Connaît-on vraiment ses parents? Anouk, 14 ans, découvre brutalement un autre visage de sa mère, à la faveur de l’incontournable stage d’observation de troisième qu’elle effectue dans la compagnie d’assurances où celle-ci travaille. Une semaine d’immersion dans le monde adulte de l’entreprise, avec ses petits arrangements et ses grandes lâchetés, qui bientôt scelle son jeune destin. Entre parcours initiatique, fêlure et premières responsabilités assumées, une forme d’adieu à l’enfance.
Le réalisateur de « La Ritournelle », Marc Fitoussi, revient avec « Maman a tort », qui sonne comme une immersion sans concession dans le monde du travail, mais vu à travers le regard d’une collégienne, qui du coup découvre sa mère sous un regard bien différent que l’image idyllique qu’elle s’en faisait. Dans « Maman a tort », le réalisateur suit cette expérience qui plonge ces adolescent, alors en pleine construction idéologique dans un monde qu’ils ne soupçonnent pas ! Un monde où les adultes se battent intérieurement pour garder leur place, où les coups bas et les faussetés sont légions et où il est bon de ne jamais être faible pour ne pas se faire dévorer : Le monde de l’entreprise !
Et Pour cela, Marc Fitoussi ne se limite à une vision linéaire de son sujet : Une entreprise et ses coups bas, il va beaucoup plus loin en esquissant chaque nuance à travers les personnages secondaires : les deux collaboratrice odieuses qui ne cessent de cancaner et n’hésitent pas à faire faire des tâches ingrates à la jeune fille tout en faisant acte d’autorité déplacée / Le Cadre irascible et prétentieux et bien sûr la cliente . On y découvre alors la compassion, puis la rédemption et lorsque le doute s’installe la pression, les alliances le déséquilibre pour finir sur une jeune fille qui apprend la subtilité du monde professionnel. Pourtant le film ne tient pas forcément ses promesses, surtout qu’il a tendance pour des choix narratifs évident, à enfiler les caricatures et du coup à se perdre un peu trop dans un second discours un peu trop démago qui met une compagnie d’assurance forcément sur le banc des accusés avec ses pression internes et ses alliances douteuses. Et puis il y a le regard d’Anouk, dont le scénario tente, assez maladroitement, finalement de la poser en versant moralisateur d’un monde qui semble en manquer terriblement. Du coup, on a du mal à croire que cette jeune fille puisse avoir envie de travailler, après une telle expérience !!!
Avec une mise sobre, presque académique, le réalisateur filme au plus près ses personnages, et tire le maximum de ses comédiens, même les plus approximatifs, comme une majorité des seconds rôles pour servir son histoire qui ne peut malheureusement pas être considéré comme un miroir de ce qu’est l’entreprise. Ici, les acteurs, ne cherchent pas la précision dans les dialogues mais plutôt les imperfections qui rendent plus réalistes les rapports entre les personnes. Emilie Dequenne (Chez Nous) fait preuve d’une présence touchante, tant dans son approche du personnage entre mère aimante et douce et cadre pressée de résultat au bord de la rupture. Toujours sur le fil du rasoir, l’actrice n’est jamais aussi grandiose que dans ces personnages perdus dans l’espace et dans la vie. Face à elle, la jeune Jeanne Jestin (Le passé) interprète une jeune adolescent curieuse et déterminée qui porte un regard sévère sur une entreprise dont elle ne perçoit pas forcément toutes les nuances et qui voit son monde prendre d’un seul coup une couleur plus sombre.
« Maman a Tort » est un film intéressant qui rate toute fois sa cible par un regard un peu trop caricatural sur les dessous de l’entreprise. Et même en se mettant à hauteur de l’adolescente qui regarde ce monde avec une certaine rigueur digne de l’innocence de cet âge où l’on voudrait se trouver des croisades à chaque instant. L’interprétation est toutefois de grande précision et donne tout le relief nécessaire à l’œuvre de Marc Fitoussi.