Dans une petite ville perdue au milieu de nulle part, le commerce de pompes funèbres d’Edmond Zweck bat de l’aile. L’entreprise ne compte plus que deux employés : Georges, le bras droit de Zweck, et Eddy, un jeune homme encore novice dans le métier. Un beau matin, pourtant, un mort pointe son nez. L’espoir renaît. Georges et Eddy sont chargés de mener le défunt jusqu’à sa dernière demeure. Mais, à la recherche du cimetière qui s’avère introuvable, le convoi funéraire s’égare et le voyage tourne au fiasco.
Dès les premières minutes du premier long-métrage de Gérard Pautonnier, on se sent quasiment en territoire des frères Cohen. En effet, consciemment, ou inconsciemment, le réalisateur a signé une première réalisation qui nous fait immédiatement penser au film « Fargo » de par son univers glacial dans un premier temps, mais aussi de par une qualité de ton qui oscille toujours entre le burlesque et la comédie noire. D’ailleurs tout au long du film on rit presque d’un rire coupable face aux situations ubuesques que vont rencontrez les protagonistes de « Grand Froid ».
Inspiré de l’œuvre de Joël Egloff, qui cosigne le scénario avec Gérard Pautonnier, « Grand Froid » se révèle être un film drôle et intéressant dans sa structure narrative comme dans le choix de mise en scène opéré par le réalisateur. D’abord parce qu’effectivement si le film semble inspiré de l’humour des frères Cohen, il parvient assez rapidement à se trouver une identité propre, notamment en associant dans un duo efficace les acteurs Jean-Pierre Bacri et Arthur Dupont qui parviennent avec beaucoup de facilité à jouer la carte du conflit de générations, tout en marquant une certaine distance et en sachant inverser les rôles lorsque la situation le demande. Jamais dans le tout burlesque, mais par contre toujours dans la comédie noire, le scénario tisse une histoire simple qui s’amuse à dérouter le spectateur à mesure que l’histoire progresse. Alors que chaque personnage semble bien ancré dans un style propre, à mesure que l’intrigue se déroule les codes semblent vouloir se changer et le film ainsi passer d’un style un autre.
Sobre dans sa mise en scène, le réalisateur parvient toutefois à nous éblouir par des moments virtuoses, notamment lorsqu’une voiture se retrouve sur un lac gelé, ou encore lorsque l’un des personnages s’enfuit en vélo et est poursuivi par le corbillard des deux héros. Si effectivement on peut reprocher à la mise en scène d’être parfois académique on peut toutefois souligner ce côté inventif, qui amène spectateur à imaginer que le réalisateur a toutefois cherché à trouver des plans de mise en scène originaux et surprenants. De ce côté-là l’entreprise est une véritable réussite, car le film fourmille de petits instants de bonheur et de mise en scène originale et bien trouvée.
Alors bien sûr, on pourra toujours reprocher à Jean-Pierre Bacri (Le Sens de la Fête) de camper sur ses acquis et de jouer un personnage équivalent de film en film qui pourrait s’apparenter à de la facilité, mais l’acteur sait chaque fois nous émouvoir et nous toucher par un jeu précis et inspiré qui le pousse de manière régulière dans ses retranchements et emmène son personnage de bougon insatiable, dans d’autres directions que c’est dans celles où on a pu le voir. En face de lui, Arthur Dupont (Les Saveurs du Palais) peaufine son jeu de jeune premier, entraîné dans une histoire sombre et dans lesquelles ses propres valeurs sont mises à mal.
En conclusion, « Grand Froid » de Gérard Pautonnier, est une première réalisation parfaitement bien maîtrisée qui entraîne le spectateur dans un film qui semble vouloir rendre hommage au cinéma des frères Cohen. Les acteurs sont toujours aussi efficaces, et le réalisateur parvient à trouver des effets de mise en scène qui donnent au scénario particulièrement efficace une odeur de réussite.
Dans la section bonus, on pourra découvrir, en plus des scènes coupées, un making of des effets spéciaux un brin frustrant parce que particulièrement court, il ne fait que quatre minutes.
Mais par contre on pourra se satisfaire de voir dans cette édition «
L’étourdissement » un court-métrage Multi récompensé du réalisateur.
Et bien évidemment pour compléter cette section bonus l’éditeur nous propose le
making of du court-métrage.
À la surprise générale ce dernier est plus long que celui du long-métrage.