Hugo est une énigme vivante. Si vous le croisez dans la rue, vous penserez qu’il est simple d’esprit. Pourtant, il est d’une intelligence remarquable, c’est même un génie dans son domaine, le piano. Hugo est né avec un handicap étrange et mystérieux, l’autisme.
Comprendre l’Autisme, le voir sous un autre angle, voilà le but que s’est donné la réalisatrice Sophie Révil (Un cœur qui bat). Avec Une certaine pudeur, mais avec une évidente détermination, la réalisatrice nous offre la possibilité d’explorer les fonds de la nature humaine, peut-être les moins glorieux d’ailleurs, notamment lorsqu’il s’agit du regard que nous portons sur les handicapés, où sur les personnes différentes. Le documentaire ne nous montre pas les errances de ce handicap, il explore ses difficultés, mais aussi les conséquences obscures face aux gens. Des gens ordinaires qui ne peuvent refreiner une sorte de dégoût ou de sympathie trop appuyée, des médecins qui n’hésitent pas à démoraliser les parents sur le cas éventuel de leur enfant….
Loin de toute volonté de faire de son discours un pamphlet contre la médecine, ou contre les pouvoirs publics, Sophie Révil s’intéresse à la souffrance commune entre les parents et leurs enfants atteints d’un handicap qui les empêche d’avoir une vie sociable classique, mais qui révèle la plupart du temps des destins hors du commun. C’est le cas de Josef Schovanec par exemple diagnostiqué Asperger, et que les médecins et autres enseignants voulaient mettre aux rangs des rebuts, qui se révèlera diplômé de Science-Po, Docteur en philosophie et polyglotte avéré avec sept langues à son actif.
Le docu-fiction n’idéalise pas l’autisme, il ne dessert pas non plus la médecine, il se fait simplement l’écho d’un constat évident. A travers l’histoire fictive, mais entièrement inspirée de cas avérés, d’Hugo, un jeune homme autiste qui s’éveillera grâce à la musique, il nous montre comment les parents peuvent réagir, et comment le hasard vient souvent se mêler en bien de la destinée d’un jeune homme. Parfaitement interprété par Thomas Coumans (Comment va la douleur), le personnage d’Hugo devient d’un seul coup le symbole des différentes nuances de ces hommes et de ces femmes souvent blessés par la maladie, mais surtout meurtris par les contemporains.
En conclusion, « Le Cerveau d’Hugo » est docu-fiction particulièrement intelligent, qui ne met jamais mal à l’aise le spectateur mais le met face à son miroir et aux préjugés d’une maladie beaucoup trop inconnue. L’occasion de mettre en lumière la souffrance psychologique de ces hommes, femmes et enfants qui font face chaque jour à un syndrome qui provoque le rejet des autres. Edifiant !
La réalisation jouant sur les scènes de fiction et les témoignages avec beaucoup de soin dans l'eclairage, il aurait été dommageable que l’édition ne soit pas à la hauteur. La lumière est parfaitement mise en valeur, et l'ensemble bénéficie d’un rendu remarquable, avec des couleurs précises et des contrastes bien tenus qui offre une qualité de nuances à la hauteur de l’attente.