Venu tout droit de Washington, l’inspecteur Taylor Kwon (Sung Kang) arrive à Crescent City (à la Nouvelle Orléans en Louisiane) afin d’enquêter sur la mort de son ex-partenaire Hank Greely (Holt McCallany) : il aurait été assassiné par 2 tueurs à gages Louis Blanchard (John Seda) et James Bonomo surnommé Jimmy Bobo (Sylvester Stallone).
Un contrat est mis sur la tête des deux-dits assassins et Louis a été refroidi par le très physique Keegan (Jason Momoa). Notre inspecteur espère que cet évènement fera coopérer Jimmy et souhaite qu’il lui dise qui l’a contacté pour s’occuper de Greely, certainement le même qui a embauché Keegan.
Les 2 hommes vont faire contre mauvaise fortune bon cœur en allant ensemble débusquer les responsables dans une investigation graissée à l’huile de vengeance.
STALLONE IN THE DARK
Suite à son heureux deuxième comeback composé d'excellentes surprises (Rocky 6, Rambo 4) et de projets excitants (Expendables 1 & 2), Sylvester Stallone continue de surfer sur son créneau "oldies but goodies qui jouent sur la mémoire collective des 70~80’s" en s’affichant dans Bullet in the Head - non pas la réinterprétation de la troublante Balle dans la Tête de John Woo mais celle des 3 romans graphiques français Du Plomb dans la Tête (éd. Casterman).
Opposer puis unir un jeune flic intègre avec un vieux truand blasé sur fond de conspirations et de pots-de-vin en cascade est assurément plus délectable sur d’autres supports que la vidéo en général car ce dernier regorge de quantité de situations identiques : avec ses méchants caricaturaux, ses protagonistes à la psychologie pas des plus poussées et ses passages plus que devinables, l’adaptation fait peu d’étincelles pour d’évidentes raisons de désuétude (ses intentions et son tollé global rappelle le 16 Blocks de Richard Donner avec Bruce Willis, petite pelloche old school sans artifices pourtant très loin d’être mauvaise).
On parle beaucoup de la présence de Sly devant la caméra mais moins de celle, derrière, du plus qu’honnête Walter Hill (dont le dernier fait sur grand écran remonte à 2002 pour Un seul deviendra Invincible) qui livre un film à l’ambiance crépusculaire et sale.
Ne lésinant pas sur des environnements épurés et des plans américains, il a autant le bon goût d’être direct que bourré de vieilles phases à l’ancienne (propos vulgaires, répliques sèches très second degré, nudité féminine frontale). Se riant également d’une certaine modernité souvent surexcitée de l’action contemporaine, Hill propose du vraisemblable avec quelques abus d’usage (faut les voir s’envoyer la tête contre des murs en marbre et avoir l’audace de continuer) : la violence mérite son interdiction aux moins de 12 ans avec de la distribution de coups à vous assommer un sanglier adulte en pleine course, de l’obligatoire fusillade (un chargeur entier est parfois nécessaire pour dégommer un opposant), du sang, de vraies explosions … on a même droit à un intéressant corps à corps à la hache !
Christian Slater vient-il se boxer comme dans Broken Arrow ? Adewale Akinnuoye-Agbaje (La Mémoire dans la Peau, Réussir ou Mourir, Lost) va-t-il sortir une arme secrète de ses béquilles ? Hélas non, ils confirmeront la non-compromission de Jimmy avec les crapules véreuses (l’interprétation de Stallone est d’un taciturne à proximité de Robert Rath dans Assassins (1995) avec cependant quelques touches d’humour noir) : l’environnement étant dépeint comme gangrené par la corruption et les règles à suivre pour survivre n’étant pas forcément catholiques, nettoyer la plus crasse des vermines contre rétribution justifie ses activités.
Pratiquement personne n’est alors perçu de manière positive, si ce n’est quelques jeunes encore un peu candides qui révèleront les valeurs humaines de Jimmy : le partenaire latino Louis avec qui le courant et les vannes passaient bien ; les rapports «je t’aime mais j’ai appris à me passer de toi» avec la seule présence féminine Lisa (Sarah Shahi) ; … mais également le couple formé avec Taylor Kwon.
On ne tombera pas dans le cliché de l’asiatte de service (informaticien ou artiste martial) ou autres rush houreries (il y a bien quelques piques cassant des idées reçues mais on n'est pas dans de l'acceptation sociale façon Gran Torino non plus) avec ce précieux allié qui vit avec son époque (son Blackberry lui donne accès à un réseau professionnel fournissant prompto des infos très précises sur les prochains suspects que Bobo va s’empresser d’aller cogner) mais ne sera jamais plus qu’un faire valoir …
On peut considérer Du Plomb dans la Tête comme un gigantesque bac à sable / parc d’attraction que ce serait permis Stallone juste pour se faire plaisir : il tue qui il veut sans craindre d’être rattrapé par la justice (oui, c’est un professionnel qui a de la bouteille et qui connaît le terrain), ses méthodes ont toujours raison du protocole des forces de l’Ordre ("On fait à ma façon où on fait rien du tout !"), il ne morfle pas plus que ça et est valorisé par ses partenaires.
Renvoyant (indirectement) à sa filmographie la plus radicale (Rambo, Cobra, l’Expert, Get Carter), on peut formuler à ce programme les mêmes reproches que pour les Expendables : ça manque un peu de sophistication au vu de son terrible argument de vente. Ceci dit, bien qu’ayant passé l’age de ces cabrioles, l’étalon italien fait preuve de ses habituelles sincérités et investissements pour faire croire à son rôle de désabusé, exhibant volontiers une charpente travaillée qui tient une sacrée forme.
CONCLUSION :
?On peut éprouver un peu de tristesse à voir Stallone cachetonner dans un semblant de DTDVD à l’intrigue minimaliste, au parcours prévisible, aux adversaires pas des plus marquants … si on ne connaît pas le standard du divertissement de frappe d’antan !
Walter Hill à quelques recettes pour mettre en boite quelque chose d’authentique à l’ancienneté assumée dont les ennemis principaux sont les exigences des temps modernes. C’est périlleux, pas sûr d’être rentable ou encore mémorable, on ne posera encore moins la question de fidélité par rapport aux planches de la bande dessinée … mais Le Plomb ne fera honte ni aux fans de Sly en mode Last Bourrin Hero, ni à ceux du style de son metteur en scène, ni aux gros testostéronneux capables d’accepter (et apprécier) sa fenêtre orientée sur le passé.
Comme pour les voitures ou les maisons, il est finalement toujours préférable d’avoir un bon métrage obsolète que du neuf mal foutu.
Un menu animé façon graphic novels (photos des personnages
principaux fixes couplé à des effets en mouvement) sur fond de la BO du film vous propose :
- Lecture : accès direct au film
- Versions : Audio VO et VF Dolby Digital 5.1 ; Audio
description pendant toute la durée du film ; Sous-titres pour sourds et
malentendants
- Chapitres (16 entrées toutes titrées)
- Suppléments :
* Les Coulisses (VOSTF) : en moins de 10 minutes, Walter
Hill, Sylvester Stallone, Sung Kang, Christian Slater, Jason Momoa, Sarah Shahi
ainsi que Joel Silver parleront du film, son orientation, les personnages, les
combats, … et l’honneur pour les plus poupons du lot de jouer aux cotés de Sly.
Instructif mais finalement court, faisant complètement l’impasse sur les soucis
de production qu’a rencontré le projet.
* Entretien avec Matz (VF) : l’auteur Alexis Nolent
revient sur ses influences, sa cinéphilie, son œuvre (méthodes de travail,
relation avec Colin Wilson), la collaboration avec la prodde américaine, sa
rencontre avec Stallone sur le tournage et sa perception de cette transposition
filmée qu'il qualifiera de "brutal et marrant".
* Film annonce (VOSTF/VF) : vous constaterez quelques propos
et plans non retenus dans le montage final.
* Bande annonces : en VOSTF/VF (Gambit - Arnaque à
l’Anglaise ; Le Dernier Rempart ; Viral Factor ; Bait) ou VOSTF (A la Merveille).
* Lien Internet