L’histoire
Radioscopie de l’aventure WikiLeaks, des débuts du site fondé par Julian Assange à sa formidable montée en puissance suite aux révélations de Bradley Manning.
Critique
Première fiction consacrée au site WikiLeaks, Le cinquième pouvoir (The fifth estate) aura surtout fait grand bruit pour ... son piètre retour sur investissement. C’est simple, le film sera l’un des plus gros flops commerciaux de 2013. Sa sortie en vidéo est donc l’occasion de se demander si le métrage méritait un accueil public aussi glacial ? La réponse est oui.
De par son sujet (l’incroyable montée en puissance d’un site Internet), Le cinquième pouvoir appelle nécessairement la comparaison avec un titre sorti trois ans plus tôt : The social network. Dans cette mise en perspective, le film de Bill Condon fait pâle figure, se situant à des années-lumière de la profondeur et de l’élégance du long-métrage consacré à Facebook. Impossible de rivaliser avec le duo Aaron Sorkin / David Fincher, qui remporte le duel haut la main.
Ecrit par Josh Singer (The west wing, Lie to me, Fringe) à partir de deux livres sur le phénomène WikiLeaks, le script du Cinquième pouvoir se contente d’aligner les thèmes imposés (le droit à l’information, la sécurisation des sources, l’ambiguïté de Julian Assange, la bombe médiatique allumée par Bradley Manning, etc.) de façon consciencieuse mais peu inspirée. En résultera une trame narrative longuette, répétitive et peu trépidante. Mais le pire viendra de la mise en images. Se sentant obligé de booster un sujet guère passionnant, Bill Condon (Candyman 2, Gods and monsters, Dr. Kinsey, Dreamgirls, Twilight IV et V) va en effet déployer l’artillerie lourde. Ainsi, le spectateur aura droit à une mise en scène tapageuse, un découpage inutilement nerveux et un symbolisme pataud (la plateforme de dépôt). Ceci sans compter que Le cinquième pouvoir tombera aussi dans l’écueil du « film d’écrans ». Maladroit.
L’unique point fort du métrage tiendra à sa distribution. Un casting convainquant qui aligne deux têtes d’affiche impliquées (le charismatique Benedict Cumberbatch dans le rôle de Julian Assange et le discret Daniel Brühl dans celui de Daniel Bomscheit-Berg) ainsi qu’une foultitude de seconds couteaux réjouissants (David Thewlis, Moritz Bleibtreu, Stanley Tucci, Laura Linney, Carice Van Houten, Alexander Siddig).
Verdict
Traité avec la finesse requise et un véritable point de vue, le sujet du Cinquième pouvoir aurait pu donner un résultat intéressant. En l’état, on oscille entre le mauvais (souvent) et le moyen (parfois). Un ratage, assurément.