Aurore

Aurore est séparée, elle vient de perdre son emploi et apprend qu’elle va être grand-mère. La société la pousse doucement vers la sortie, mais quand Aurore retrouve par hasard son amour de jeunesse, elle entre en résistance, refusant la casse à laquelle elle semble être destinée. Et si c’était maintenant qu’une nouvelle vie pouvait commencer ?

La réalisatrice Blandine Lenoir aime les femmes et elle le montre à chaque réalisation avec des histoires qui parlent de leurs joies et de leurs tourments, avec une sensualité dans sa réalisation qui épouse leurs existences touchantes et simplement remarquables par la force combattante qui les pousse. Avec « Aurore » la réalisatrice nous plonge dans le quotidien chaotique d’une femme au tournant de son existence, avec une cinquantaine assumée mais des événements familiaux qui viennent tout chambouler en un tour de main : Un amour de jeunesse qui refait surface et qui réveille une envie de nouvelle vie, mais aussi terrorise par une souffrance imaginable. Un dernier bébé qui prend son envol et fait craindre la solitude après une vie de famille et de combat.

Et le scénario ne cherche d’ailleurs pas à en mettre plein les yeux, il s’intéresse plutôt à la romance, à cette petite musique des mots et des silences qui rendent chaque existence différente et pourtant si commune aux autres. Avec une simplicité désarmante, la réalisatrice et son scénariste Jean Luc Gaget (L’effet aquatique) nous racontent une histoire de femme simple, battante et fragile en même temps qui traverse la vie y sème ses désirs et ses tristesses comme le commun des mortels. Mais à la différence des autres femmes, l’héroïne ne déteste jamais totalement, elle ne se brouille jamais vraiment avec les gens qu’elles croisent, elle laisse un bout de son cœur dans chaque histoire qu’elle traverse.

Et pour donner corps à son héroïne, la réalisatrice a jeté son dévolu sur Agnès Jaoui (Un air de Famille). L’actrice qui est aussi réalisatrice et scénariste a su trouver le bon angle d’attaque pour composer un personnage sobre et en même temps haut en couleur qui hésite doute et avance. Comme dans ses propres œuvres, la comédienne a su garder une sincérité de jeu qui la fait se fondre dans son personnage et lui donner un reflet d’une grande précision. Face à elle, Thibault de Montalembert (Dix pour cent) semble l’amant idéal, avec une douceur et une détermination tout en maîtrise et, encore une fois en simplicité.

En conclusion, « Aurore », est un film qui transpire la simplicité et plonge le spectateur dans une histoire solide et qui dessine avec beaucoup de précision le destin d’une femme battante et fragile qui, à un moment charnière de sa vie, doit choisir entre renaissance ou abattement.

La réalisatrice a choisi une image volontairement naturelle pour donner à son film un aspect retro. Les couleurs sont un peu délavés mais donnent toute sa qualité à la photographie du film. Les ambiances sont parfaitement retranscrites et le support lui rend un hommage appuyé. Les contrastes dont un volume et une profondeur à l’image à la hauteur de l’ensemble.

La piste Dolby Digitale 5.1 se révèle d’une grande précision et permet au film d’appuyer encore un peu plus son ambiance un peu retro. La musique vient parfaitement habiller l’ensemble pour donner des transitions de grandes qualités. Jamais dans l’excès, la piste sonore est parfaitement bien harmonisée pour que les dialogues ne soient pas effacés par la musique ou les effets sonores.

Rien de mieux pour connaitre une réalisatrice que de plonger dans ses premières œuvres ou dans ses courts métrages. Et c’est justement ce que nous propose l’éditeur, avec des courts métrages qui nous montre à quel point Blandine Lenoir aime filmer les femmes, explorer leurs psychés à travers des épreuves personnelles comme le deuil, l’absence, l’âge et l’amour. Des bonus intelligent qui ne cherchent pas à remplir un espace vide :

« Pour de Vrai », ou l’histoire d’une femme face à la mort ou à la maladie de son enfant.

« Ma Culotte », un court métrage sur le désir et sur l’amour.

« L’Amérique de la femme », Quand une réunion de famille tourne à l’exploration des sentiments à travers le passage à l’acte charnel de la fille de l’une des sœurs.

« Monsieur l’Abbé », quand la vie conjugale à bien du mal à trouver sa voie en conciliant la religion, dans une France dans années 30 ou 40.

Puis un entretien avec la réalisatrice.