presque devenir la métaphore de son pays, un pays
qui parfois se cachait de ce qu’il était réellement, un pays dont l’existence
ne laissait pas beaucoup de place à la nuance, et qui est parvenu à assumer ses
contradictions pour en faire des forces. Un pays qui regarde le temps présent,
l’avenir, sans oublier son passé, mais qui ne se laisse plus meurtrir par lui.
Le scénario
privilégie d’ailleurs, la retenue à l’exagération, et c’est certainement ce que
l’on apprécie le plus dans ce film. Nous ne sommes pas dans la caricature ! Il
y a une conversation d’ailleurs qui sonne très juste : « Ce n’est
pas difficile d’assumer devant tout le monde que tu es Gay ? », « Non,
pourquoi ? », « Mais tes parents ne sont pas au courant ? »
« Cela changerait quoi qu’ils le sachent ? C’est ma vie…. ». Le
scénario joue perpétuellement sur ce terrain, Yossi s’enferme dans ses
questions, ses doutes, issus de son passé de militaire, Tom représente une
nouvelle génération qui ne se pose pas toutes ces questions, qui ne changent de
toute façon pas la course du monde, bien au contraire.
A une époque
où tout le monde voudrait tirer les idéaux vers l’arrière, pour mieux se
trouver un cheval de bataille et de nouvelles causes aux maux de notre société,
« Yossi » d’Eytan Fox, raisonne comme une métaphore d’une société
nouvelle qui veut avancer, en apparente inconscience, mais qui sait, si besoin,
effacer toutes les questions inutiles que les plus archaïques veulent imposer à
grands coups de hurlements et de terreur. La mise en scène est soignée, la distribution
magnifique.